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- Membre : The Who

Pete TOWNSHEND - Who Came First (1972)
Par MARCO STIVELL le 8 Avril 2020          Consultée 1322 fois

Pete TOWNSHEND, le musicien le plus créatif et productif lorsque les WHO sont réunis, est logiquement celui qui a le moins besoin d'une carrière solo. Celle-ci débute pourtant très tôt, mais à moitié devrait-on dire. Lorsqu'il s'en remet aux préceptes du gourou Meher Baba, dès 1968, cet aspect de sa vie vient non seulement nourrir son inspiration musicale (Tommy, "Baba O'Riley" sur Who's Next), mais aussi sa production discographique.

Après le décès de Meher Baba en 1969, TOWNSHEND participe à Happy Birthday et I Am, deux albums-hommages collectifs avec tour à tour Ronnie Lane des SMALL FACES puis FACES, Ron GEESIN (l'orchestrateur de PINK FLOYD pour Atom Heart Mother), le chanteur Billy NICHOLLS. Comme ces disques ont connu une distribution confidentielle, aussitôt après la période Who's Next, le guitariste des WHO décide de créer son premier album solo en faisant d'une pierre deux coups : hommage à feu son gourou, en reprenant des extraits des deux albums collectifs et, pour ne rien perdre, des chansons (démos plus exactement) du tout aussi défunt projet Lifehouse, opéra-rock avorté dont Who's Next s'est trouvé déjà nourri.

Who Came First (1972), dont le titre fait référence à la question courante "de l'oeuf ou de la poule, qui est arrivé le premier ?", permet donc d'accéder à la face la plus spirituelle de TOWNSHEND mais sans les WHO. Il offre déjà un superbe duo de guitares acoustiques avec Ronnie Lane (également chanteur ici), "Evolution" dans une tonalité country, ainsi qu'un "Forever's No Time at All" légèrement moins convaincant. C'est une chanson enregistrée avec Billy NICHOLLS mais aussi Caleb Quaye, premier guitariste d'Elton JOHN. On note d'ailleurs un joli dédoublement de guitare électrique rock et d'une autre à tonalité jazz pure.

Pour le reste, TOWNSHEND est seul maître à bord, sauf si l'on considère l'omniprésence "lointaine et proche" de Meher Baba. Il chante et joue lui-même des guitares bien sûr mais aussi de la basse, des claviers, des percussions et de la batterie. Cette dernière n'est pas aussi rudimentaire qu'on pourrait le croire, on sent à diverses reprises que le feeling de ce musicien talentueux va jusque là. Quant à la basse et en l'absence de John Entwistle, on se dit qu'il a été à bonne école. Sans espérer de la virtuosité en dehors des guitares, il faut au moins reconnaître que Who Came First est agréable à découvrir pour la performance de TOWNSHEND.

Le son bénéficie en toute clarté et chaleur des moyens dont celui-ci dispose, chez lui-même à Eel Pie, alors l'un des home-studios les plus à la pointe et réputés d'Angleterre, autre détail positif. La seconde face du disque est un régal avec notamment des titres comme "Content" (repris de l'album Happy Birthday) et "Sheraton Gibson". L'une est jouée à partir d'un piano folk, l'autre d'un arpège de guitare country, on y ressent de la fraîcheur ou de la fragilité, mais TOWNSHEND s'amuse avec les sonorités baveuses de son synthé VCS3, des mandolines aussi comme sur "The Seeker", une des meilleures chansons hors-album des WHO, elle aussi reliée à Meher Baba.

J'ai plus de mal avec "Parvardigar", poème du gourou, fait bien sûr d'idées et préceptes positifs (pléonasme), dont la musique enchante certes au début, sans parler des crescendos rythmiques à la Tommy. Cependant, la verve de TOWNSHEND au micro, incluant quelques paroles en sanskrit, fait trop durer la chose, et c'est justement ce que certains critiques ont pu reprocher à l'album, celui d'un musicien en pleine séance ouverte d'épanouissement personnel. Même pour la jolie reprise de "There's a Heartache Following Me", tube du feu chanteur country américain Jim REEVES sorti en 1964, TOWNSHEND s'en est remis à Meher Baba, dont c'était l'un des titres favoris.

Restent les chansons de Lifehouse, dont au moins une déjà connue puisque les WHO l'ont publiée en single un an plus tôt : l'excellente "Let's See Action", avec l'envie de faire bouger les jeunes générations vers un monde meilleur. Son rythme blues apparaît ici légèrement plus carré, et TOWNSHEND n'est certes pas Roger DALTREY pour faire monter la sauce vocale, mais la guitare reste bien hargneuse et l'effort appréciable, jusque dans le final incantatoire avec roulements de batterie. Un titre secondaire mais que les WHO ont judicieusement repris plusieurs fois sur scène, notamment en 2000 au Royal Albert Hall, pour le concert de charité filmé.

"Pure and Easy", réputée comme la chanson centrale et pivot du projet Lifehouse, a de quoi faire sourire car TOWNSHEND au micro s'aventure dans les notes les plus aiguës, d'une façon beaucoup moins "pure et facile" que Daltrey, mais touchante. Et une chanson superbe, de toute façon. Il faut, là en revanche, attendre les années 90 et la remasterisation de Who's Next pour entendre la version des WHO. "Time is Passing" enfin, encore plus inédite (il faut acheter la compilation Odds & Sods pour l'avoir), est une chanson country limpide, parcourue du son rond de basse, de synthés et d'effets de guitare bizarroïdes.

Belle performance donc, avec de belles chansons à découvrir, sans pour autant inciter à revenir trop souvent, car c'est d'abord un plaisir de musicien pour lui-même.

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   MARCO STIVELL

 
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- Pete Townshend (chant, guitares, basse, batterie, claviers)
- Ronnie Lane, Billy Nicholls (chant, guitare)
- Caleb Quaye (guitares, basse, percussions)


1. Pure And Easy
2. Evolution
3. Forever's No Time At All
4. Let's See Action
5. Time Is Passing
6. There's A Heartache Following Me
7. Sheraton Gibson
8. Content
9. Parvardigar



             



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