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POP-ROCK FRANçAIS  |  STUDIO

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Jean-louis AUBERT - H (1993)
Par MARCO STIVELL le 11 Mars 2020          Consultée 1892 fois

C'est bien simple, par principe : "Temps à nouveau" mérite 5/5, l'album qui l'abrite vaut au moins 4. Finalement, c'est 5 pour lui aussi... Le meilleur de AUBERT !

H comme humain, car l’ex-TÉLÉPHONE nous livre là un mélange d’introspection et de grande ré-flexion universelle. H comme Hôpital Ephémère également, ce local associatif de Paris qui accueille de nombreux artistes et où l’album est en partie enregistré. Si on voulait prendre un raccourci facile et typiquement journaleux, on parlerait "d’album de la maturité". Désolé, je suis bénévole comme tous ici, du coup est-ce que ça passe mieux ?

Trouvez donc une autre manière de qualifier ce disque qui a nécessité deux fois plus de temps pour voir le jour que les deux précédents (quatre ans donc) et qui nous fait asseoir dès le départ avec l’envie de l’écouter, de s’en régaler ? Où la pochette donne à elle seule l’impression de quelque chose de plus "grand" ? Pour sûr, AUBERT’N’KO a grandi lui aussi, musicalement parlant Kolinka, Roux, Rosier et Feedback sont à leur top forme, avec Fred Montabord en plus aux claviers, sans parler du prin-cipal intéressé.

Ah bon sang, ces guitares ! On n’est pas en Californie, et je ne sais où AUBERT a si bien pu rendre ce double son de guitare 12 cordes/guitare électrique qu’on entend sur tant de morceaux du disque, mais c’est brillant. Le caractère blues-rock FM années 90 convient parfaitement à "La question", à "La bonne étoile", puis c’est du blues tout court et pour guitare nerveuse sur "Moments" et "Toi que l’on n’homme pas", presque un hommage à Lou REED et "Walk on the Wild Side" en plus lent.

Difficile de ne pas prendre AUBERT au sérieux quand il fait corps avec son instrument venu souli-gner les mélodies vocales par-dessus un enchaînement de grands accords folk ("Allez"). Sur "Soli-tude", les parties de slide font plaisir ; sur "Le bateau sous la terre", ce sont les effets "ambient" ; sur "Entends-moi", un des deux singles qui fait penser aux BYRDS sur ses couplets, on entend aussi Paul PERSONNE… Bref, la guitare est à l’honneur, tout à fait soignée partout ici.

Ce n’est pas tout, car H est un album globalement convaincant certes, mais de détail(s). Le premier titre en est truffé, avec ses sons de sitar, sa voix rauque et modifiée – même à ce niveau, AUBERT sonne beaucoup moins "enfantin" sur ce disque -, la basse et l’orgue qui planent au milieu des toms et cymbales, ainsi que les chœurs orientaux irréels (voix bulgares, peut-être le TRIO BULGARKA aussi engagé par Kate BUSH et tant d’autres à l’époque).

C’est l’un des morceaux les plus denses d’un opus plutôt sombre, désabusé, marqué par les vicissi-tudes personnelles autant que des événements mondiaux récents comme la guerre du Golfe. La rage contenue dans "Avec les mots" se trouve ainsi liée naturellement à la déclaration sensuelle mais insis-tante de "Allez"¸ le cri personnel de "Entends-moi", la tristesse de "Moments", et un "Solitude" qui parle de lui-même ("Oh ma chère solitude, faut pas qu'tu deviennes une habitude…"). Ce n’est pas de la grande littérature, c’est un super album fait par un rockeur français qui a le blues.

Il y a quand même, au milieu de tout cela, les petites éclaircies. "Cascade" d’abord, ballade acous-tique où le piano de Rosier joue un peu comme dans "Le jour s’est levé" (TÉLÉPHONE) et où s’élève un final mignon avec cette flûte à bec. Ensuite, bien sûr, "Temps à nouveau", où la brise ma-rine vient à nouveau gonfler les voiles, où le AUBERT que l’on connait le mieux chante superbe-ment ce texte moitié résigné, moitié encourageant grâce à son refrain lumineux. Mon premier contact avec l’artiste et son ex-groupe par extension, au moment où la chanson est sortie, en 1993. Une mer-veille, jusque dans l’emploi de la batterie + cowbell (cloche).

À ce propos et pour en rajouter un peu sur les détails, vive Kolinka et ses roulements sur "Allez", le tambourin sur "Solitude", les claves sur "Avec les mots", le final africain de "La bonne étoile"¸ la production des guitares et claviers de "Si seulement" à la rythmique funk-jazz tellement bien menée que le premier album de Jean-Louis semble fort loin… Et puis avec ces nappes amples sur "Solitude" et "La bonne étoile", l’orgue qui ronronne çà et là, on peut dire que les claviers sont excellents eux aussi.

Un album bien rempli mais sans temps mort, débordant de chansons magiques et de musicalité, essentiel du pop-rock français.

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   MARCO STIVELL

 
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- Jean-louis Aubert (chant, guitare, autres instruments)
- Richard Kolinka (batterie)
- Daniel Roux (basse)
- Fred Montabord (orgue, claviers)
- Marine Rosier (piano, synthétiseurs)
- Feedback (percussions, batterie)
- Le Baron, Paul Personne (guitare)
- Princess Erika (choeurs)
- Mado (guitare classique)
- Voix Bulgares


1. Le Bateau Sous La Terre
2. Entends-moi
3. Avec Les Mots
4. Toi Que L'on N'homme Pas
5. Allez
6. Cascade
7. Temps à Nouveau
8. À L'eau
9. Moments
10. La Question
11. Si Seulement
12. La Bonne étoile
13. Solitude



             



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