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The STANFIELDS - Classic Fadeout (2020)
Par GEGERS le 2 Mars 2020          Consultée 1209 fois

"It’s better to burn out than to fade away", chante Neil YOUNG sur son classique "My, My, Hey, Hey". "Mieux vaut brûler franchement que s'éteindre à petit feu". Il y a dans cette phrase la flamboyance d'une jeunesse qui ne connaît pas encore la sciatique. Car on a beau vouloir brûler franchement, on finit tous par s'éteindre à petit feu, à pester contre la grisaille ambiante, à s'inquiéter des effets sur nos déplacements d'une pénurie d'essence, à craindre pour nos misérables vies lorsqu'un virus indigène s'en vient toquer à nos frontières. C'est humain. L'Homme s'accroche à la vie car elle est rassurante, familière, tellement qu'on la souhaiterait prévisible. L'Homme s'accroche à la vie et le musicien s'accroche à sa carrière. Un talent, lorsqu'il peut être durablement exploité, nécessite une organisation sérieuse et un certain sens des affaires. De l'adaptation, aussi.

C'est justement son sens de l'adaptation que The STANFIELDS aiguise en ce début de décennie. Le groupe canadien le sait bien, les modes de consommation évoluent, et le CD a largement perdu de sa superbe. Désormais plus considéré comme un support promotionnel que comme une oeuvre à part entière, le voila devenu peu rentable dans le monde du streaming-roi. Continuer à proposer de la musique et à créer ? Cela reste une évidence pour le groupe. Ce qui est à repenser, c'est le mode de diffusion. Ainsi, plutôt que de passer de longs mois en studio, loin des routes qui constituent pourtant désormais la principale source de revenus, The STANFIELDS préfère, comme nombre de ses pairs, distribuer sa musique de manière plus régulière mais en plus petites quantités, afin de limiter les coûts et le temps passé. "Classic Fadeout", ainsi, se fait un album court, six titres pour 22 minutes de musique, composé et enregistré en moins de six mois. Passée la frustration, ceux qui, comme votre serviteur, ayant grandi à l'époque du CD roi se sentant toujours lésés s'ils n'ont pas leur 40 minutes de musique, reste à envisager ce nouveau corpus de chansons comme une oeuvre aboutie, qui se tient et a du mérite pour ce qu'elle est.

Il faut dire que le groupe s'est fort bien adapté à ce format réduit, proposant des morceaux aux ambiances variées, certes éloignées du punk originel, mais offrant tout de même une vue globale des appétences musicales d'un groupe multi-facettes. Le folk viscéral des STANFIELDS reste bâti autour de la rugosité vocale de la tête pensante Jon Landry, dont la voix à la fois puissante et fragile apporte un charisme nécessaire à ces six titres bariolés. "Southlands", enjoué et énergique, est sans doute le morceau qui se rapproche le plus de ce que le groupe pouvait proposer sur ses deux premiers albums, sans parvenir à atteindre le même niveau de qualité. La prédominance de la guitare acoustique, de même que les influences celtiques apportées par un violon virevoltant, donnent corps à un morceau réussi mais à la portée somme toute limitée. Continuons, voulez-vous, pour nous laisser cueillir avec "Born On the wrong side of town", folk d'influence country, façon Chuck Ragan, morceau auquel une rythmique syncopée et un violon lancinant donnent des faux airs de ballade irlandaise. S'emballant dans sa dernière partie, le morceau réserve quelques belles surprises qui séduiront les amateurs du style.

"Breakers in the dark" voit le groupe renouer avec les ambiances plus feutrées de Limboland, proposant un folk qui, enrichi par la présence d'un clavier mélancolique, évoque l'univers parfois désabusé de Bruce Springsteen. Il y a de la tendresse et de la rage qui se dégagent de ce titre qui est sans doute la plus belle réussite de l'album. Si "Laser Beam", autre ballade qui lui succède, peine à tenir la comparaison, le folk énergique et entraînant de "Rules have all the fun", agrémenté d'un solo de kazoo, est un moment d'intense bonheur qui remet l'accent sur une facette majeure de la personnalité des STANFIELDS : l'espièglerie. "Good Night, so long, goodbye", qui clôture l'album, est une ballade particulièrement riche en harmonies vocales, qui soutiennent une ambiance emprunte de mélancolie, voire d'une certaine tristesse. Le groupe se fait presque gospel sur la fin de morceau, renforçant sa mélodie avec un harmonica à l'impact surprenant.

Finalement, la crainte du "trop peu" se voit compensée par la capacité des STANFIELDS a proposé un album certes court mais aux ambiances variées, qui évoquent les différentes facettes d'un groupe qui célèbre cette année ses douze ans de carrière. On aurait aimé, bien sûr, que le groupe aille un peu plus loin, proposant un ou deux titres en plus, renforçant sa facette électrique pour nous offrir, comme à ses débuts, quelques brûlots furieux et rageurs, mais l'absence de distorsion ne signifie pas pour autant que le groupe est devenu calme ou apaisé. S'il y a de la tendresse sur cet album, il y a également une tristesse et une rage contenues qui donnent à Classic Fadeout une atmosphère et une saveur particulière. Un sympathique témoignage d'un groupe qui ne semble, c'est heureux, pas près de s'étioler.

3,5/5

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   GEGERS

 
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- Jon Landry (chant, guitare, harmonica, kazoo, bouzouki)
- Calen Kinney (violon, claviers)
- Jason Macisaac (guitare)
- Dillan Tate (basse)
- Mark Murphy (batterie, percussions)


1. Southlands
2. Born On The Wrong Side Of Town
3. Breakers In The Dark
4. Laser Beam
5. Rules Have All The Fun
6. Good Night, So Long, Goodbye



             



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