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GOTHIQUE  |  LIVE

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- Membre : John Cale , The Velvet Underground

NICO - Reims Cathedral - December 13, 1974 (1974)
Par DERWIJES le 6 Février 2020          Consultée 2321 fois

Maintenant que nous avons fait le tour de ses albums studios, concluons notre cycle sur NICO avec un live. Mais lequel ? Officiel ou officieux il en existe un certain nombre couvrant l'intégralité de sa carrière. Pourtant le choix s'impose de lui-même : Parce que je suis rémois, parce que TANGERINE DREAM, parce que cocorico, nous voilà devant un disque à la pochette résolument gothique intitulé Reims Cathedral – December 13 1974. Peut-être avez vous déjà entendu parler de ce concert ? Les journaux lui ont accordés quelques articles à l'occasion de la sortie d'un documentaire sur l'organisation de ce concert. Je l'ai vu et j'aurais du mal à vous le recommander, c'est un visionnage assez fastidieux qui manque le coche en ne se concentrant pas sur les aspects les plus intéressants du concert. Il a en tout cas eu le mérite de mettre la lumière sur ce qui fut à l'époque un événement :

Nous sommes en 1974 dans un contexte quelque peu morose : Giscard d'Estaing, l'ennui personnifié, n'est président que depuis quelques mois à peine, et les débats sur l'avortement font rage. Musicalement la scène française n'est pas mieux lotie, ne proposant que la variété habituelle, et il n'y a bien que MAGMA pour secouer un peu les choses. Contre toute attente c'est de Reims que viendra le plus gros coup de pied dans la fourmilière. Dans cette ville encore très bourgeoise qui n'est toujours pas remise de la Révolution qui l'a privé de ses rois bien-aimés, un collectif à la bonne idée de faire de nouveau appel aux allemands pour illuminer la ville. Ils parviennent à convaincre l'évêché d'accepter d'ouvrir les portes de la cathédrale (la plus belle au monde, comme chacun sait) le temps d'un concert. Lui qui ne devait pas s'attendre à plus de deux cents personnes voit avec horreur plus de deux mille personnes débarquer dans la cathédrale pleine à craquer...Des deux c'est surtout TANGERINE DREAM le plus connu à l'époque, mais la raison d'un tel déplacement s'explique surtout par un coup de pub mal tourné : France Inter décide de retransmettre le concerts sur leurs ondes en live, choquant la frange conservatrice qui s'offusque, que dis-je, hurle, trépigne et pleure sur cette pauvre Notre-Dame qui sera souillée par cette nouvelle invasion barbare... "La dernière fois ils sont venus avec des bombes, cette fois-ci ils viennent avec des guitares électriques !" Le vacarme qu'ils font poussent d'autant plus leurs enfants à aller à ce fameux concert pour embêter leurs vieux, et toc !

Sur l'ambiance du concert, les témoignages varient. Certains parlent d'une ambiance enfumée à l'encens mais calme et concentrée, d'autres racontent avoir été harcelés par la police qui voulait les empêcher d'entrer et d'autres encore ne tarissent pas de détails sur le saccage que subit la cathédrale, entre les détritus, les objets sacrés abîmés et les fonds baptismaux transformés en toilettes de fortune...Ce qui est sûr c'est qu'heureusement la cathédrale fut nettoyée de fond en comble pour la cérémonie de Noël la semaine suivante, et les râleurs furent les premiers surpris de constater qu'elle tenait toujours debout.

Sur ce CD je serais bref. Il ne sert à rien. Voilà ! Plus sérieusement, la qualité sonore est plus qu'approximative, ce qui est normal vu les conditions d'enregistrement, et ne restitue absolument pas l'ambiance du concert. Nico garde la même interprétation de ses morceaux qu'en studio et navigue à travers une setlist ne comprenant que des extraits de la trilogie The Marble Index, Desertshore et The End avec aise. Si vous souhaitez assouvir votre curiosité mais n'avez pas le courage d'écouter tout l'album, alors lancez vous "Janitor of Lunacy". Et imaginez vous une foule compacte et bigarrée, venue de tous les horizons, surveillé d'en haut par les vitraux...Devant eux, sur scène, NICO : grande, brune, accroupie sur son harmonium mais néanmoins imposante. Elle joue les premières notes, qui semblent se répéter à l'infini, se heurtant à ces pierres ancestrales, se répercutant à travers l'immensité de la cathédrale...Lorsqu'elle commence à chanter le temps semble se dilater, s'allonger, s'éterniser, ce n'est plus NICO qui chante, ce sont ceux sous les cryptes en-dessous de nous, ce sont ses statues de saints et ses gargouilles au-dessus de nous, ce sont des siècles d'histoire dont le poids se fait soudainement sentir sur nos épaules. Les cœurs de ceux présents se serrent, un frisson secret les unit l'espace de ce qui n'est finalement quelques minutes dans cette nef où se sont succédé les Heures de l'Histoire. A travers ce chant, a travers cette musique elle s'anime, semble se réveiller d'un long sommeil pour s'adresser à tous ceux venues la contempler, et c'est d'une voix venue des tréfonds qu'elle s'exprime.

La cinquantaine de minutes que dura le concert constitua le sommet de la carrière de NICO. Jamais plus elle ne montera aussi haut, jamais plus elle n'approchera autant de cet idéal qu'elle recherchait. Pour elle qui petite jouait dans le cimetière de l'église de son village et dont le premier souvenir est de la voir brûlée sous les bombes alliées, elle qui a passé sa vie à se confronter à l'avis des autres et à s’autodétruire, pouvoir jouer dans la cathédrale de Reims dû signifier quelque chose de très particulier. Pour nous autres pauvres mortels il ne nous reste que cette faible tentative pour se souvenir de cette tentation d'approcher l'immortel.

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1. Janitor Of Lunacy
2. The Falconer
3. Valley Of The Kings
4. The End
5. Abschied
6. Mutterlein
7. Frozen Warnings
8. You Forgot To Answer
9. We've Got The Gold
10. No One Is There
11. Ari's Song



             



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