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Johnny HORTON - The Spectacular Johnny Horton (1960)
Par LE KINGBEE le 30 Décembre 2019          Consultée 1550 fois

Contrairement à ce que pourrait laisser suggérer la chronique de la compilation « Rockin’ Rollin’ Johnny Horton », Johnny HORTON demeure l’auteur et le propriétaire d’une discographie de trois disques. Le reste de son impressionnante discographie est malheureusement posthume.
Historiquement, ce disque est le premier recueil du guitariste. Ce roi du Tonk Roll a donc enregistré de son vivant trois galettes. Outre ce premier 33 tours, le guitariste a gravé « The Fantastic Johnny Horton » pour la firme Mercury, disque sortant dans les bacs américains en novembre 59. « More Johnny Horton Specials-America's Most Creative Folk Singer » publié par Dot et contenant des enregistrements antérieurs ne paraîtra qu’en décembre 59. Ce disque quasiment introuvable est de nouveau disponible en numérique depuis le début de l’année. Le spectaculaire Johnny doit se retourner dans sa tombe devant autant de progrès.

Alors le disque que je m’apprête à chroniquer ne provient pas du pressage US original, hors de prix pour ma bourse, mais du pressage anglais paru chez nous quelques mois avant le tragique accident de voiture dont notre countryman sera victime. Le logo Philips sur la droite de la pochette témoignant de ma bonne foi.

En examinant la pochette dorsale, on imagine aisément à quelle sauce l’industrie du disque américain a essayé d’accommoder le chanteur. Il faut dire que les succès de « When It’s Sprintime In Alaska » et surtout « The Battle Of New Orleans » se classant tous deux sur la plus haute marche des charts Country, le second grimpant aussi à la 1ère place du classement Pop, allait engendrer un peu de folie dans le quotidien du chanteur. On s’amusait alors à lui coller sur le paletot la blue coat du soldat nordiste. Pour un peu, Johnny aurait pu figurer sur une couverture des « Tuniques Bleues », célèbre bande dessinée contant les déboires du caporal Blutch et du sergent Cornélius Chesterfield. On se dit aujourd’hui que cet ancien pécheur en Alaska devenu vedette du Honky Tonk, homme aussi discret qu’élégant dans la vraie vie, a du en subir des vertes et des pas mûres. Il suffit de regarder certaines vidéos pour se rendre compte que le bonhomme n’était guère à son aise dans ses tournages pittoresques, voire croquignolesques, de shows télé, même s’il s’y prêtait de bon cœur.

Les 12 titres proviennent de six sessions enregistrées entre juin 1958 et mai 59. « The Battle of New Orleans » figurant sur ce disque est différente de la version US, la version du disque a été gravée le 13 mai 59 alors que l’américaine avait été mise en boîte le 27 janvier. Une raison très simple à cela, les ondes britanniques refusaient de passer la chanson dans laquelle Horton parlait de « bloody british ». Si cette bataille remontait à 1815, les anglais avaient en 1959 encore du mal à se remettre de cette débâcle, l’armée britannique des tuniques rouges perdant un peu plus de 2000 hommes contre 70 pour les soldats d’Andrew Jackson. Pour l’anecdote, cette grande victoire américaine, bien que mineure, est toujours célébrée dans le Sud de la Louisiane. Le comble de cette tuerie fut qu’un traité de paix avait été signé quelques six semaines avant, traité ignoré par les belligérants

C’est sur fond de banjo qu’Horton refonde l’histoire. Composée et enregistrée en octobre 57 par Jimmy Driftwood, un excellent folkloriste devenu instituteur, cette chanson véritable patrimoine de la chanson populaire américaine sera éclipsée par la version de Johnny Horton. Tous les américains âgés de 5 à 99 ans en 1959 se souviennent de la chanson sous fond de banjo, guitare et tambour : « In 1814 we took a little trip - Along with Colonel Jackson down the mighty Mississippi … And we caught the bloody British in the town of New Orleans … ». Si la version anglaise de Johnny Horton ne se classera qu’à la 16ème place des classements anglais, l'Ecossais Donnie Donegan parviendra à faire grimper le titre sur la seconde marche dans une version skiffle de la meilleure veine. Le titre sera repris par moult countrymen et pseudo patriotes (Johnny CASH, Eddy ARNOLD, Bill HALEY) mais on reste attaché aux versions de Jimmy Driftwood, perdant malheureux, et à celle de Johnny Horton, bien plus connue. Le titre sera parodié par le duo HOMER & JETHRO (« The Battle of Kookamonga ») et par les anglais de Big Audio Dynamite, groupe de l’ancien membre des CLASH Mike Jones.

