La Suède est un pays pragmatique et efficace. Vous n'en doutiez pas ? D'un strict point de vue musical, la carrière d'ABBA devrait suffire à vous convaincre de la capacité des suédois à régner sur la musique anglo saxonne et mondiale malgré une langue et une culture à l'opposé des considérations des rock stars lambda. ROXETTE est arrivé sur la scène Internationale alors que je débutais ma longue vie estudiantine. Pas de passion particulière pour ce groupe, mais une propension naturelle à truster les premières places de manière permanente m'avait à l'époque beaucoup marqué, c'est ainsi que nous voici ensemble à l'orée de leur carrière !

Enfin, à l'orée… Voila qui n'est pas tout à fait juste puisque Per Gessle, né en 59, a monté le groupe GYLLENE TIDER, groupe phare de la Suède des seventies puis a pondu deux albums solo avant de débuter l'aventure ROXETTE avec la blonde Marie Fredrikson, d'un an son aînée. Marie, elle, officiait dans le groupe punk STRUL, et débute sa carrière solo en même temps que Per. Les deux jeunes gens se cotoient depuis de longues années et Marie participe à la seule aventure - avortée – de GYLLENE TILDER à l'international. Le flop ne les abat pas et c'est sur le conseil d'un des boss d'EMI que les deux jeunes gens prennent la suite sous le nom de ROXETTE, choisit pour sonner plus international que le précédent.

Nous avons déjà connu des duos de ce genre la décennie précédente. On n'est pas si loin que cela d'EURYTHMICS dans l'image finalement ! C'est avec "Neverending Love" que tout débute réellement pour le duo, il s'agit d'une traduction an anglais d'un des ancients titres de Per. Le premier singe du duo à percer la couche d'indifférence, avec un petit effort, vous allez même vous souvenir de ce petit refrain charmant. C'est eighties en diable, et le mix entre les voix des deux rock stars fonctionne pas trop mal. Un titre porteur d'espoir, mais il va falloir se tourner vers un son plus pêchu pour la suite ! Un traitement pop franchement proche de la variété sur le single suivant "Goodbye To You", au thème d'une simplicité plus que désarmante, seul le chant de Marie lui donne un peu de peps, mais c'est très superficiel.

Le troisième "Soul Deep" est plus énergique, avec des cuivres et une Marie toute agressive, on touche un peu cependant certains éléments qui feront des flambards dans peu de temps. On en termine avec les singles avec le vaguement new wave "I Call Your Name", avec un chant partagé. Mignon mais pas flamboyant. I y a en outre plusieurs slows sur cette galette, voyons voir : c'est slow sur "So Far Away", une première antichambre avant les giga succès qu'aura le groupe avec les slows qui feront danser la planète entière. Pour l'instant, pas de quoi bouger une oreille ! Nous avons un duo "From One Heart To Another", mouais, c'est larmoyant et sans réel ressort. IL me semble que l'adjonction de Per sur ce genre de titre est une erreur. Il faut laisser la môme Fredrikson assumer cette charge toute seule. Chanson popette étudiée pour les supermarchés "Secrets That She Keeps" risque de vous laisser de marbre.

Quelques titres un peu plus rentre dedans : "Surrender" est une petite chevauchée en mode synth pop, une identité new wave évidente, finalement, ce sont les premières influences du duo qui ressortent. On vit avec son temps en 86 ! L'esprit pop rock simpliste qui règne sur "Joy Of A Toy" est efficace, c'est direct simple, avec un beat de synthé très eighties et une guitare qui tient la route. Le chant de Mari"e fait ici la différence, la clarté de sa voix est juste agréable à l'oreille, on sent toute l'énergie de la jeune femme. Petite course légère, "Like Lovers Do" annonce les immense standards à venir des suédois, il manque évidemment certains ingrédients, mais on sent que les premières idées sont là, il faudra juste plus de pêche et de distorsion pour sonner rock star !

"Voices" est l'unique contribution de Marie au pole composition sur ce premier opus. On est d'ailleurs fixé : c'est très différent des chansonnettes habituelles de Per Gessle. Un traitement plus synth pop, c'est indubitablement plus sophistiqué, mais à nouveau Per glisse des couplets et la chanson perd en ambiance avec l'éloignement de Marie, grossière erreur ! Enfin, mélodiquement, "Call Of The Wild" est presque drôle tant c'est basique et sans ressort. La voix de Per ne le fait pas pour moi, au contraire, il s'agit à mon sens d'une faiblesse... Le jeune guitariste va-t-il, à l'instar de ses aînés Bjorn Ulvaeus et Benny Anderson, comprendre tout le parti qu'il peut tirer de la voix de Marie Fredrikson s'il lui laisse le devant de la scène et se contente de l'ombre, du son et des compositions ?

L'eazy listening des nineties dans toute leur splendeur ! Je sais, on est dans les eighties, mais ce groupe annonce clairement l'arrivée des mouvements alternatifs et la fin de la toute puissante new wave ! Pas de la daube, non, car on reste proche d'une mouvance pop des choses avec quelques aspects variété Internationale. C'est déjà très carré, un poil trop même et cela manque de folie et de dynamique. Pour le moment, Marie et Per n'ont pas encore forgé l'identité pop rock qui va faire d'eux des vedettes de tout premier plan, mais on sent par instant que la capacité de pondre des hymnes est belle et bien là. Un premier album avec trop de flops pour atteindre une note moyenne.