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2003 Testimony
2004 One
 

- Style + Membre : Spock's Beard, Transatlantic
 

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Neal MORSE - Jesus Christ The Exorcist (2019)
Par BAKER le 4 Octobre 2019          Consultée 2145 fois

Faites attention, c'est très très tiède.

J'ignore totalement si j'aurai le courage d'écouter un nouvel album de Neal MORSE après ça. Seul l'avenir le dira. Mais à part pour TRANSATLANTIC, qui met également à profit les talents d'écriture de Stolt et - surtout - Trewavas, je pense arrêter là les frais pour Neal et sa clique de copains virtuoses. En l'espace d'un an le garçon a sorti un album solo (il est vrai très bon et frais), un double album du NEAL MORSE BAND, un FLYING COLORS, il se prépare à sortir un nouveau TRANSATLANTIC et voilà que déboule un double album-concept sur la vie de Jésus. Et je n'en puis plus. En tant qu'auditeur, je me sens plus épuisé, plus harassé, plus las que lui doit l'être en tant que stakhanoviste de la piste MIDI. Où est le problème ? me direz-vous alors, tu n'as qu'à dire que c'est nul à chier, trois paragraphes, un café l'addition et on recommence la prochaine fois, remets-ça René !

Là est le souci. Là est la raison pour laquelle je coupe les ponts avec MORSE. C'est que ce n'est pas mauvais, justement. Il y a des bonnes choses, dans ce Jesus comme dans pratiquement tous ses autres albums. Il y a une petite poignée de chansons vraiment excellentes, on peut les citer d'ailleurs : "The Woman of Seven Devils" en mode sleazy blues rock féminin sexy à souhait, "Getaway"simple et pas originale (il y a beaucoup de "Healing Colours" dedans) mais qui fonctionne très bien ; la petite "Better Weather" fait penser à l'excellente "Beginnings" de... SPOCK'S BEARD (tiens tiens), et "Love Has Called My Name" est exaltante et optimiste puisqu'elle suit pas à pas les traces d'une certaine "Wind at my Back", "(reprise)" comprise. Tout ça est très bien, excellent même. Pas original mais prenant.

Il y a aussi quelques détails qui font plaisir. Ainsi Neal, pas rancunier, travaille ici avec ses deux successeurs dans le groupe de ses débuts : on retrouve Nick D'Virgilio en Judas et Ted Leonard qui campe un Jésus humain et attachant. Les différents chanteurs sont d'ailleurs un plus, souvent lâchés dans la pampa, avec en point d'orgue "He must get to the cross", rock de stade fiévreux et bourrin qui se termine dans la plus jouissive "large ham competition" : quand un Caïphe bien remonté chante "He must go to the CROOOOOOOOOSSSSSSSSSSS", on a vraiment l'impression qu'il a les clous dans la main ! Enfin, euh, hem, vous m'avez compris... Et il y a aussi l'élément clef, le principal, le plus évident mais aussi le plus réussi qui fait que non, Jesus n'est pas un MAUVAIS disque : les choeurs. Qu'ils soient de comédie musicale, angéliques ou gospels, ils provoquent le sourire à chaque fois.

Au niveau de l'inspiration, MORSE est sur son terrain de prédilection et joue la carte de la facilité, mais c'est également l'occasion de briller sur quelques thèmes sympathiques, la trahison de Pierre pas mal vue, le thème du calvaire propice à un beau solo (qui détonne parmi d'autres où Paul Bilatowicz saoûle très vite), et puis la mort de Judas qui dans sa fin fait penser, c'est un gros compliment, à celle de Javert dans une autre comédie musicale. Niveau histoire, je ne prendrai pas en compte les considérations évangélistes puisque moi, Jésus, j'ai lâché l'affaire juste après le numéro où il rencontre Dr Octopus. Mais il n'est pas difficile de se rendre compte que ce disque, malgré toutes ses qualités, est long. Long. Long.

