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Paul BUTTERFIELD BLUES BAND - The Paul Butterfield Blues Band (1965)
Par ERWIN le 8 Octobre 2018          Consultée 1849 fois

Chicago début des sixties... Le rock'n'roll des pionniers agonise, celui-là même qui fut un mix de country, de blues, d'hilibilly, de folk. Plusieurs adolescents blancs de bonne famille, Paul BUTTERFIELD, Nick GRAVENITES et Michael BLOOMFIELD, hantent les détours des quartiers noirs et s'adonnent à l'écoute d'une musique encore inconnue de la plupart. Nous évoquons ici HOWLIN WOLF, Muddy WATERS ou Little WALTER. Les jeunes gens découvrent ainsi cette musique de l'âme. Parmi les fans de rock, très rares sont ceux qui ont conscience de l'existence des cadors du blues dans cette bonne ville de Chicago. Et, à force d'errance dans le quartier des clubs, les jeunes gens finissent par monter faire le bœuf avec leurs idoles. Evidemment, en ces années où la ségrégation règne aux USA, il est fort mal vu de jouer avec des noirs, fussent-ils des légendes vivantes.

C'est ici que les ados dont nous causons interviennent. Esprits libres, il se foutent pas mal de la pensée unique. Ils finissent par se rencontrer et Paul BUTTERFIELD, chanteur au caractère bien trempé, parvient à convaincre le timide Michael BLOOMFIELD d'intégrer son groupe ou on retrouve notamment la section rythmique de Howlin WOLF Jerome Arnold à la basse et Sam Lay à la batterie, ça intimide. Le péquenaud Elvin BISHOP est à la seconde guitare et, l'essentiel, Mark Naftalin aux claviers. La légende est en marche !

Tout est dit dans le "Born in Chicago" qui ouvre l'album, "je suis né à Chicago en 41, et mon père m'a dit : fils tu dois t'acheter un flingue". Voila résumé en quelques lignes le style de vie qu'il fallait mener pour vivre dans la communauté blues du Chicago des trente glorieuses. Nick GRAVENITES a composé ce grand classique et ses potes l'ont endossé avec un naturel énorme !

Bien sûr, de nombreuses reprises émaillent ce premier album, c'est la logique même. Dans les supras classiques, on a du Willie DIXON avec une belle version de "Mellow down easy", très rock'n'roll, plus rapide que réellement smooth mais tout à fait honorable, et le solo de Michael est encore à retenir ! Nous avons du Elmore JAMES, bien sûr, avec "Shake your moneymaker", dans une version incisive et bien pêchue. Un seul titre sort de la besace de leurs idoles à tous Muddy WATERS. Il s'agit de "I Got my mojo working", dans une version très rock. C'est d'ailleurs le batteur Sam Lay qui s'y colle. Paul n'aurait-il pas osé poser sa voix dessus ? Allez savoir ! On note peu de débordements sur les quelques minutes de la chanson, timidité ou respect.

Deux compositions de LITTLE WALTER – harmoniciste de Muddy !-, un de leurs mentors adulés, sont de la partie. L'iconique "Last night" qui fait mouche avec son ton smooth et désabusé, et la plus Laidback "Blues with a feeling" sont à la fois des hommages évidents et des interprétations originales, Mike s'y éclate à tricoter comme un damné sa six cordes et Paul n'est pas en reste d'autant que son chant assure particulièrement. Et alors, une compo cosignée Sam Phillips, ça vous les coupe non ? Et oui ! "Mystery train", qui sera reprise à toutes les sauces, subit ici un traitement rockabilly somme toute assez classique. Il faut dire que les divers solos attirent le chaland !

Mais les jeunes gens ne sont pas des timides pour autant et proposent aussi leurs propres compositions ! La première collaboration entre Paul et le discret mais essentiel Elvin BISHOP, le mec raisonnable qui sut se contenter d'assurer la rythmique pour laisser briller BLOOMFIELD. Il en faut des comme lui, ça oui ! Et ce "Our love is drifting" n'a rien à envier aux classiques des monstres sacrés du Blues ici présents. On dit bravo !

Deux instrumentaux sortent de la gratte de Mike BLOOMFIELD. Bien entendu, l'harmonica de Paul fait jeu égal avec la LesPaul de Michael sur ses titres, elle le mérite d'ailleurs amplement. Dans "Screamin", il drive la compo de bout en bout, mais le petit prodige de la guitare parvient à tirer les marrons du feu sur un solo absolument démoniaque et sans égal pour l'époque, et ne me causez pas de Jimi, nous sommes en 65 les gars ! Cet instrumental est une tuerie pour l'époque ! Malgré l'avalanche de solos, "Thank you Mr Poobah" est sans doute plus entendu, un brin moins nucléaire, mais aussi plus roots, à l'image de leurs glorieux aînés de Chicagoans.

Le mélange judicieux des titres hommages aux grands créateurs et des titres issus directement de leur créativité fait de ce premier album un savoureux cocktail de blues. Le premier album de blues d'un groupe mixte, ça n'est pas rien. IL a une énorme importance dans l'histoire de la musique populaire, et est d'ailleurs 451eme dans la liste des 500 plus grands albums de tous les temps de Rolling stone. Outre la voix et l'harmonica de BUTTERFIELD, il faut surtout souligner le fait que c'est la toute première fois qu'un guitariste prend ainsi le pouvoir sur un album qui ne lui est pas consacré. A cet égard, le legs de Michael BLOOMFIELD a tous les guitaristes qui peuplent notre monde est énorme et unique. Quel son ! Quelle technique pour cette année 65 ! Tu m'étonnes qu'un certain Roberto Zimmermann soit allé le chercher pour moderniser son son.

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   ERWIN

 
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- Paul Butterfield (chant-harmonica)
- Michael Bloomfield (guitare)
- Elvin Bishop (guitare)
- Jerome Arnold (basse)
- Sam Lay (batterie)
- Mark Naftalin (claviers)


1. Born In Chicago
2. Skake Your Money Maker
3. Blues With A Feeling
4. Thank You Mr.poobah
5. I Got My Mujo Working
6. Mellow Down Easy
7. Screamin
8. Our Love Is Drifting
9. Mystery Train
10. Last Night
11. Look Over Yonders Wall



             



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