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HEAVEN 17 - Pleasure One (1986)
Par BAKER le 29 Novembre 2018          Consultée 801 fois

Votre Honneur, avant mon préambule introductif liminaire de début, je tiens à déposer un outrage à votre encontre. Exiger que je me lève pour ma plaidoirie, alors que je suis déjà debout depuis deux heures, c'est pas top, votre Honneur. Bref, l'avocat de la défense, mon estimé confrère dont j'ai déjà oublié le nom devant l'insignifiante crasse de son discours putassier, n'a cessé de répéter, marteler, que ses clients étaient innocents, au prétexte qu'ils avaient changé de défense et plaidaient désormais le groupe de funk blanc britannique typique. Donc innocents comme Fernand, juste bons à faire de la musique pour danser. Certes, leur dernier album, Pleasure One, est très dansant, presque irrésistible en ce sens.

Mais c'est un peu trop facile votre Honneur. Cette défense a beau se tenir, je ne suis pas un lapereau de deux semaines, et le jury non plus. Nous sommes en 1986 et les basses méthodes propagandistes ne fonctionneront pas, non, pas cette fois. On a beau mettre en avant le chanteur de charme, on a beau placer en première ligne de vrais musiciens comme les Phoenix Horns ou Phil Spalding, on peut toujours gaver son oeuvre de guitares rythmiques funky et totalement effacer la moindre trace de synthétiseur, il est pourtant clair, votre Honneur, que les accusés sont et restent des ennemis du peuple, à la solde du Parti Communiste Soviétique. Leurs méfaits précédents avaient au moins le mérite d'être clairs, ici ils avancent masqués.

Oui votre Honneur, j'ose affirmer que Pleasure One est un album concept subversif destiné à dévoyer notre belle jeunesse de son droit chemin et les attirer dans l'enfer despotique du régime totalitariste moscovite. Regardez ces chansons, leur ordre, leur enquillement, c'est clair comme de l'eau de roche ! "Contenders" décrit le pouvoir centralisé américain tel qu'il est vu derrière le rideau rouge, d'odieux capitalistes misant tout sur l'argent. "Trouble" présente notre protagoniste, un américain moyen, jeune, beau et préoccupé par son avenir, exactement comme Glenn Gregory. Comment ? Ils sont anglais ? Ne m'interrompez pas votre Honneur, je vais perdre le fil.

"Somebody" montre le désir de fonder un foyer, ultime consécration d'une futile existence passant avant le bonheur personnel, n'est-ce pas purement communiste ? Pardon votre Honneur ? Ben ma femme est en train de pondre le troisième, Hugo-Ernest qu'on va l'appeler, mais c'est pas ça la question. Sur "If I Were You", les H17 sont malins, ils construisent le texte sur des dates, et ils osent citer notre adoré 4 juillet ! Blasphème ! Notre protagoniste rencontre une jeune femme au passé louche, et qui lui ouvre les yeux. Elle dépeint dans "Low Society" ce que les ruskofs voient comme une décadence, les fondements de notre belle Amérique, et comme par hasard c'est une des moins bonnes chansons, avec des cuivres criards, ils gueulent, comme pour souligner la vacuité de nos plaisirs occidentaux, oui je sais votre Honneur mais JE GUEULE PAS J'EXPLIQUE !

Ils débutent, les fumiers, la face B par "Red". Et vous savez quoi ? Dans le 33 tours, le titre est écrit en rouge. Peut-on faire plus explicite, votre Honneur ? C'est un titre dansant, au refrain assez imprévisible, bref c'est une façade idyllisant la vermine communiste sans vergogne et en utilisant les plus vils procédés ! "Look at Me" enfonce le clou, unique ballade du disque, avec son univers très ouaté, magnifique, il est là pour faire définitivement basculer notre héros à l'est, pour les beaux yeux de sa transfuge. Comment résister à une telle délicatesse ? En même temps les petites moscovites, ça...

