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Paul BUTTERFIELD BLUES BAND - In My Own Dream (1968)
Par ERWIN le 14 Novembre 2018          Consultée 783 fois

La lente maturation du BUTTERFIELD BLUES BAND continue d'agir sur les diverses livraisons du légendaire groupe de Chicago. Après le départ de Mike BLOOMFIELD et la prise de responsabilité affirmée par Elvin BISHOP, l'arrivée de la section cuivre sonne comme un coup de tonnerre sur leur blues rock, qui se mue peu à peu en rythm'n' blues, sans vraiment perdre en qualité. Cela dit, vouloir comparer l'ensemble des reprises du premier album, si roots et tourné vers l'adoration des icônes du blues de la windy city, avec les sept titres composés ici par les membres du groupe, est une gageure totalement hors de propos. Nous voici donc en 1968, et le leader Paul BUTTERFIELD n'en finit plus de voir son rôle progressivement diminuer dans son propre groupe.

Nous assistons incontestablement ici à la prise de pouvoir du bassiste Bugsy Maugh, crédité de pas moins de 3 titres sur les 7 de la livraison. Il faut dire que sa voix très soul passe magnifiquement sur "Mine To Love", ses étonnantes capacités vocales mises au service d'un blues lent où les cuivres tonnent, la batterie pétarade et où l'ensemble sonne nettement plus moderne qu'à l'accoutumée. L'orgue de Naftalin tremblote, la gratte de BISHOP et l'harmonica de Paul trouvent aussi leur compte. L'ambiance reste semblable sur "Mornin' Blues" en légèrement plus amphétaminé. On reste très smooth, loin des débordements furieux d'un BLOOMFIELD. Reconnaissons toutefois que BISHOP assure comme une bête. Avec le speedé "Get Yourself Together", Bugsy nous ramène dans le giron des grands bluesmen, avec un solo de Paul qui frise l'ivresse.

Ce n'est pas pour autant BUTTERFIELD qui chante sur "Drunk Again", ce blues très roots drivé par la basse polissonne de Bugsy Maugh et la voix si typique de Elvin BISHOP. Il faut entendre le cul-terreux ânonner "I'm drunk again", c'est drôle sur le moment mais finalement pathétique si on réfléchit un peu plus aux implications de cette profession de foi. Un solo de piano en mode minimaliste de Keith Johnson, comme si l'alcool rendait tout "complexe"». Jusqu'au bridge ou Elvin prend le contrôle de la compo avec un solo superbe de feeling ! C'est pour ça qu'on l'aime. On revient vers le roots le plus débonnaire qui soit avec "Just to be with you" où on retrouve enfin Paul au chant, son harmonica jamais loin. D'une lenteur qui touche au processionnel, mais c'est bon, ça groove, c'est cool. Je trouve que les cuivres ont déjà une consonance lorgnant vers une soul qui deviendra funk quelques années plus tard.

Ce sont les deux compositions restantes qui tirent le disque vers le haut : deux chansons de Paul BUTTERFIELD. Le titre introductif "Last Hope's Gone" marque à merveille toute l'évolution du groupe, cette basse rondelette, ces cuivres jazzy, comme si Miles DAVIS était à la réalisation du titre. Oui, c'est un véritable grand écart. Paul déploie un chant de très grande classe, la batterie sophistiquée et les divers arrangements tels le solo de sax délivré par David Sanborn donnent à ce titre une force et un impact terribles. Une vraie petite perle ! Enfin l'éponyme "In My Own Dream" avec Gene Dinwindie à la Mandoline et Paulo lui-même à la guitare tranche avec le reste de l'opus. Les choeurs traditionnels sonnent presque gospels. On se croirait dans une plantation du sud, après une journée de récolte. Cette fois, Keith Johnson est au solo de trompette, avec un talent fou.

On se prend à regretter la courte durée de l'album et on aurait souhaité d'autres titres de la plume de Paul BUTTERFIELD, qui n'a jamais été aussi modeste dans le groupe portant son nom. Comme quoi, la postérité du mec - un des plus grands teigneux du monde du rock - n'est peut-être pas tout à fait exacte. Le destin de ce groupe maudit du blues se poursuit donc avec constance si ce n'est avec trépidance. Hélas, il s'agit du dernier album avec BISHOP et Naftalin qui vont tenter le grand bain de la carrière solo avec plus ou moins de succès. Le grand line up du P.B.B.B. est loin derrière nous !

3.5 comme note pour cause de "pas assez" !

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   ERWIN

 
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- Paul Butterfield (chant-haronica)
- Elvin Bishop (guitare-chant)
- Mark Naftalin (claviers)
- Bugsy Maugh (basse-chant)
- Phil Wislon (batterie)
- Gene Dinwindie (sax-mandoline)
- David Sanborn (sax)
- Keith Johnson (trompette)


1. Last Hope's Gone
2. Mine To Love
3. Get Yourself Together
4. Just To Be With You
5. Morning Blues
6. Drunk Again
7. In My Own Dream



             



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