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Johnny HORTON - Honky-tonk Man (1962)
Par LE KINGBEE le 24 Décembre 2020          Consultée 980 fois

C’est un album posthume que nous propose ici la Columbia. Le disque prend pour nom une chanson enregistrée en janvier 1956, l’un des premiers grands succès du guitariste pour sa nouvelle écurie. Curieusement, si le disque paraît dans les bacs des disquaires américains durant l’été 62, il apparaît dès novembre 61 en Angleterre via une production labélisée Philips. Seules la pochette dorsale et les rondelles changent.

Si ce disque regroupe douze titres enregistrés lors de six sessions (11 janvier 56 – 12 novembre 56 – 11 avril 57 – 13 décembre 57 et enfin 7 et 9 mars 60) il offre surtout l’avantage de regrouper des succès à des titres plus inusités mais néanmoins captivants.

Excellente mise en bouche avec "Honky Tonk Man", un Tonk Roll patiné de Nashville Sound, véritable marque de fabrique du chanteur. Si le titre a fait l’objet d’une cinquantaine de reprises, la complicité entre le jeu de guitare de Grady MARTIN, la basse de Bill Black et le timbre d’Horton n’a jamais été égalée. Si Bob LUMAN en 1970 dans une version assez pauvre et Dwight YOAKAM en 86 replaceront le morceau en bonne place dans les classements US, la meilleure cover nous semble venir des Red Shots, petit groupe allemand de Rockabilly. Outre le titre d’ouverture, Horton apporte quatre chansons de son crû : "I’m Coming Home" se révèle plus sauvage et figure pleinement dans un Tonk Roll durci. Repris une vingtaine de fois, les amateurs s’orienteront en priorité vers l’original en lieu et place de nouvelles interprétations voguant entre New Country et Country FM. Les versions Live de COMMANDER CODY et de Nick Lowe méritent selon nous le détour, idem pour Earl Aycock auteur d’une version Hillbilly des plus roots. "She Knows Why" prend une coloration nettement plus Hillbilly avec un chant parfois à la limite du yodel. Ecrit conjointement avec Claude King, ce morceau avait été enregistré sans succès par King pour le label Specialty.
Changement de cap avec "Everytime I'm Kissing You", une ballade sentimentale pleine de douceurs chantée avec un bon plein de nuances. Une compo bien supérieure selon nous aux reprises de Faron YOUNG et au sucre d'orge de Brook Benton. Autre chanson élaborée avec Howard Crockett, "Ole Slew-Foot" prend sa source dans "Bear Tracks", un bluegrass instrumental de Jimmy Martin. Là, Johnny propose une superbe fusion entre Hillbilly Rock et Honky Tonk sur la thématique de la chasse à l’ours. Enregistrée plusieurs fois, c’est la version avec harmonica que la Columbia propose ici. Si le guitariste nous délivre une chanson au tempo élevé et dansant, celle-ci tombera dans l’escarcelle du Bluegrass et des banjoïstes. June Carter et Rose Maddox se lanceront elles aussi dans la chasse à l’ours avec une certaine verve. Composé avec Tillman Franks, son fidèle complice, "I’m A One Woman Man" nous immerge entre Nashville Sound et Honky Tonk vitaminé, avec comme point d’orgue la guitare de Grady MARTIN reconnaissable entre mille. Repris par George Jones, l’Opossum, qui tentera vainement de s’en offrir la paternité, c’est à Merle Kilgore que l’on doit la meilleure cover. Si Clarence Williams composa la comptine "My Bucket's Got a Hole in It" popularisée par Hank WILLIAMS puis Ricky NELSON, Horton et son contrebassiste décalaminent les codes sur l’humoristique "I Have A Hole In My Pirogue". Ou les vicissitudes d’un pêcheur de la Nouvelle Orléans victime d’une embarcation récalcitrante voguant entre Western et Hillbilly.