Bref, on continue sur "Move Out", qui est censé illustrer le tourment intérieur du héros, doit-il s'en aller ? C'est la chanson la plus laide du disque, et pour bien déstabiliser l'auditeur, elle est baissée d'un quart de ton par rapport au reste. Ce qui crée un malaise auditif, augmenté par le fait que certains samples soient désaccordés. Je vous cite les paroles, votre Honneur : "ton cerveau ouais ça va, mais j'aime surtout ton corps". Putrescence ! Imaginez-vous nos meilleurs auteurs américains s'abaisser à de telles vilenies ? Imaginez-vous Nicki MINAJ chanter de telles insanités ? Hein ? Non mais parce qu'elle a 4 ans et demie en 1986 ? Je vous l'accorde, votre Honneur. Ce sera toujours ça d'accordé dans cette chanson.

On finit sur "Free". Libre. Libre ! Une chanson intéressante musicalement car terriblement glaciale au départ, on peut vraiment sentir le vent de Sibérie, avant la reprise du funk où le chanteur fait semblant d'être heureux, semblant d'être amoureux, bref semblant d'être libre, il y a même un incroyable final a capella avec une rythmique à applaudir totalement soviétisante dans son approche moutonnante du public. Pardon, votre Honneur ? Il n'a peut-être pas déménagé ? Il vit en Virginie du Nord, comme nous, où on se pèle les noix, où tout le monde se tire la gueule et où la musique populaire abêtit le public en le forçant à taper des mains ? Hum, je trouve que vous extrapolez énormément votre Honneur, par rapport à ma version des faits !

Ils sont coupables, n'en doutez point, car vous ne m'épargnez guère, vous vos bergers et vos chiens ! Et vous, les H17 ! Courbez la tête fiers sicambres, car vous avez renié votre son, votre identité,vos synthétiseurs sont réduits à la portion congrue, votre sens mélodique est désormais bien plus axé sur le rythme, vous avez clairement simplifié votre propos, et vous n'allez même pas au bout de vos convictions puisque vous n'avez pas osé faire le Pleasure Two pourtant prévu ! Aussi votre Honneur, je requiert contre ces trois zozos patibulaires une peine de deux heures de travaux d'intérêt général. Ben oui, je peux pas en dire du mal,de cet album : il est bourré de défauts certes, il n'a plus rien à voir avec H17, mais il est vivant, bon esprit, assez mélodique, très dansant, frais, les musiciens sont "tight" et le tracklisting impeccable.

Par la présente, je réclame, votre Honneur, moi, Baker McCarthy, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, l'exécution immédiate de cette sentence et si possible avec "Trouble" ou "If I Were You" dans la caboche, parce que simplistes ou pas, ces chansons, une fois dans la caboche, elles restent. Sur ce constat, comme j'ai eu l'occasion de le dire à votre épouse le 7 septembre 1985 à 19h37, votre Honneur ; je me retire.

Note finale : 3,5/5 Monté à 4 pour récompenser les centaines d'écoutes que mon pauvre vinyl à 1 euro a subi.

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   BAKER

 
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- Glenn Gregory (chant, choeurs)
- Martyn Ware (claviers, prog, choeurs)
- Ian Craig Marsh (claviers, prog, choeurs)
- Nick Plytas (piano)
- Preston Heyman (batterie, percussions)
- Phil Spalding (basse)
- Camelle Hinds (basse)
- John Wilson (basse)
- John Mcgeosh (guitare)
- Ray Russell (guitare)
- Tim Cansfield (guitare)
- Don Myrick (saxophone)
- Louis Satterfield (trombone)
- Nolan Smith (trompette)
- Rahmlee Michael Davis (trompette)
- Mel Gaynor (percussions)
- Guida Depalma (choeurs)
- Beverley Skeete (choeurs)
- Carol Kenyon (choeurs)
- Gina Foster (choeurs)
- Janice Hoyte (choeurs)


1. Contenders
2. Trouble
3. Somebody
4. If I Were You
5. Low Society
6. Red
7. Look At Me
8. Move Out
9. Free



             



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