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HEAVEN 17 - Bigger Than America (1996)
Par BAKER le 21 Janvier 2019          Consultée 724 fois

Huit ans sans album, c'est peu de nos jours. En tous cas, pas assez inquiétant pour déclarer le groupe retardataire définitivement mort. Mais dans le terrible passage des 80s aux 90s, ne pas avoir sorti quoi que ce soit avant 1994 était un message de capitulation : OK, nous n'appartenons plus à l'industrie musicale, game over. C'est donc bel et bien à un album de réunion auquel nous avons ici affaire, et une réunion faite dans les règles de l'art, à savoir un pur retour aux sources. Oui, adieu guitares, basses slappées et cuivres : HEAVEN 17 est revenu en 1996 sous la simplissime forme d'un trio electro, sans aucun "vrai" instrument (nous nous comprenons, ami lecteur), sans aucun musicien invité à part une choriste soul (on ne se refait pas), et uniquement deux bidouilleurs triturant leurs synthétiseurs. Deux ? Non, petite nouveauté : Glenn Gregory a aussi tâté du séquenceur !

H17 tente donc de plaquer son patronyme sur la carte de l'electro des années quatre-vingt dix. Et leur questionnement est légitime : pour un groupe qui a marqué la décennie précédente au fer rouge, que reste-t-il de leurs amours, que reste-t-il de ces beaux jours, et ont-ils encore quelque chose de pertinent à dire, en conjuguant leur style propre et la nécessaire mise à jour de leur production ? La réponse sera plus délicate que prévu. L'album aurait-il été totalement raté qu'on aurait été fixés ; mais son côté demi-teintes ne fait que poser encore plus de questions. En effet, en supprimant tout artifice, le trio ne fait pas que revenir au premier album : il le dépasse pour se retrouver carrément à la case HUMAN LEAGUE.

Il faut avouer que la petite carte trouvée sous la porte pour annoncer son retour est tout ce qu'il y a de plus craquant. Comme intro d'album, "Dive" est difficilement surpassable. Programmations au cordeau, sons enveloppants, ambiance collant parfaitement au texte, mélodie envoûtante et assez originale, Glenn... Glenn quoi : ce titre est un bijou. On marche sur des oeufs côté écriture et développement, rien n'est laissé au hasard. Malheureusement, jamais l'album n'arrivera à atteindre ces sommets (ou, pour rester thématique, ces profondeurs). On sent le trio totalement traumatisé par l'expérience Pleasure One / TBD&P, et désireux de toucher à tout tant qu'on s'éloigne de ces deux albums maudits.

Alors ils font dans l'optimiste forcené rappelant "Temptation" sur le single "Designing Heaven", s'essaient à l'eurodance pure sur un assez rigolo "Freak" (l'intro est du H17 immanquable), écrivent des textes comme toujours savoureux ("God only knows I believe in science"), allègent leurs compos pour garder un côté souple et léger ("Bigger Than America" dont les synthés font penser à SAGA, les choeurs de "Resurrection"), et cette recette fonctionne à moitié. Un certain nombre de chansons n'ont pas la puissance requise, ne décollent pas, voire restent immobiles ("The Big Dipper"). Il n'y a qu'à voir "Do I Believe" : la chanson est intéressante et composée de façon très ingénieuse, ratant de peu l'excellence ; las ! le minimalisme de la prod ne lui sied guère.

Pourtant, "Maybe Forever" est le parfait contre-exemple puisque son côté dépouillé à l'extrême est ce qui fait sa force. Les ambiances, H17 savent toujours les gérer quand il y en a. Les mélodies ne sont pas toujours intéressantes, mais le groupe n'en manque pas. Non, c'est plutôt l'emphase des chansons qui semble s'être perdue dans la nature. La moitié du disque aurait mérité plus de développement, plus d'audace. "We Blame Love" par exemple aurait pu être un second single vraiment convaincant, mais il lui manque du corps.

"An Electronic Prayer", mélodique et au final drôle, est là pour conclure le disque d'une façon assez satisfaisante pour passer l'éponge sur bien des soucis. Il est évident que le trio possédait une nouvelle énergie, un nouveau terrain de chasse, mais la volonté de trop coller à son époque a quelque peu malmené ses intentions. Bigger... est, à l'heure de leur retour, l'album le plus électronique du groupe ; mais bien plus encore, c'est alors leur SEUL album purement electro. Peut-être est-ce ce verrou psychologique qui les empêche de donner le meilleur d'eux-mêmes ? En tous cas, bien que parsemé de qualités, Bigger semble plus un album de transition qu'autre chose. Mais une transition vers quoi, et surtout, comme disait le grand philosophe Friedrich Nietzche : "c'est quand qu'on arrive ?" (verbatim, 25 juillet 1847).

La note finale tend plus vers 2,5

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   BAKER

 
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- Glenn Gregory (chant, prog)
- Martyn Ware (claviers, prog)
- Ian Craig Marsh (claviers, prog)
- Angie Brown (choeurs)


1. Dive
2. Designing Heaven
3. We Blame Love
4. Another Big Idea
5. Freak !
6. Bigger Than America
7. Unreal Everything
8. The Big Dipper
9. Do I Believe
10. Resurrection Man
11. Maybe Forever
12. An Electronic Prayer



             



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