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- Membre : John Cale , The Velvet Underground

NICO - Desertshore (1970)
Par DERWIJES le 29 Janvier 2020          Consultée 1193 fois

Signer chez Elektra aura permis à NICO de lancer véritablement sa carrière solo. Bénéficiant de la confiance du patron de la compagnie elle put faire l’album qu’elle voulait, et tant pis si cela aboutissait à un chef d’œuvre noir qui ne se vendit presque pas, seule compte la valeur artistique du disque.
Elle parvient malgré tout à donner quelques concerts en Europe, mais son comportement imprévisible, que ses biographes estiment dû à un syndrome d’Asperger, plaît de moins en moins à Elektra Records qui mettent ça sur le dos de sa consommation excessive d’héroïne. Son ami Danny FIELDS raconte que Nico tenait parfois des propos antisémites et attaqua physiquement une chanteuse afro-américaine, scandale couvert par la Warhol Factory. Que cela soit vrai ou pas, le fait reste qu’Elektra, soucieux d’éviter les problèmes, la renvoya prestement.

Furieuse, Nico se réfugie à Londres et à Paris auprès de celui qui l’a fait tomber dans l’héroïne, piège qu’elle avait pourtant évité lors de son passage chez Warhol : Philippe Garrel. Cinéaste indépendant et expérimental, celui-ci l’invite à jouer dans son nouveau film, La Cicatrice Intérieure. Si vous ne l’avez pas vu, c’est un peu l’image d’Epinal que l’on se fait du cinéma expérimental : un scénario incompréhensible avec un minimum de dialogues, de longs plans fixes, un jeu d’acteur plus qu’approximatif, et des longueurs, des longueurs…Mais Nico se fait pardonner sa performance en composant la musique du film. Les moments où le silence laisse place à son chant monotone et son harmonium sont les moments où le film bascule dans une atmosphère onirique à la fois glaciale et pathétique.

Desertshore fait directement suite à The Marble Index. John CALE revient pour rajouter quelques instruments, principalement des cordes, à l’harmonium. Les deux comparses vont encore plus loin dans le minimalisme, faisant durer les mélodies de l’harmonium en boucle alors que le chant de NICO semble garder la même tonalité tout le long de l’album. La principale différence entre les deux réside dans leurs atmosphères respectives : aidé par les images du film, son titre et sa pochette, Desertshore évoque un sens de perdition au milieu de nulle part et l’impression d’une désolation d’une intérieure –renvoyant au titre du film La Cicatrice Intérieure, bien sûr-, là où The Marble Index conjurait un paysage hivernal morne comme un cimetière gothique entouré d’arbres morts.
Similaire mas différent, différent mais similaire, bien aisé celui qui pourra décider lequel des deux est le meilleur. Peut-être le temps à-t-il été plus clément avec Desertshore, qui semble être plus resté dans les mémoires que son prédécesseur. Ou peut-être est-ce à cause du lien personnel qui unit ce disque à son auteure, puisque le morceau "Mütterlein" a été joué lors de ses funérailles par ses amis, ou alors parce qu’il est légèrement plus facile d’accès que The Marble Index ?

Peut-être en tout cas que Desertshore peut constituer un point d’entrée dans la discographie de Nico, en dehors de la fausse carte de visite "These Days". Il n’est pas très long, à peine une demi-heure, mais contient quelques-uns des morceaux les plus essentiels de la chanteuse : "The Falconer", "My Only Child" et la magnifique conclusion éthérée qu’est "All That Is My Own". Et bien au-dessus de cela flotte la perle noire de l’album, le morceau qui justifie à lui seul l’achat et l’écoute répété de l’album : "Janitor of Lunacy". Dans le film de Garrel il est utilisé vers la fin. La scène commence avec lui debout, tenant la main de Nico assisse en pleurs au sol. Silence gênant pour l’audience de presque deux minutes, puis il commence à marcher d’un air hagard. L’harmonium dégage alors ses premières notes alors que la caméra le suit pendant qu’il marche en boucle au milieu du désert…C’est un exemple parfait de moment où la musique sublime le film et imprime l’image dans nos rétines. La britannique SOAP & SKIN en fera une reprise plus que décente et THROBBING GRISTLE une version industrielle, mais l’originale de NICO leur reste supérieure.

Son côté écorché vif garanti qu’il est impossible de faire autre chose qu’aimer où détester, et placé en ouverture de l’album il constitue le moyen parfait de sélectionner qui pourra avoir accès à la suite. Ecrit en hommage à Brian JONES, il demeure l’un des morceaux les plus important dans mon développement musical personnel. Très éloigné en style de ce que j’écoute le plus souvent, il constitua pour moi l’épiphanie, du potentiel illimité de la Musique et de la manière de trouver le beau dans le laid. Pour cela, et pour bien plus encore, NICO est l’une des plus grandes artistes de notre temps.

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   DERWIJES

 
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- Nico (chant, harmonium)
- John Cale (arrangements)


1. Janitor Of Lunacy
2. The Falconer
3. My Only Child
4. Le Petit Chevalier
5. Abschied
6. Afraid
7. Mütterlein
8. All That Is My Own



             



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