Au rayon reprises, Johnny surprend avec "I’ll Never Take Her Love" et sa bordée de violons, une ballade de Leon Payne qui connaitra son heure de gloire par l’entremise d’Hank WILLIAMS. Le timbre qui fournit une émotion garantie rappelle que la ballade fut longtemps le domaine de prédilection du chanteur. Avec son intro de guimbarde "Sleep Eyed John" nous expédie au cœur d’une sympathique quadrille. Issu de l’imagination fertile de Merle Kilgore et Tillman Franks, "The Wild One" ⃰ se révèle plus ambigu et monte crescendo ; la version de Kilgore aurait dû figurer au générique du film "The Wild Ones" (L’Equipée Sauvage) avec Marlon Brando mais fut coupée au montage. Œuvre de Lee Emerson, ancien acolyte de Marti Robbins, "Goodbye Lonesome, Hello Baby Doll" se situe à la lisière du Hillbilly et d’un mid Rockab. La steel guitar de Tom Tomlinson apporte une incontestable touche rustique, tandis que le chant légèrement syncopé s’oriente vers un Rockabilly brut de décoffrage. Cet inusité tomba au fil des ans dans la besace de nombreux groupes de Rockab (Matchbox, The Bellshots, The Lonesome Strangers, The Flea Bops ou Prairie Oyster). Dernière reprise et piste du disque, "Honky Tonk Hardwood Floor" pourrait servir de synthèse explicative du talent créatif du guitariste. Cet Hillbilly un brin mollasson, gravé au tout début des fifties par Jess Willard, connaitra deux reprises ancrées dans le R&B via Kay Starr et Bob Williams, deux titres qui nous paraissent sans grand intérêt. Mis en boite en décembre 57, l’interprétation novatrice et ultra dynamique d’Horton permet de lui redonner un coup de peps salvateur et place la chanson sur la carte des grands rockabillies de la Columbia. Devenu classique de la planète Rockab', le titre fut souvent repris mais jamais égalé. Clyde STACY, les suédois Mike Teardrop Trio et les étonnants Italiens de Wheels Fargo & The Nightingale en offrirent des covers recommandables.

Ce disque posthume met en avant la richesse musicale d’un guitariste chanteur précocement disparu. Si Johnny Horton était comme un poisson dans l’eau dans le domaine de la ballade, courant dans lequel il ne connut pourtant guère de grands succès, le bonhomme reste le roi d’un Honky Tonk que l’on qualifie d’avant-garde. Les titres vont à l’essentiel et correspondent aux formats radio de l’époque, le morceau le plus long atteignant les 186 secondes. Cette fusion d’Hillbilly, de Boogie à la sauce nashvillienne et d’Honky Tonk durci aux confins du Rockabilly lui permirent de devenir le Roi du Tonk Roll.
Signalons pour terminer la pochette pas si anodine puisque Johnny Horton fut longtemps pêcheur professionnel en Alaska.

⃰ Titre homonyme à ceux de John O’Keefe, Thin Lizzy et Bobby Rydell.

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- Johnny Horton (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Harold Bradley (guitare 1-2-3-4-5-8)
- Tom Tomlinson (guitare 6-7-9-10-11-12, steel 2-5)
- Hank Garland (guitare 6-7-9)
- Bill Black (basse 1-3-4-8)
- Joseph Zinkan (basse 6-7-9)
- Jesse Sparks (basse 10-11-12)
- Lightnin' Chance (basse 2-5)
- Buddy Harman (batterie 6-7-9)
- Allen Harris (piano 10-11-12)
- Lilian Vann Hunt (violon 6)
- Wilda Tinsley (violon 6)
- Brenton Bolden Banks (violon 6)
- Howard Carpenter (violon 6)
- Vernal Richardson (violoncelle 6)
- Vera Gray (chœurs 7-9)
- Verna Gray (chœurs 7-9)
- Carl Gray (chœurs 7-9)
- Harold Gray (chœurs 7-9)


1. Honky-tonk Man
2. Goodbye, Lonesome,hello, Baby Doll
3. I'm Coming Home
4. I Got Hole In My Pirogue
5. She Knows Why
6. They'll Never Take Her Love From Me
7. Ole Slew-foot
8. I'm A One-woman Man
9. Sleepy-eyed John
10. Everytime I'm Kissing You
11. The Wild One
12. Honky Tonk Hardwood Floor



             



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