Après un premier effort tout à fait honorable, le gang des frères Allman continue sur sa lancée, distillant un blues-rock racé comme eux seuls savent le faire. Tirant son nom d'un ranch que le groupe aimait fréquenter, « Idlewild South » est une magistrale démonstration de sensibilité sudiste. Le feeling de Duane à la guitare, qu'elle soit lead ou slide, est plus qu'impressionnant et le guitariste laissera son instrument s'exprimer tout au long des trente minutes et quelques que dure l'album.

Mais n'allons pas trop vite en besogne. Malgré les maigres ventes de leur premier opus, le Allman Brothers Band ne se laisse pas démonter. Les critiques reprochaient à leurs compositions une certaine lourdeur, ici il n'en est plus question, tout est fluide, léger, évident. « Revival », ouverture idéale, est là pour en témoigner. La première minute, totalement instrumentale, révèle le génie mélodique de la formation, la finesse de sa section rythmique. L'ensemble est enjoué, chaleureux, un vrai plaisir pour les oreilles.
« Don't Keep Me Wonderin' », dans un style plus chaloupé rehaussé de blues, est du même calibre.
En fait, nous avons affaire à un disque totalement homogène, les plages s'enchainent le plus naturellement du monde, seuls deux morceaux se détachent vraiment du lot.
Le premier, « Midnight Rider », est tout simplement magique. Tout est parfait, aucune note n'est de trop, on se laisse volontiers envouter par cette perle rare, point culminant d'un album déjà riche en grands moments.
Le second, « In Memory of Elizabeth Reed », écrit par Dick Betts, est une longue plage instrumentale de près de sept minutes, un effort commun qui fera date dans la discographie du groupe et sera souvent joué lors des performances scéniques. C'est également ici que l'on peut pleinement savourer le jeu des deux batteurs de la formation, chacun s'essayant à un style différent.

Avec « Idlewild South », le Allman Brothers Band signe son plus bel enregistrement studio, celui qu'ils allaient glorieusement défendre quelques mois plus tard tout au long d'une tournée américaine dont le point d'orgue fut ce passage au Fillmore East, immortalisé sur microsillon. Un disque que tout fan de blues-rock sudiste se doit de posséder.

Note: 4,5/5