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Johnny HORTON - I Can't Forget You (1965)
Par LE KINGBEE le 17 Décembre 2023          Consultée 482 fois

Quand Columbia publie I Can’t Forget You, cela fait quatre ans et demi que Johnny HORTON bouffe les pissenlits par la racine. Excellent chanteur guitariste, adepte d’un Honky Tonk aux confins du Rockab et du Nashville Sound, Horton nous a quittés en novembre 60, victime d’un accident de la route alors qu’il rentrait d’un concert.

On ignore avec exactitude de quel bois aurait pu être sa carrière, mais les succès engendrés fin fifties, début sixties et ses nombreuses apparitions télé incitent à penser qu’Horton se dirigeait tranquillement vers le statut de star internationale.

Pour la Columbia, la perte du guitariste est un rude coup. En quelques années, le label a perdu ses rares vedettes Country Hillbilly, il ne reste guère que Johnny CASH et Marty Robbins pour remplir les caisses, même le légendaire Gene AUTRY commence à faire quelques petites infidélités au label. Rose Maddox, Stonewall Jackson, Billy Walker, Frankie Laine, Ray Price, Lester Flatt sont toujours là mais n’incarnent plus du tout les nouvelles tendances. La Columbia décide de sortir un nouvel opus de son ancienne vedette. I Can’t Forget You n’est ni plus ni moins que la réédition de Sings Free And Easy, disque édité par Sesac Recordings en 1959 à destination des radios américaines et non du public. Columbia étant propriétaire des droits, cette production permet de réentendre le chanteur.

Globalement, il n’y a pas d’énormes changements, Columbia ajoute simplement un titre à chaque fin de face de manière à correspondre aux codes de l’époque et ainsi de satisfaire les fans. Il s’agit donc de dix titres enregistrés dans les studios de la KWKH, une radio de Shreveport en lien étroit avec la Louisiana Hayride, le 27 janvier 1958. "The Same Old Tale The Crow Told Me" provient d’une session captée à Nashville au Bradley Film and Recording Studios le 1er octobre 59, tandis que "Lost Highway" a été enregistré le 12 mai, au même endroit.

En ouverture, "Hot In The Sugar Cane Field" surprend par son caractère Folk exotique. Si la guitare de Tommy Tomlinson s’autorise deux brèves interventions, l’accent est mis sur le banjo en corrélation avec les Four B’s, un quatuor vocal blanc ayant officié à la Louisiana Hayride de 1955 à 59. A l’entame de "Lonesome And Heartbroken", une obscurité de Bobby Bobo gravée en 57 pour Sage Records, on se dit qu’il doit y avoir erreur sur la personne avec cette pure guimauve. On échappe toutefois à la pedal steel grinçante de la version originale, une moindre consolation. En découvrant "Seven Come Eleven" *, on se dit que Johnny repart sur de bonnes bases par l’entremise de Tommy Tomlinson, auteur de plusieurs éclats. Si "I Can’t Forget You" donne son titre à l’album, on reste surpris par l’orientation Honky Tonk mollassonne. Si le chant est excellent, le piano de Sonny Horville (pianiste de la Louisiane Hayride entendu auprès de Slim Whitman) sonne vraiment trop scolaire tandis que les quatre choristes impulsent une ambiance à cheval entre Doo-Wop de pacotille et Bakersfield Sound. "Wise To The Ways Of A Woman", une compo de Richard Nash, demeure annonciateur de ses prochains succès ("Honky Tonk Man", "Sleepy Eyed John"), le chant se durci à l’image de certains Rockabillies.

La face b s’ouvre avec l’enthousiaste "Out In New Mexico", une compo du guitariste dont la mélodie s’inspire vaguement de "North To Alaska", création de Mike Phillips, futur Number One dans les charts Country et au générique du Grand Sam, western d’Henry Hathaway. Après quelques zones de turbulences, on se dit que le répertoire repart dans le bon sens. C’est sans compter sur "Tetched In The Head", une soupe de Tim Bradley et Ray Thomas gorgée de banjo et de chœurs aussi intempestifs qu’incongrus, les Four B’s lorgnant sur du Doo Wop de bas étage. "Just Walk A Little Closer" aurait pu être une honnête ballade Honky Tonk si le jeu de piano se montrait plus délicat et si les quatre clampins de choristes ne participaient pas à cette mascarade. Avec "Don't Use My Heart For A Stepping Stone", on se demande si la KWKH n’a pas exigé que Johnny Horton se transforme en crooner pour midinette ou ménagère au foyer, même la guitare prend une connotation Jazzy s’éloignant du répertoire habituel. Une chanson barbante et triste comme un bonnet de nuit. Le doute n’est plus permis, avec "I Love You Baby" ** les programmateurs de cette session radio ont voulu travestir notre tonker en un chanteur pour adolescent du genre Frankie AVALON.

Les deux faces enregistrées à Nashville s’avèrent plus enjouées. "The Same Old Tale The Crow Told Me" reprend la recette de "Johnny Reb" ou "Johnny Freedom". Un banjo entame une entraînante ballade où l’humour se conjugue à une imagination enfantine orientée sur des recits épiques de style western. Compo de Leon Payne, "Lost Highway" connaît le sommet des charts par l’entremise d’Hank WILLIAMS. Il s’agit ici de la même version figurant dans l’album The Spectacular Johnny Horton publié six mois avant le décès du guitariste. L’orchestration et la production de Don Law permettent de réduire le caractère désenchanté et plein de mélancolie de la version d’Hank Williams. Depuis, de nombreux countrymen ont mis la chanson dans leur besace (Hank THOMPSON, Don GIBSON, Chris HILLMAN), mais derrière cette interprétation l’ombre du cowboy Marlboro plane assurément. Ce titre semble être toujours tendance, Jessica Chastain et Michael Shannon en délivrent une version dans la récente série télé George And Tammy, un biopic sur Tammy WYNETTE et George 'Opossum' Jones.

Cette réédition de Sings Free And Easy, disque difficile à dénicher puisque normalement destiné aux stations de radios, agrémentée de deux bonus piochés sans grande logique, ne rend guère hommage au chanteur. Le répertoire est plombé par un pianiste de la Hayride et un quatuor de choristes qui aurait sa place entre Country Gospel et un Doo Wop larmoyant et peu crédible. Aujourd’hui, seuls cinq des douze titres produisent encore leur effet, le reste sonne vieillot et barbant. De surcroît, on peut avoir l’impression que Columbia nous prend pour des pigeons. Ce recueil à moitié posthume ne mérite pas plus qu’un 2.


*Titre homonyme à celui de Charlie Christian.
**Titre homonyme à celui de Paul Anka, Jimmy Reed et Sonny Terry.

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- Johnny Horton (chant, guitare)
- Tommy Tomlinson (guitare)
- Grady Martin (guitare 6-12)
- Hank Garland (guitare 6)
- Tillman Franks (contrebasse 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Joseph Zinkan (basse 6-12)
- Buddy Harman (batterie)
- Sonny Horville (piano 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Marvin Hugues (piano 6, chœurs 6)
- Brad Ingles (chœurs 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Ben Nordine (chœurs 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Bob Mcgee (chœurs 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Buddy Sepaug (chœurs 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)


1. Hot In The Sugar Cane Field
2. Lonesome And Heartbroken
3. Seven Come Eleven
4. I Can't Forget You
5. Wise To The Ways Of A Woman
6. The Same Old Tale The Crow Told Me
7. Out In New Mexico
8. Tetched In The Head
9. Just Walk A Little Closer
10. Don't Use My Heart For A Stepping Stone
11. I Love You, Baby
12. Lost Highway



             



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