La seconde partie de l’histoire du groupe est en marche, après l’album du retour ("Seven Turns")"Shades of Two Worlds" sort en 1991 et officialise l’arrivée de Marc Quinones aux percussions, le groupe jouant déjà avec deux batteurs. La pochette est un retour à la tradition, le groupe pose devant des maisons typiques du Sud et le célèbre champignon est présent au verso.

Quelques petites faiblesses comme la voix de Dickey Betts sur "Desert Blues", et aussi des thèmes un peu réchauffés comme "Midnight Man" ou même "Come on in my Kitchen" mais aussi de superbes moments avec l’hommage du groupe à Charlie PARKER "Kind Of Bird" que Warren Haynes utilisera sur l’album "Live at Roseland Ballroom" de son nouveau groupe ? GOV'T MULE. Le duo de guitaristes fonctionne toujours parfaitement et "Nobody knows", écrit par Dickey Betts est une réussite tout comme le morceau d’ouverture « End of the Line ».

La reprise de "Come on in my Kitchen" de Robert JOHNSON même si très classique est emmenée par les dobros des deux guitaristes et gagne à être réécoutée. La voix de Gregg Allman est un peu différente mais conserve son feeling, cette fabuleuse émotion qui en fait un immense interprète. Le climat est fortement jazzy, et on sent l’influence du nouveau percussionniste dont le jeu complète parfaitement l’approche de Warren Haynes, cette nouvelle orientation gommant le côté country/blues porté par Betts.

Tom Dowd, est à la production ce qui permet de retrouver sa patte et la marque de fabrique du groupe. Cet album « de transition » n’est certes pas le meilleur du groupe, il reprend les « recettes » habituelles de construction des morceaux, mais la cohésion retrouvée des musiciens, leur haut niveau d’interprétation et la prise de pouvoir encore discrète de Warren Haynes, (aidé par Allen Woody, ce bassiste absolument fabuleux) tant sur la direction musicale que sur l’organisation et la répartition des rôles en font une œuvre qui se réécoute avec plaisir, le genre d’album qui dès les premières notes, permet de reconnaître le groupe.

Et la formation, peu à peu, de cicatriser ses blessures, oublie ses différents, met de côté les égos, pour se consacrer à la musique.