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FOLK-ROCK ACADIEN  |  STUDIO

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SUROîT - Prends Le Temps (2002)
Par MARCO STIVELL le 3 Janvier 2015          Consultée 1905 fois

SUROÎT est un groupe étonnant, plein de ressources. Il fête en 2002 ses vingt-cinq années d'existence, mais a attendu 1992 (soit une décennie plus tôt) avant de devenir véritablement professionnel. Depuis, son activité s'est intensifiée, et l'écart entre ses publications se rétrécit. Prends le Temps fait directement suite à l'album hommage à Madame la Bolduc (première chansonnière québecoise, 2000) et à la compilation Les Grandes Marées (2001).

Mais en cette année 2002, la célébration anniversaire est contrebalancée par un événement triste. En effet, toujours mené par Henri-Paul Bénard et Félix Leblanc, SUROÎT perd son dernier membre fondateur, Alcide Painchaud, décédé subitement d'une crise cardiaque en janvier. Le groupe choisit de faire son deuil en musique et propose, avec Prends le Temps, son album le plus « sérieux » publié jusqu'alors.

Bien sûr, les Madelinots n'oublient pas les recettes de leur succès, le folk acadien et les thèmes qui lui sont caractéristiques, toujours coloré par l'accent. Ainsi, on trouve des chansons à boire (« L'alambic du Père Martin », « Des Bars, des Filles et du Bourbon »). Un clin d’œil aux cousins de Nantes (et aux filles évidemment) sur « Entre Belle-Île et Nantes » permet de renforcer l'identité d'un groupe connu comme le pendant Québecois de TRI YANN.

De même, les histoires savoureuses, scénettes humoristiques ou récits de voyage, nous sont contées par Félix Leblanc à grand renfort de chœurs unis ou croisés, et pour notre plus grand bonheur. Il n'est guère incongru de se laisser porter par les chevaux d'une voiture sur les highways canadiens avec le vent fouettant les cheveux (« La Route »), ou alors de goûter simplement la brise marine et de voguer en évitant le chant des sirènes, sans se dispenser de les regarder (« Jolies Marjolaines »).

Mais comme on le sait, Prends le Temps est une œuvre plus en retenue, dans les textes comme les chants. Les voix se font claires et profondes, et c'est avec une certaine émotion -y compris pour l'auditeur- que SUROÎT transmet son hommage déguisé et élégant à l'ami perdu, sur « 1948-2002 » (ses dates de vie). Plus loin, sur la chanson « Prends le Temps », il recommande très humblement d'écouter la nature, de prendre soin d'elle, mais aussi de soi-même, de profiter de la vie.

À propos de nature et comme nombre de ses amoureux, entre deux chants de marins, le groupe ne peut cacher son désarroi sur les méfaits de l'homme envers la grande bleue et ses habitants. « Hommes de Mer » est un point culminant dans l'album, autant dans le texte que la musique, sous forme de ballade épique. Elle s'intègre magnifiquement dans un ensemble où l'on se rend compte qu'un soin particulier a été apporté à la réalisation.

Le groupe est alors momentanément renforcé par la présence de Gabriel Bourque qui se charge des claviers et de rendre le son plus moderne. Les éléments rock « lourd » présents depuis l'album de 2000 et l'arrivée du guitariste Luc Bourgeois sont ici augmentés de programmations électroniques, qui apportent un certain plus aux chansons et aux instrumentaux, réels et gaillardes, que sont « Falaise Rouge » et « Pointe Sauvage », tantôt relevés à la sauce funk, tantôt hip-hop. Le batteur André Cummings est à l'avenant, place quelques breaks savants, et plutôt qu'incisives, les guitares soulignent la densité de l'ensemble, riche en claviers célestes, sans gommer la force des violons et accordéons.

Un ensemble parfaitement soupesé, qui comprend la jig « Dans le Creux d'une Haie D'en D'dans » (histoire brève et cocasse d'un homme qui « mate » une jeune touriste sur la plage avant de l'épouser), les superbes chansons « Hommes de Mer », « Jolies Marjolaines » et « Entre Belle-Île et Nantes », ou bien l'intro « Rivages », presque progressive et rappelant le JETHRO TULL ou le STEELEYE SPAN des années 90. Prends le Temps est, pour tout cela, l'un des meilleurs albums de chanson acadienne toutes époques confondues, à écouter sans modération.

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   MARCO STIVELL

 
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- Félix Leblanc (violon, chant, podorythmie)
- Henri-paul Bénard (guitare, chant, percussions)
- Luc Bourgeois (guitares)
- André Cummings (batterie, percussions)
- Réal Longuépée (basse, chant)
- Gabriel Bourque (claviers, accordéon, programmations)


1. Rivages
2. Jolies Marjolaines
3. Des Bars, Des Filles Et Du Bourbon
4. La Gaillarde
5. L'alambic Du Père Martin
6. Dans Le Creux D'une D'la Haie D'en D'dans
7. La Route
8. Hommes De Mer
9. 1948-2002
10. Falaise Rouge
11. Entre Belle-Île Et Nantes
12. Pointe Sauvage
13. Prends Le Temps



             



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