C’est peu dire que CharlElie ne reste jamais très longtemps sans nous gratifier d’un nouvel album. De fait, deux ans après Quelques essentielles, le voilà de retour avec Contre toi, pas moins que son vingt-sixième album.
Un disque sur lequel il n’y a pas de gros changements de style à constater. On retrouve bien sa voix légèrement nasillarde si caractéristique et sa qualité d’écriture jamais prise en défaut.
Au niveau musical, il est par contre toujours aussi difficile de classer l’artiste, tant la palette qu’il utilise est large et variée. Quel point commun peut-on, en effet, trouver entre l’intimiste et sobre "Contre toi" et l’enjoué et enlevé "Samedi matin (libertin)", si ce n’est la présence caractéristique d’une contrebasse ? Et cette variété ne se limite pas à ces deux genres. Ainsi, avec "Dis papa", ce sont plutôt des colorations bluesy qu’il met en avant, alors que le magnifique et singulier "Il n’a Dieu que pour elle" possède une essence assez symphonique et dramatique. Et qu’avec le bien nommé "Presque Boogie" il nos convie dans un style qu’il affectionne depuis ses débuts.
Mais, à chaque fois, on retrouve sa voix si caractéristique, d’ailleurs très souvent mixée bien en avant, et surtout la beauté de ses textes chargés d'émotions et de finesse. Cette aptitude à évoquer la noirceur et la détresse de notre quotidien, avec une délicatesse et une classe que rendent la misère acceptable.
C’est ainsi le cas de "Ange ou Démon" dont l’introduction au saxophone est très typée Eric SERRA, période Subway. Il nous offre là un magnifique texte tout en subtilité et en musicalité. Une leçon sur la manière de faire jaillir la lumière de ce qu’il y a de plus sombre.
Peu ou pas de fil conducteur thématique précis, si ce n’est, peut-être, l’étude des relations entre deux personnes, avec notamment plusieurs morceaux dans lesquels il évoque sa position de père. C’est ainsi le cas de "L’absence", titre qu’il doit à l’une de ses filles, Yamée COUTURE, chanteuse et compositrice à ses heures, et qui partage le micro avec lui.
On passe un très bon moment tout au long de cet album extrêmement bien travaillé, dont les textes libèrent un peu plus de leurs saveur et de leur sens à chaque écoute. Nous sommes toutefois très légèrement en-deçà de l’excellent Même pas sommeil (2019), qui ne comprenait aucun titre dispensable, là où Contre toi voit se côtoyer l’excellent ("Il n’a Dieu que pour elle", "Ange et démon", "Le parfum"…) et des titres qui, pour bons qu’ils soient, souffrent de l’exposition à côté des petits chef-d’œuvres qu’ils côtoient.

Avec Contre toi, CharlElie COUTURE continue de construire une carrière exemplaire de qualité en nous proposant régulièrement de nouveaux morceaux marquants et envoûtants.