Sa longueur n'est pas facilitée par la production. Les tics d'arrangements de MORSE sont de plus en plus visibles et on atteint très vite la saturation ; et en réalité, en décortiquant un peu, on se rend compte que le principe de Neal est d'avoir placé ses penchants progressifs sur un canevas de comédie musicale à la West End ; or, tous les arrangements prog, que ce soit l'inévitable canon à la GENTLE GIANT, les orgues Hammond glissants, les solos de synthé, les cuivres pouet pouet et les descentes de strings à la Thor, tous sont devenus si clichés qu'ils lâchent complètement l'auditeur dans une mégalomanie non nécessaire. On a donc une dichotomie choeurs gospel / zinzins progressifs qui était géniale et inédite dans les années 90 ("The Water" !), un peu clichée voire pompante dans les noughties, et désormais rhédibitoire. Neal, fais simple. Pitié. Et ARRETE les intros ouverture avec les thèmes en mode Portnoy + ça se calme et je chante une complainte en mode guitare folk, par miséricorde.

Le côté mécanique et prévisible est si présent qu'il loupe des choses... inloupables. Meilleur exemple : le coup de lance fatal à Jiiizeus. Il tient l'auditeur en haleine et hop ! un dernier coup. Or non, le thème de la chanson, ce n'est pas la lance qui transperce la chair, c'est l'âme qui quitte le corps. Il aurait laissé l'orchestre mourir, c'était beau. Au lieu de ça, Picard s'est facepalmé deux fois. De même, je veux bien que la musique fasse passer le tourment interne des âmes écorchées par le destin funeste tout ça d'sa mère, mais franchement, l'intro interminable de "Jesus Before Pilate", à base d'entrée sur la piste Roger Lanzac de Kiki l'éléphanteau nain des Yvelines, à quel moment Neal a-t-il pensé - je n'ose pas utiliser le verbe croire - que ça marcherait ? Tout comme "The Madman", véritable tour de force clichesque où pas une seconde les anciens ingrédients savoureux voilà vingt ans n'arrivent à convaincre.

Vous allez me dire que vous ne comprenez pas. Ce disque, alors, il est à déféquer par les trous de nez ? Ou il est divinement céleste ? Comme dirait Léodagan : c'est pas si simple. Certains disques ont les qualités de leurs défauts et vice-versa, chez MORSE au contraire c'est bien balisé, bien identifié, et c'est ça qui me chagrine. Je ne peux pas dire du mal : c'est bien fait, correctement réalisé, et si on met de côté la kitscherie absolue de certains passages c'est très écoutable. Mais je ne peux pas dire du bien, parce qu'après 2h10 d'écoute, je n'ai pas envie, une seconde, de * réécouter * cet album. Et c'est là le noeud du problème. Neal MORSE invente le chef-d'oeuvre minute : un instant Léonard de Vinci, celui d'après lingette Swifter remplie de poils de caniche et autres pilosités diverses. Ma chronique ne servira donc à rien, du tout, et c'est bien ce qui m'énerve : les fans, allez-y, les autres, n'allez-z-y-pas. Et pour un auteur/compositeur qui depuis vingt ans écrit sur la faiblesse, la complexité et la malléabilité de l'esprit humain, je trouve que ce contraste tranché ne rend pas service à Neal MORSE. Pete, Roine, please help.

Me, beforehand.

Note finale : entre 2 et 4 selon vos attentes.

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   BAKER

 
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- Neal Morse (claviers, prog, guitare, chant)
- Ted Leonard (chant)
- Jake Livgren (chant)
- Nick D'virgilio (chant)
- Mark Pogue (chant)
- Matt Smith (chant)
- Julie Harrison (chant)
- Rick Florian (chant)
- Gabe Klein (chant)
- Gideon Klein (chant)
- Talon David (chant)
- Wil Morse (chant)
- Bill Hubauer (claviers)
- Paul Bielatowicz (guitare)
- Randy George (basse)
- Eric Gillette (batterie)


1. Introduction
2. Overture
3. Getaway
4. Gather The People
5. Jesus' Baptism
6. Jesus' Temptation
7. There's A Highway
8. The Woman Of Seven Devils
9. Free At Last
10. The Madman Of The Gadarenes
11. Love Has Called My Name
12. Better Weather
13. The Keys To The Kingdom
14. Get Behind Me Satan
15. He Must Go To The Cross
16. Jerusalem
17. Hearts Full Of Holes
18. The Last Supper
19. Gethsemane
20. Jesus Before The Council And Peter's Denial
21. Judas' Death
22. Jesus Before Pilate And The Crucifixion
23. Mary At The Tomb
24. The Greatest Love Of All
25. Love Has Called My Name (reprise)



             



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