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SAVOY BROWN - Getting To The Point (1968)
Par LE KINGBEE le 4 Novembre 2018          Consultée 1835 fois

Nous sommes en 1968, SAVOY BROWN met en boîte son second disque à peine un an après avoir accouché d’un premier bébé. A l’instar des mouvements de contestations étudiants qui sévissent sur une petite partie de la planète, Kim Simmonds a lancé un gros pavé dans la mare en remodelant son groupe, seul le pianiste Bob Hall est encore de la partie.
Simmonds, clairement devenu patron et seul décisionnaire du groupe, embauche le guitariste Dave Peverett (ex Nocturnes et futur FOGHAT), le batteur Roger Earle (futur FOGHAT), le bassiste Rivers Jobe, ancien partenaire de Mike Rutherford au sein de Anon, et enfin Chris Youlden un chanteur compositeur qui vient de graver deux singles pour Decca. Un bon petit nettoyage de printemps !

Si le premier disque n’offrait qu’une seule composition, « Getting to the Point » se révèle plus personnel avec pas moins de six originaux principalement dus au tandem Simmonds/ Youlden. La voix noire de Brice Portius, très marquée par la Soul fait donc place à la voix blanche de Youlden, au timbre plus volontaire. De plus, bien que le groupe soit grandement renouvelé, on ressent une plus grande cohésion et surtout une complicité entre les musiciens. Peverett et Youlden s’étaient brièvement produits ensemble au sein du Lonesome Jax Blues Band. Troisième constat, à l’instar de plusieurs formations britanniques du type The ANIMALS, certains auditeurs risquent de se perdre entre les éditions américaines et anglaises. Cette fois-ci, plus de peur que de mal, seules les pochettes changent, les titres eux sont identiques et présentés dans un ordre similaire.

Aujourd’hui, au vu de la faible campagne de promotion prévue pour la sortie de cette seconde galette, il convient de se poser une question : Decca croyait-il véritablement au groupe lorsqu’il le signa en 1967 ? Un single sort fin 67 avec deux titres ne figurant pas sur l’album. Oh, la firme se rattrape quelque peu un an après la sortie du disque avec l’apparition d’un single Parrot regroupant « Stay with me baby » et « I’m Tired ». Du Grand n’importe quoi !

Toujours produit par Mike Vernon, la pochette représentant le visage souriant de Kim Simmonds portant une paire de lunettes dans lesquelles chaque verre est obstrué par une illustration montrant le buste d’un homme de couleur, comme on dit, n’est pas si anodine. Mais on ignore avec exactitude ce que pouvait signifier ce visuel. Lors d’une interview postérieure, Simmonds affirme que la pochette clamait que Savoy Brown était un groupe blanc jouant de la musique noire, en l’occurrence du Blues.
La pochette américaine quant à elle se révèle beaucoup plus sage avec la mise en place de nombreuses peintures sous forme de labyrinthe.

« Flood in Houston », un slow blues à l’anglaise dont le tempo peut rappeler le Blues Incorporated d’Alexis Korner lance l’opus sur de bons rails avec une guitare pleine de sobriété. Seconde compo, « Stay with me Baby » est un shuffle électrique dans lequel on peut apprécier la dualité du piano et de la guitare. Si « The Incredible Gnome Meets Jaxman » s’avère un titre des plus loufoques, l’instrumental nous renvoie en plein cœur du West Side, la guitare rappelant par moment le phrasé strident et acéré de MAGIC SLIM et autres consorts du West Side Chicago. Comme si SAVOY BROWN avait transposé un ghetto de Chicago sur les bords de la Tamise. Si « Mr. Downchild » débute comme une douce berceuse psyché basée sur le chant et le piano, la voix de Chris Youlden et la guitare de Simmonds sortent les auditeurs de leur torpeur au bout de 2 minutes pour une mélopée longue et furieuse de 5 minutes. « Getting To The Point », un excellent shuffle instrumental avec bonne participation de la rythmique et du piano, se retrouve parfois bouffé par le son strident de la guitare. Si le titre traduisible par « Droit au But » peut s’avérer excellent pour un album, il est étonnant que Simmonds ait choisi un instrumental en guise de titre d’album. Dernière compo, « Big City Lights » propose encore un subtil duel entre le piano et la guitare dans lequel vient s’engouffrer la voix criarde et déclamatoire de Youlden, alors qu’une baisse de tension vocale aurait été bienvenue.

Les trois covers s’orientent vers des univers différents. « Give me a Penny », tiré d’un traditionnel mis en boîte par Big Mama Thornton, s’avère répétitif et vite barbant, la basse et la guitare rythmique ne cessant de marteler lourdement le même chorus qui finit par lasser au bout de quatre minutes. « Honey Bee », vieux titre de Muddy WATERS lorsque celui-ci s’amusait à déverser les eaux boueuses de son Mississippi natal dans les rues de Chicago, tangue à l’image de la version d’origine entre Delta et Chicago. Le disque s’achève en apothéose avec « You Need Love », œuvre de Willie DIXON gravée par Muddy WATERS en 1962. Rien de bien nouveau, si ce n’est que le titre connaît une variante avec « You Need Loving » enregistrée par les SMALL FACES en 66 et enfin par un second dérivé plus tardif avec le « Whole Lotta Love » de LED ZEPPELIN, morceau probablement plus connu que l’original. Là, les musiciens sont bien en place, ils ne veulent pas rater le dernier wagon avec une batterie qui part en « train song » et des musiciens qui n’ont de cesse de balancer des pelletées de charbons dans la chaudière de la loco pour un voyage de plus de 7 minutes.

Parmi l’abondante discographie de SAVOY BROWN et de son incontesté leader Kim Simmonds qui avoisine une quarantaine de disques et près d’une trentaine de compilations, il convient de retenir ce second opus. Certains lecteurs y verront là une part de nostalgie ou une affection des premières heures, mais « Getting to the Point » avec son étrange pochette a marqué plus d’un esprit. Si ce disque porte la griffe d’une production « soixante-huitardes » et si le groupe fera l’objet de changements incessants de personnels, il n’en demeure pas moins l’une des pièces essentielles de SAVOY BROWN. Un bon 3 un demi-siècle après sa sortie.

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   LE KINGBEE

 
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- Chris Youlden (chant)
- Kim Simmonds (guitare)
- Dave Peverett (guitare)
- Rivers Jobe (basse)
- Bob Hall (piano)
- Roger Earle (batterie)


1. Flood In Houston
2. Stay With Me Baby
3. Honey Bee
4. The Incredible Gnome Meets Jaxman
5. Give Me A Penny
6. Mr. Downchild
7. Getting To The Point
8. Big City Lights
9. You Need Love



             



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