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- Membre : The Who
- Style + Membre : The Best

John ENTWISTLE - Too Late The Hero (1981)
Par MARCO STIVELL le 22 Juillet 2020          Consultée 1315 fois

Une pochette que d'aucuns jugeront assez kitsch ; nul besoin de rappeler que c'est compréhensible vu l'époque où Too Late the Hero est publié ! Meilleure que celle de Mad Dog (chose pas bien difficile certes), l'album précédent de 1975, c'est pourtant la seule de ses efforts solo où John ENTWISTLE fait office de bonne présence, sans trop de fioritures.

Il pose de façon très chic avec l'un de ses modèles de basse de marque Alembic, qui depuis le début des années 70 est une référence à forme moderne, manche en graphite et pourvoyeuse de résonances à la fois métalliques et électroniques. Tout pour plaire à Mr. Thunderfingers qui ne se gêne point d'en faire usage, même dans le cadre d'un album soft-rock !

Avec ce disque, ENTWISTLE voulait mettre un point final à la période rock'n'roll et rétro de 1973 et 1975, dont il n'était lui-même plus guère satisfait. En revenant sur des chansons écrites auparavant (donc depuis une dizaine d'années), il se rapproche de Joe WALSH, guitariste-chanteur et multi-instrumentiste américain. Celui-ci a sa propre carrière solo mais s'est aussi fait connaître au sein du JAMES GANG (rencontre avec les WHO au début des années 70), puis du groupe de Ringo STARR et, bien sûr, des EAGLES durant leur seconde partie de carrière (deux albums dont le best-seller Hotel California) et bien plus tard.

Pete TOWNSHEND décrit WALSH comme un musicien au jeu fluide et plein de feeling, comme peu d'autres en ont. On pouvait entendre l'Américain noyé dans les arrangements de l'album solo de Keith MOON en 1975, pour rester dans la chronologie des WHO. Heureusement, la collaboration avec ENTWISTLE a pu être menée à terme, dans un effort de trio complété par le batteur Joe Vitale qui accompagne WALSH à l'époque, notamment sur son disque There Goes the Neighbourhood sorti lors de la même année 81.

La première partie du disque, entièrement composé par John "Thunderfingers", est très empreinte du son californien en vogue, enchaîne ballades chaloupées et titres plus énergiques avec guitares et synthés dans une tonalité contemplative, aérienne, "soft". WALSH est habitué, mais dès les premiers instants et "Try Me", on sent bien la patte d'ENTWISTLE armé de sa basse, chantant avec hargne et prenant plaisir à faire se croiser des harmonies parfois bizarres (le pré-refrain). Cela fait tout le sel de cette musique, lui conférant une couleur unique. Et c'est très bon, musical à souhait. John ENTWISTLE s'en va même chercher et tenir une note haut-perchée lors de la montée finale.

En revenant à la qualité de ses deux premiers albums solo, le membre le plus discret des WHO incorpore l'esprit des chansons de la côte ouest des U.S.A. avec un certain bonheur. En témoignent les "Lovebird", grande ballade acoustique à effet nostalgique où plane la slide de Joe WALSH, "I'm Coming Back" plus élancée et entièrement dédiée à la Californie, jusque dans les paroles. Sur ce dernier titre, le final avec batterie + cowbell (cloche), la liberté de WALSH et les descentes tonitruantes de basse montrent que chaque titre n'est guère basique ni naïf à l'extrême et peut facilement se voir pimenté.

"Talk Dirty", premier single de l'album, attaque dans son texte la religion et la politique, ce qui ne l'empêche pas de connaître pour autant un certain succès aux Etats-Unis ! Un mélange de riffs funky, de synthés F.M que ENTWISTLE ponctue d'harmoniques aux résonances électro, d'effets de basse cavalière comme il le faisait déjà en 65 sur le solo de "My Generation". "Dancing Master", avec les choeurs de Billy NICHOLLS (autre vieil ami des WHO) est un titre dancefloor inattendu mais intelligent, débuté par une batterie + tambourin funk à souhait, où deux pistes de basse se répondent l'une à l'autre, où WALSH s'invite en duel.

Sur "Love is a Heart Attack", on retrouve le John ENTWISTLE sombre, pessimiste et notamment en termes d'amour ("it's so easy to fall in, but so hard to get back!"). Un titre maléfiques à l'ancienne dans ses appuis rythmiques échevelés, même lents et "doomesques", l'auteur de "Boris the Spider" n'étant jamais très loin. Et ces flûtes jouées au Mellotron ! À côté de cela, il y a "Fallen Angel" au shuffle jazz léger (le même qui donnera un tube à TEARS FOR FEARS avec "Everybody Wants to Rule the World" quatre ans plus tard), mais lui aussi débordant de hargne blues, de distorsion. WALSH y est lumineux au possible, un régal !

Longue de sept minutes et quelques, "Too Late the Hero" est une conclusion grandiose où l'on retrouve mieux qu'ailleurs le John ENTWISTLE des WHO et des opéras-rock, avec des arrangements orchestraux aux claviers et aux timbales. Le chant sucré et habité, le final à la façon de Superman déchu qui vole au-dessus de villes désertes, c'est d'une beauté ! Sept minutes de classe, le meilleur titre proposé ici avec "Sleeping Man", plus classique dans son approche west-coast, mais non dénué d'héroïsme, à son tour. Basse et guitare (twin en son clean) y forment toujours un modèle de camaraderie qui donne plaisir à entendre, par deux illustres musiciens.

Un disque dont peu de monde se souvient, l'un des meilleurs d'ENTWISTLE pour ma part, et son plus grand succès, le morceau-titre ayant été, lui aussi, et contre toutes attentes, un tube en 45-tours !

ENTWISTLE et Joe WALSH se retrouveront plus tard, à l'orée des années 90 et au sein de l'éphémère supergroupe The BEST. On y trouvera aussi, entre autres, Keith EMERSON et Simon Phillips, virtuoses des claviers et de la batterie. Un DVD live reste comme seul témoignage de cette alliance improbable !

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   MARCO STIVELL

 
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- John Entwistle (basses, chant, piano, synthétiseurs)
- Joe Walsh (guitares, piano, synthétiseurs, percussions)
- Joe Vitale (batterie, percussions, piano, flûtes, claviers)
- Billy Nicholls (choeurs)


1. Try Me
2. Talk Dirty
3. Lovebird
4. Sleeping Man
5. I'm Coming Back
6. Dancing Master
7. Fallen Angel
8. Love Is A Heart Attack
9. Too Late The Hero



             



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