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CHANSON FRANçAISE  |  STUDIO

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- Style : Les Ogres De Barback

Pierre PERRET - La Bête Est Revenue (1998)
Par NESTOR le 30 Juillet 2021          Consultée 1617 fois

Avec la sortie de La bête est revenue, Pierre PERRET a été au centre de réactions très divergentes.
Cela est probablement dû au fait que pour la première fois le titre d’un de ses albums évoquait clairement son engagement citoyen pour la défense des libertés et que cette charge frontale contre le Fascisme a surpris une partie de son public plus habituée à voir dans le chanteur un facétieux trublion humoristique.
D’autant plus que le Pierrot venait de proposer deux intermèdes récréatifs et légers : Pierre PERRET Chante 20 fables inspirées de Jean de La Fontaine et Chansons Éroticoquines, tous les deux sortis en 1995. Cela créait un contraste avec ce disque plus 'sérieux'. Pourtant, ce n’était pas la première fois que Pierre PERRET parsemait ses disques de chansons plus engagées et où il laissait transpirer sa conscience sociale et humaniste.
Mais là, avec le titre qui ouvre et donne son nom à l’album, "La bête est revenue", il pourfend clairement le retour en force du populisme et du fascisme. Le ton est grave et, contrairement à ses habitudes, Pierre PERRET n’utilise pas l’humour comme support de son propos. Et c’est probablement pourquoi sa plume a engendré des réactions violentes de la part des tenants d’un repli sur soi.
Dans ce titre, le sentiment que 'maintenant on ne plaisante plus' se reflète même au niveau musical, notamment avec l’usage d’un violoncelle qui en renforce l’ambiance dramatique. Cette gravité, et ce recours bien moins systématique à la dérision et à l’humour, est d’ailleurs un des marqueurs de La bête est revenue. Et il faut d’ailleurs attendre le sixième titre, "L’eau de la rivière" pour voir le Pierrot ressortir son nez rouge, sachant qu’une bonne moitié de l’album adopte un ton sérieux qui détonne au regard de la marque de fabrique du bonhomme.
Si on est habitué à le voir en mode tendresse, comme c’est le cas ici avec "Jeanne", avec "Le Temps des Tabliers Bleus", une belle évocation nostalgique de sa jeunesse, ou encore avec le touchant "L’Ami Fidèle", il est bien plus surprenant de le voir endosser le rôle d’accusateur/d’alerteur sans enrober son propos d’une couche d’ironie. Il n’y a guère qu’avec "Le monde change" (Mon P'tit Loup, 1979) qu’il s’était déjà essayé à ce genre. Mais ici, ce mode d’expression est bien plus largement utilisé, notamment avec "La bête est revenue", "Vert de colère" ou bien "Au nom de Dieu". Ce changement de ton est d’autant plus surprenant que sa manière de mener ses combats avait montré son efficacité à l’image du populaire "Lily" (Lily, 1977)
Une autre diatribe particulièrement bien tournée se trouve dans "Ferdinand" qui, citations à l’appui, dresse un tableau sans concession des dérives antisémites et fascistes de Louis-Ferdinand Celine. Une fois de plus, la charge est frontale et sans ambiguïté, même si la raillerie pointe parfois le bout de son nez. Toujours est-il que nous sommes là bien loin de la connivence malhabile des adorateurs de l’écrivains qui se réfugient derrière la distinction qu’ils font entre l’homme et l’artiste.
On peut retrouver le Pierre PERRET plus 'traditionnel' sur les coquins et humoristiques "Le vieux marin" et "Amélie" dans lesquels il nous éblouis encore avec son art de marier qualité de plume et humour. Sa facette attendrissante et passionnée nous éblouit également sur la splendide déclaration d’amour "Je n’ai jamais aimé que vous", un magnifique texte dans lequel il tente de concilier son hédonisme viscéral et sa fidélité qu’il semble regretter de ne pas être plus ferme. L’album s’achève par la très poignante reprise de "Demain dès l'aube" un titre tiré de l’album d’Henri TACHAN, Une pipe à pépé, qui était paru l’année précédente. Et qui voyait ce dernier mettre en musique un texte de Victor HUGO. La voix de Pierre y est particulièrement émouvante et fragile. A tel point que ce point final est probablement un des sommets de l'album.

La bête est revenue se révèle un bon cru pour Pierre PERRET qui se montre ici bien plus convaincant que sur Bercy Madeleine et surtout Ce soir c’est la fête, notamment du fait d’un équilibre assez heureux entre les différentes ambiances abordées. Tout comme dans la seconde partie des années 70, Pierre PERRET semble avoir retrouvé la parfaite alchimie entre humour, tendresse, gravité et grivoiserie.
La collaboration avec Graziella Madrigal, avec qui il avait déjà travaillé sur Chansons Éroticoquines, et qui assure ici la direction musicale, contribue à enrichir cette diversité et cette fraicheur.

Pour le quarantième anniversaire de la sortie de son premier album, Pierre PERRET prouve qu’il est encore très capable de surprendre et de charmer.

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   NESTOR

 
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- Pierre Perret (chant)
- Thierry Roques (accordéon)
- Tony Bonfils (basse)
- Jean-philippe Audin (violencelle)
- Jean-paul Batailley (batterie)
- Jacky Tricoire (guitare)
- José Souc (guitare)
- Philippe Hékimian (claviers)


1. La Bête Est Revenue
2. Jeanne
3. Vert De Colère
4. Le Temps Des Tabliers Bleus
5. Au Nom De Dieu
6. L’eau De La Rivière
7. L’ami Fidèle
8. Doux Avec Loulou
9. Le Vieux Marin
10. Amélie
11. Ferdinand
12. Je N’ai Jamais Aimé Que Vous
13. La Jeune Fille
14. Comment Papa
15. Demain Dans L’aube



             



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