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The STAPLE SINGERS - The Twenty-fifth Day Of December (1962)
Par LE KINGBEE le 22 Décembre 2021          Consultée 1022 fois

Noël peut s’avérer une période bien juteuse pour de nombreux artistes anglo-saxons âpres aux gains. Selon The Economist, revue généralement bien informée, Mariah CAREY, auto-proclamée Reine des Neiges, aurait engrangé la modique somme de 55 millions de dollars rien qu’avec "All I Want For Christmas Is You". Mazette ! La Diva n’étant pas du genre à se reposer sur ses lauriers, elle vient de relancer la planche à billet avec une nouvelle chanson "Fall In Love At Christmas". A l’heure où je débite ces modestes lignes, je ne doute pas qu'un paquet de gens va encore se faire plumer comme des faisans, drôle de perspective d’autant plus que la chasse à la volaille est terminée.

Malgré une certaine circonspection, "The Twenty-Fifth Day Of December" fait partie des rares disques célébrant Noël qui conservent une certaine probité, agrémentée d’une sincérité qu’on peut difficilement mettre en doute. Sans doute ce que certains appellent la magie de Noël.

Nous sommes en 1962. Suite à la faillite de Vee Jay, label pour lequel Roebuck "Pops" Staples et ses enfants ont enregistré trois disques, la troupe familiale atterrit par la force des choses chez Riverside Records. Fondé au début des fifties par Orin Keepnews et Bill Grauer, deux amis passionnés de Jazz, la petite maison de disque sera l’une des instigatrices du mouvement Hard Pop, avec ses concurrents Prestige et Blue Note.
Après avoir enregistré en février "Hammer And Nails" à New York, Bill Grauer décide qu’il est temps pour les STAPLES SINGERS de retourner en studio. Noël constitue un bon prétexte mais aussi une bonne rampe de lancement. Cette fois-ci, Grauer qui chapeaute la petite troupe de A à Z expédie sa troupe en juillet sur ses terres, à Chicago dans les studios Universal. Le producteur satisfait du précédent disque décide de renouveler la formule avec un accompagnement minimaliste. Cette fois-ci, l’organiste Maceo Woods (un Révérend ancien accompagnateur des Barrett Sisters et James CLEVELAND) et le batteur Al Duncan (ex-Jay McShann, Jimmy REED) viennent grossir la troupe en remplacement de Leonard Gaskin et des batteurs Joe Marshall et Gus Johnson.

Une délicieuse litanie ouvre les débats avec "The Last Month Of The Year", une compo de Vera Hall. A contrario du KINGSTON TRIO qui reprenait la chanson sous une tendance Folk dans le genre "neuneu", la ligne de guitare dans le plus pur style du Holly Blues tisse une trame envoutante, semblable à celle des spirituals des anciens pasteurs itinérants.
Antérieurement interprété par Joan BAEZ et Bob Gibson au Festival de Newport, "The Virgin Mary Had One Son" dévoile un côté plus austère. Le chant de Cleotha est systématiquement repris par Pervis et Mavis, une manière d’enfoncer le clou dans nos têtes. Odetta et le groupe de Folk religieux The Retreat Singers reprendront la chanson avec quelques changements de paroles. Depuis quelques années, ce Gospel est tombé dans la besace de jeunes chanteurs Folk et de Country Alternative parfois proche de l’intégrisme.
Le thème de la Montagne dans les écritures demeure un lieu privilégié pour aller à la rencontre de Dieu. A l’origine "Go Tell It On The Mountain" est un spiritual qui prend sa source dans une plantation au début du siècle dernier. Enregistrée par Dorothy Maynor au début des forties, la chanson connaît au milieu des sixties moult versions Folk et Country Gospel. Le titre figure désormais au répertoire de tout crooner ou péquenot voulant enregistrer une juteuse galette de Noël ; mais si le rythme s’est accéléré au fil des ans, le texte a perdu quant à lui une grande partie de son essence. Chez nous, la regrettée Marie Laforêt l’a adapté avec "Viens sur la montagne". La présente version bien que minimaliste nous paraît plus captivante que celle d’Odetta, beaucoup trop maniérée à notre goût.
Repris plus de mille fois, "Joy To The World" provient d’un chant religieux anglais d’Isaac Watts composé en 1719 et basé sur le psaume 98, réarrangé par l’américain Lowell Mason. Si la mélodie contient une similitude involontaire avec "Le Messi", un aria d’HAENDEL, on retient ici les arpèges de Pops Staple qui montent en puissance avec les harmonies vocales. Le titre fait toujours recette, la société américaine des droits d’auteurs vient de comptabiliser une quinzaine de nouveaux enregistrements entre octobre et début décembre. Quand on vous dit que certains se frottent les mains ! Pas besoin de croire au Père Noël ou au Seigneur pour tomber à genoux devant "Holy Unto The Lord", un trad. Du Norfolk Jubilee Quartette que la Country Music a attribué sans vergogne à A.P. Carter.
La face A s’achève sur une mélodie entraînante, "The Savior Is Born", une ode dédiée à la naissance du Sauveur. Le jeu de guitare, de rare touche d’orgue sonnant comme un guide chant et les chœurs qui renforcent la voix de tête sont des modèles du genre.

