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Johnny HORTON - Johnny Horton Makes History (1960)
Par LE KINGBEE le 26 Novembre 2020          Consultée 1270 fois

Ce disque se vend comme du petit pain. Juste quelques semaines après sa sortie dans les bacs des disquaires, Johnny décède le 5 novembre suite à un accident de voiture. Revenant d’un concert en compagnie du contrebassiste Tilmann Franks et du jeune guitariste Tommy Tomlinson, son véhicule est percuté de plein fouet par un conducteur sous l’emprise de l’alcool. Un coup dur pour la Columbia qui perd là l’une de ses meilleures valeurs marchandes. Les disques de Ray Conniff, de Doris Day et Mahalia Jackson ne remplissent pas les caisses, les plus gros vendeurs chez Columbia demeurant, outre Johnny Horton, Johnny CASH et Dave BRUBECK.

Si aujourd’hui, certaines vidéos de Johnny Horton prises lors d’émissions télé ou radio peuvent prêter à sourire tant elles frisent le ridicule, il ne faut pas oublier que le chanteur était un redoutable story-teller. Pour des besoins publicitaires et de marketing, on a parfois affublé le chanteur d’un uniforme de soldat ou d’une casquette en peau de castor comme Davy Crockett. Personnage affable et sympathique, Johnny HORTON avait connu un succès beaucoup plus tardif que les jeunes stars du moment. Ceci explique probablement sa mansuétude devant de tels stratagèmes bien en vogue à l’époque. Contrairement à de nombreuses vedettes de la Country et du Rock' n' Roll, HORTON privilégiait sur scène les costumes classiques et n’arborait ni chemises Nudie ni costards extravagants.

Ce disque est issu de six sessions d’enregistrement s’étalant du 27 janvier 1959 au 11 mars 1960. La première séance reste mémorable pour "The Battle Of New Orleans", l’un des deux titres dont le single grimpera sur la plus haute marche des charts Country et Pop. Mais ce sont les deux sessions du 10 et 11 mars 60 qui fourniront le plus de matière avec pas moins de huit chansons.

En ouverture, "Johnny Freedom" renvoie au personnage imaginaire que la Nation devrait aduler, le super héros, le roi des pionniers, le bonhomme à côté du quel tout le monde aimerait se battre. Une chanson qui a pour but d’unifier les relations parfois tendues entre les gentlemen du Nord et les péquenauds du Sud. Alors que Grady Martin débute au banjo, Johnny chante les traditions d’un pays encore neuf : "You can meet him on each page of history -He's the spirit of a bear cub -Our country's pride and joy -Hats off to Johnny Freedom, Johnny Freedom … ". Si certains y voient une approche patriotique des plus ringardes, avouons que plus de la moitié de la production Country contemporaine se situe un rang au-dessus avec une forte prédilection pour le port des armes et des convictions ultra-conservatrices.
Sous un tempo de ballade Country Rock, le chanteur chante à la gloire de l’explorateur trappeur Jim Bridger, un vrai montagnard, plus humaniste que de nombreux politiques, qui a pour épouses trois femmes issues des tribus des Têtes Plates et des Shoshone. Pas sûr que Ted Nugent ou Donald apprécient les paroles à leur juste valeur. La ballade "Comanche" dans laquelle les baguettes de Buddy Harman imitent les sabots d’un cheval rend hommage non pas aux soldats de Custer tués lors de Little Big Horn mais à un cheval appelé Comanche. Une critique à peine voilée des horreurs des guerres. "Snow-Shoe Thompson", une compo de l’acteur Buddy Ebsen, se pose sur une ballade entre Folk et Hillbilly, dans laquelle HORTON chante à la gloire des premiers des membres des services postaux bravant l’inconnu et les dangers afin que les pionniers et les habitants des régions reculées puissent recevoir des lettres et ainsi ne pas tomber dans l’oubli.
C’est encore sur un rythme de ballade entre Folk et Country qu’HORTON chante "O Leary Cow". Dans ce titre adapté d’un vieux vaudeville et d’une chanson pour enfant, HORTON nous brosse à sa manière le grand incendie de Chicago, celui que les pompiers n’ont pu éteindre malgré leur courage. Il faudra que Dieu fasse tomber la pluie pour que la ville soit sauvée. Afin de trouver un coupable à ce désastre, on désigna la vache de Madame O Leary, la pauvre bête aurait fait tomber une lanterne d’un coup de sabot. Enregistré en 57 par le folkloriste Jimmie Driftwood, "The Battle Of New Orleans" nous conte la défaite des troupes britanniques contre les Américains lors de la bataille de la Nouvelle Orleans. Reposant sur la mélodie de "Eight Of January", un instrumental gravé en 1928 par les Arkansas Barefoot Boys, ce titre à la coloration comique demeure le plus gros succès d’HORTON. Il sera repris maintes fois de Pete Seeger à Eddy ARNOLD jusqu’à Johnny CASH et Lonnie Donegan en Europe. Devant un tel carton, le duo parodique HOMER & JETHRO le transformera en "Battle Of Kookamonga", tandis que Big Audio Dynamite, groupe de l’ex-Clash Mike Jones, en délivrera une version punky. Si le titre qui ferme superbement cette face A a été longtemps étudié par les écoliers américains, le succès sera moindre du côté de la Perfide Albion, l’Anglais n’appréciant guère certaines strophes : "We took a little bacon and we took a little beans- And we caught the bloody British in a town in New Orleans … ". Une seconde version studio enregistrée le 13 mai 59 apparaîtra sur certains pressages anglais. Aujourd’hui, le titre fait encore l’objet de reprises via de nombreux groupes de Newgrass, Bluegrass et Country Folk.