Si Horton peut être considéré comme le roi du Tonk Roll, un Honhy Tonk durci parfois gorgé de Rock n Roll, le guitariste excellait aussi dans les ballades, celles-ci se taillant une bonne part de la galette : « When It’s Springtime In Alaska », coécrit par Horton et son contrebassiste Tillman Franks, évoque avec nostalgie la période durant laquelle Johnny officiait comme pêcheur. Johnny CASH, grand ami du guitariste reprendra la chanson avec June Carter dans l’album « Orange Blossom Special » dans une version bien pantouflarde. On conseillera l’écoute des reprises de Claude King, autre grand copain, ou de Jimmy Wakely. « Whispering Pines »⃰ évoque un amour perdu à l’image d’un flocon de neige qui finira invariablement par disparaître. Compositeur du morceau, Howard Crockett en délivrera une bonne version produite par Bruce CHANNEL. Horton gomme tous les effets de lap steel sur « Lost Highway », vieux titre de Leon Payne repris par Hank Williams, modernisant ainsi le morceau transformé en cowboy song. Le mid tempo « Sam Magee » ne nous conte pas la vie du pionnier du fingerpicking, mais provient d’un poème déjà chanté par Jimmy Driftwood de Robert Service, célèbre conteur connu sous le sobriquet « le barde du Yukon ». Il modernise un brin « All For The Love Of A Girl », une ballade Hillbilly publiée en 1953 pour Mercury. Roy Drusky avec sa voix de baryton reprendra le morceau en 64 pour Mercury, la firme étant propriétaire des droits.

Si Jimmy Driftwood utilisait des airs folkloriques et old time comme supports à ses textes historiques, Horton était capable de mélanger des personnages fictifs à des éléments d’histoire. Le rythmé « Joe’s Been A-Gittin’ There » s’écoute comme une quadrille ou un air de square dance. Le titre sera plus tard massacré joyeusement par le duo Joy & Dave.
Mais Johnny Horton excellait aussi et surtout sur des pièces plus enlevées dans lesquelles venaient s’emboîter Rock n Roll, Rockab, Honky Tonk, Teens Rock, Folkabilly et Western. L’entraînant « The First Train Heading South » se dévoile comme une invitation à la danse, la présente version s’avérant nettement plus dynamique que celle mise en boîte pour Mercury en 1952. « Mr. Moonlight » est un honnête Teen Rock dans lequel la guitare de Grady Martin donne toute sa mesure.

Terminons ce panorama avec les pièces les plus enlevées. « The Golden Rocket », un vieux train shuffle d’Hank Snow est comme baigné dans un bain de jouvence, le titre est revitalisé sous forme de Rock n Roll. Une version bien plus dynamique que celles qu’en feront de nombreux outlaws et truckers. Longtemps repris sous forme de Piano Rag, le grand classique de Moon MULLICAN « Cherokee Boogie » se retrouve transformé ici en Rockab avec vocal syncopé, pour une tuerie qui n’a pas pris une ride 60 ans après son enregistrement. « North To Alaska » au départ une cocasse chanson d’amour figurant au générique du western du même nom (« Le Grand Sam ») prend un air de mid tempo vitaminé. Ce titre gorgé de bonne humeur change à lui seul la donne du disque. La version US proposait en effet « Got The Bull By The Horns » un excellent Boogie Rock n Roll remplacée donc par cet impayable « North To Alaska ». Doit-on y voir un clin d’œil des anglais ? L’Alaska racheté en 1867 à la Russie par les ricains pour une somme d’environ 120 millions de $ actuels, est considéré comme un quolibet chez les rosbeefs.

Ce disque n’apparaît en Angleterre qu’un an après la publication américaine⃰⃰, « North To Alaska » étant mis en boîte le 9 août 1960 à Nashville dans les studios des frères Bradley. Sans deux titres un peu guimauves et trop mollassons, ce Spectacular Johnny Horton aurait pu décrocher la note maximum. Note réelle 4,5.

⃰ Il s’agit d’un titre homonyme aux compositions du BAND et des Crusaders.
⃰⃰ Nous indiquons ici la date de 1960, année de l’édition Philips.

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- Johnny Horton (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Harold Bradley (guitare 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-12)
- Tommy Tomlinson Guitare 1-3-4-5-6-8-10,
- Reggie Young (guitare 11)
- Jack Shoot (guitare 12)
- Joseph Zinkan (basse 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-12)
- Lightnin' Chance (basse 11)
- Buddy Harman (batterie)
- Jacck Mainard (chœurs 12)
- Howard Welborn (chœurs 12)
- Rusty Goodman (chœurs 12)
- Thurman Bunch (chœurs 12)


1. The Battle Of New Orleans
2. Whispering Pines
3. The First Train Heading South
4. Lost Highway
5. Joe's Been A-gittin' There
6. Sam Magee
7. When It's Springtime In Alaska
8. Cherokee Boogie
9. All For The Love Of A Girl
10. The Golden Rocket
11. Mr. Moonlight
12. North To Alaska



             



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