C’est encore avec une mélodie pleine de douceur que s’ouvre la face B avec "Sweet Little Jesus Boy", principal fait d’arme du Louisianais Robert MacGimsey, composé en 1934, met en avant les mêmes ingrédients, arpèges squelettiques de guitare, voix de tête renforcée par les chœurs, tandis que des coups de balais battent la cadence.
Recette quasi identique sur "Not Room At The Inn", véritable cantique de Noël chanté par Pervis Staple dans une interprétation moins guindée que celle des futures covers des Fairfield Four, Mahalia Jackson ou du Révérend James CLEVELAND. Le jeu des questions réponses figure comme l’épicentre de "There Was A Star". Le refrain est systématiquement repris sous forme de chœurs, ce qui a pour but de renforcer les paroles. Cette étoile permettra de guider les mages vers Bethléem pour assister à la naissance du Divin.
Composé au 19ème siècle par Lewis Redner, un organiste de Philadelphie, "O Little Town Of Bethlehem" replace au centre du monde la ville natale de Jesus. L’orgue crépusculaire en contrepoint du chant de Cleotha diffuse comme un décor de célébration. Repris environ 800 fois, le titre fait toujours recette. EAGLES Of DEATH METAL (groupe présent lors du carnage du Bataclan) vient de l’enregistrer pour son Christmas Album.
Petit virage vers le Folk chrétien avec le joyeux "Wasn’t That A Mighty Day" qui prend une allure de chanson de feu de camp. Le titre est enregistré à la même époque par Prof. Alex Bradford. Cette communion avec le céleste s’achève avec l’un des titres fétiche des chansons de Noël, "Silent Night", issu du "Stille Nacht, heilige Nacht" germanique et adapté chez nous avec "Douce nuit, Sainte nuit".

Un accompagnement minimaliste, une guitare, un orgue genre guide-chant quelques coups de baguettes, des chants réhaussés par des chœurs souvent façonnés d’une sincérité non feinte font de ce disque un album de Noël presque intemporel. Comme l’a écrit Leonard De Vinci : "La simplicité est la sophistication suprême". On regrette juste le titre de clôture archi rabâché, une faute de goût qui n’enlève pas grand-chose à la puissance de cette galette. Le disque a fait l’objet de plusieurs rééditions au format CD et vient d’être réédité en vinyle 180 grammes par Craft Recordings à l’occasion du Record Day.

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- Roebuck 'pops' Staple (guitare, choeurs)
- Cleotha Staple (chant, choeurs)
- Mavis Staple (chant, choeurs)
- Pervis Staple (chant, choeurs)
- Maceo Woods (orgue)
- Al Duncan (batterie)


1. The Last Month Of The Year
2. The Virgin Mary Had One Son
3. Go Tell It On The Mountain
4. Joy To The World
5. Holy Unto The Lord
6. The Saviour Is Born
7. Sweet Little Jesus Boy
8. No Room At The Inn
9. There Was A Star
10. Oh Little Town Of Bethlehem
11. Wasn't That A Mighty Day
12. Silent Night



             



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