Mais que voilà un drôle de nom d'album ! Comme si nos suédois pouvaient être des fans de tourisme alors qu'ils sont au sommet des charts ! Nous devons à la réalité d'avouer qu'il a tout simplement été composé sur la route, entre deux hôtels et deux avions, d'où ce nom finalement pragmatique ! Mais ROXETTE ne s'est pas contenté d'un album classique, puisqu'il a été décidé en haut lieu d'inclure dans cette rondelle les plus grands succès du groupe en live. Le duo souhaite en effet profiter de la dynamique provoquée par la gigantesque tournée Joyride tour pour composer à tout va et ainsi profiter d'un max d'énergie. C'est couillu, car les fans connaissent déjà les classiques, il ne faut pas se planter sur le reste des compos.

Trois singles ! "How Do You Do" est le seul réel succès et premier single de cette livraison, on est clairement passé dans les nineties sur cette chanson pas prise de tête du tout ou Per chante les couplets et Marie le refrain. Le seul mot qui vient à l'esprit est efficace ! Pas dingue, mais bien là ! C'est au Mont Saint Michel que les suédois sont venus tourner la video de "Queen Of Rain ", et il faut admettre qu'une efficacité maximale se dégage de cette compo. Oui, c'est mainstream, oui c'est entendu ... "Facile" ? Pas tant que ça, la voix de marie y est superbe, les choeurs judicieux et l'ambiance générale super pop. De la bonne came, avec une belle intervention de gratte sèche et une fin dantesque. Enfin, le mid tempo, "Fingertips" chanté par Per et Marie en alternance, est un parfait exemple de pop rock composée pour truster les premières places des billboards, dont acte !

La petite course de "Keep Me Waiting" est fort bien drivée par Per. C'est pop en diable, mais de fort belle qualité, quelques éléments new wave sont d'ailleurs de retour, pour le meilleur. C'est ainsi que ROXETTE gagne ses galons de superstar pour les années à venir. Une orchestration au top et des backing vocaux de grande qualité. "Silver Blue" dispense la désormais classique ambiance mi claviers mi guitare typée new wave de ces années 90. Per et Marie y chantent avec moins de conviction à mon sens, et ce titre a moins bien vieilli, on est proche des thèmes des voisins d'A-HA sur cette composition. Quelques mid tempos : accrocheur, "The Rain" impose une ambiance plus dramatique qu'à l'accoutumée, nos suédois étant des friands de l'existence "wasiwasa" super saine et avec positive attitude. "Here Comes The Week End" est sans doute plus facile avec une progression d'accord très classique, e des harmonies vocales digne des sixties.

Un riff basique mais de bon aloi drive "Cinnamon Street", chanté par Per. Du rock bien couillu, très mainstream. Je dirais que nous sommes très proche de Bryan ADAMS, soit le king du soft rock en général. L'alliance idéale de la pop et du rock. Beaucoup d'arrangements sur "Come back", qui sonne très eighties et me semble être un pot pourri de plusieurs chansons classiques sans toutefois pouvoir les nommer, une grosse gratte vient emporter le morceau sur la fin. Enfin, les deux slows : "The Heart Shape Sea" nous rapprocherait presque des hits de BON JOVI, le mix des deux voix des artistes est excellent, les arrangements au top, on continue dans l'excellence. "Never Is A Long Time" est un peu sirupeuse pour emporter ma totale adhésion.

Alors que disent les versions live ici proposées des classiques du groupe. Est-on dans le manque de matos neufs ou dans la glorification, voire la transcendance ? Chronologiquement on débute par "So far Away", piano, synthé et gratte acoustique accompagnent Marie pour le meilleur. On préférera cette version plus couillue que la classique. Puis on prend plaisir à entendre la foule chanter "It Must Have Been Love" et Marie se permet des digressions. Belle ambiance ! Cette version minimaliste se tient pas mal, et la lap steel lui donne une identité country plutôt bienvenue, qui a du de plus plaire à nos cowboys d'outre atlantique. La guitare acoustique annonce "Things Will Never Be The Same" et un chant assez habité de Marie, dans une version bien meilleure qu'en studio sur l'album précédent.

Quand est-il des mégas standards de ROXETTE ? On est ravi de constater la présence conjointe de leurs deux titres les plus connus : "The Look", superbement introduit par une gratte bien grasse et des synthés supra eighties, est le synonyme même du travail bien fait à la suédoise ! La version proposée de "Joyride" est de la même trempe, une pure merveille, un joyau de pop rock comme il y en a peu, avec toute la pêche d'un super concert, le son et la production sont vraiment à la hauteur. Beaucoup de plaisir et de dynamique à l'écoute de ses chansons, ce qui permet a Tourism de gagner encore en profondeur là ou on craignait du remplissage.

Malgré un manque de succès - incompréhensible - aux USA, l'album va faire un flambard partout ailleurs dans le monde et s'écoule à plus de six millions d'exemplaires, ok c'est moins que Joyride, mais on savait que la performance ne pouvait être rééditée. Il n'y a pas de doutes que la formule magique mise au point par Per Gessle agit ici à plein. Je dois d'ailleurs maîtriser ma plume pour ne pas écrire le mot "efficacité" toutes les trois secondes ! C'est pourtant ce qui vient en tête systématiquement à l'écoute de ce skeud très bien roulé. Bien sur, on cause de pop rock, mais malgré un aspect "facile" évident, le savoir faire du duo suédois est incontournable. En ce début de décennie ROXETTE est vraiment sur le toit du monde et Tourism est une introduction parfaite à sa musique.

Hélas, j'apprends le décès de Marie Fredriksson en mettant le point final à cette chronique.