La face b entame les hostilités avec "John Paul Jones". Il ne s’agit pas bien évidemment du célèbre bassiste membre de LED ZEP, mais d’un célèbre commandant de vaisseau écossais ayant rallié la cause des Américains lors de la Guerre d’Indépendance. Sous couvert d’une ballade Folk sonnant Dixie avec son intro au banjo et à la guimbarde, les paroles penchent vers un patriotisme arrangé à la sauce américaine. Cette seconde compo de Jimmie Driftwood oublie de préciser que le héros en question terminera sa carrière pour le compte de Catherine II de Russie. Après "Comanche", Johnny HORTON délivre sa deuxième compo avec "Young Abe Lincoln", une ballade avec banjo dans lequel le refrain répétitif "Yes Young Abe Lincoln make a tall tall man" ne laisse guère de doute sur l’admiration que porte le chanteur au 16ème Président des Etats-Unis. Le banjo, les guitares et les baguettes de Buddy Harman impulsent à "The Battle Of Bull Run" une atmosphère de marche militaire. HORTON évoque les horreurs de la guerre avec l’une des premières batailles entre le Sud et le Nord perdue par les partisans de l’Union. Les amateurs de B.D pourront retrouver certains éléments dans un volume de la série "Les Tuniques Bleues" de Lambil et Cauvin.
Autre chanson dédiée à la marine avec "The Sinking Of The Reuben James", une folk song de Woody Guthrie adaptée de "Wildwood Flower" (Carter Family) elle-même issue de "I'll Twine Mid the Ringlets" de J.P. Webster, auteur de nombreuses chansonnettes se rapportant à la Guerre Civile. Cette fois, HORTON est monté dans une machine à remonter le temps, le Reuben James étant un destroyer coulé en mère d’Islande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Si la mélodie posée sur un tempo dynamique peut surprendre, c'est parce que 44 membres d’équipage seront sauvés de cette tragédie, d’où peut-être cette intonation presque festive voire victorieuse. Ce sont encore les baguettes qui introduisent "Johnny Reb", à l’instar des tambours des champs de bataille. Cette fois-ci, HORTON glisse une épitaphe funèbre envers un soldat confédéré mort au combat, mais le chanteur n’oublie pas que, quel que soit leur camp et leur bravoure, la mort d’un soldat est toujours aussi triste. Le titre de cette chanson prêtera à polémique, certains lui attribuant un discours ultra-sudiste ; le parallèle avec Johnny Rebel⃰, pseudo de Clifford Joseph Trahan, un ségrégationniste ayant enregistré une poignée de singles pour le label Reb Rebel du producteur J.D. Miller ayant été mis en avant par erreur et facilité. Johnny termine son cours d’histoire avec une chanson à la gloire de la Navy britannique et de ses bombardiers torpilleurs suite au naufrage du Bismark, plus gros cuirassé allemand, navire de combat repéré en 1989 à 600 bornes de nos côtes.

Excellent conteur d’histoires et superbe chanteur, Johnny HORTON a longtemps végété dans un rôle de second couteau. Excellent représentant du Hillbilly et du Honky Tonk, HORTON était également à l’aise dans le Rockabilly. Mais c’est bel et bien dans le registre du Tonk Roll qu’il se révéla le meilleur avec des titres comme "All Grown Up", "I’m Coming Home", "Honky Tonk Hardwood Floor" ou "Cherokee Boogie". A l’orée des sixties, après avoir atteint les portes du succès, HORTON a assez de jugeote pour s’apercevoir que la vague Rockabilly va retomber comme une crêpe dans sa poêle. Il va plus ou moins s’agréger au mouvement Folk, connaissant un succès énorme avec ces pièces d’histoire mitonnées à la sauce Nashville. Nul ne sait comment HORTON aurait pu évoluer et encore moins jusqu’où il aurait pu nous emmener. Cinq de ces douze pistes sont rentrées dans l’inconscient collectif des Américains. Ce disque a fait l'objet d'une réédition sous forme de CD en 2002.

⃰ Johnny Rebel, un illuminé notoire sympathisant du K.K.K, est réapparu en studio après trente ans de silence en 2001, enregistrant un titre suite aux attentats du 11 septembre 2001. Preuve que la haine nourrit le fiel et l’horreur. Le bonhomme a cassé sa pipe en 2016.

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- Johnny Horton (chant)
- Grady Martin (guitare 2-4-6)
- Hank Garland (guitare 1-2-3-4-5-7-8-9-10-12)
- Tommy Tomlinson (steel 6-10, banjo 12, guitare 1-2-3-4-5-7-8-9-11)
- Harold Bradley (guitare 6, banjo 11)
- Joseph Zinkan (basse)
- Buddy Harman (batterie)
- Lilian Van Hunt (violon 10)
- Wilda Tinsley (violon 10)
- Brenton Bolden Banks (violon 10)
- Howard R. Carpenter (violon)
- Vernal Richardson (violon 10)


1. Johnny Freedom
2. Jim Bridger
3. Comanche
4. Snow-shoe Thompson
5. O'leary's Cow
6. The Battle Of New Orleans
7. John Paul Jones
8. Young Abe Lincoln
9. The Battle Of Bull Run
10. The Sinking Of The Reuben James
11. Johnny Reb
12. Sink The Bismarck



             



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