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John ENTWISTLE - Music From Van-pires (2000)
Par MARCO STIVELL le 21 Novembre 2023          Consultée 660 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

John ENTWISTLE est un sacré bonhomme. Une phrase qu'il va bientôt, bien trop tôt, falloir conjuguer au passé. On connaissait son attrait pour l'angoisse et l'horreur, au moins depuis "Boris the Spider", faux-tube iconoclaste des WHO de l'année 1966. De là à faire en sorte que son dernier album (chose involontaire, mais qui sait ?) soit une bande originale de série animée, gothique dans l'âme certes, il y a tout de même un pas que peu peuvent franchir ! Un type extraterrestre jusqu'au bout, dans son jeu de basse 'monstruant', pour monstrueux-tonitruant, qu'on ne présente plus ("My Generation", premier solo et meilleur de l'Histoire ?), de sa grosse voix grave au falsetto le plus angélique, des cors et trompettes incorporés au rock lourd et aventureux comme jamais personne ne l'a fait, maîtrisant aussi quelques claviers au passage, capable d'écrire les chansons les plus borderlines existantes (voire les plus cyniques, dégueulasses : "Cousin Kevin", "Fiddle About"). Et tranquille avec ça, discret, stoïque sur scène, plus audible que visible (sauf dans son costume de squelette) et parfois davantage que ses compères exubérants Keith Moon, Roger Daltrey et Pete Townshend. British jusque dans le choix de ses maisons, aimant collectionner les choses les plus improbables aux côtés de ses centaines de basses et guitares, comme par exemple les toiles d'araignée, ENTWISTLE restait intègre, haïssait le rap (une musique pour dictateur allemand des années 1930-40, grosso-modo), était passionné de choses occultes et cultivait bien des secrets. Mort fin juin 2002, d'une mort 'plus sex, drugs & rock'n'roll tu meurs', à savoir crise cardiaque due à la cocaïne entre deux concerts des WHO, dans une ville appelée Paradise proche de Las Vegas, ambiance chambre d'hôtel et charmante groupie pour la nuit, nombre de ses proches ont découvert le jour de son enterrement qu'il était dans la franc-maçonnerie, en réalité depuis très longtemps.

Notre anti-héros-mais-quand-même du rock, a donc, comme ça, comme tant de choses, décidé un beau jour de 1996 ou 97, en se levant ou pendant une représentation de loge, qui sait, d'écrire la musique d'une série animée. C'est présenté simplement mais voilà ce qu'on peut se dire après coup, bien après, lorsqu'on se dit que Music From Van-Pires est son der des derniers. Autant dire qu'à l'exception de ses deux premiers albums solo en 71-72, voire Too Late the Hero dix années plus tard, sa carrière solo n'a vraiment point été à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre de lui. Et tant mieux, quelque part ! S'il est demeuré le plus talentueux des WHO à travers ses idées bien personnelles mais aussi sa spontanéité, on peut lui reprocher ses albums de 73 et 75, son dernier en date The Rock en 1996. Alors une musique de série pour gamins ou ados, franchement ! Mais en fait, c'est là encore, tout à son honneur, si l'on peut dire, car non seulement il fait ce qu'il veut, il nous balance ça presque avec un sourire au coin de lèvres...
Et encore, l'album met près de quatre ans à paraître ! Soit en 2000, alors que Van-Pires (visez le logo qui rappelle le premier album de VAN HALEN), programme TV émule de Power Rangers version anglaise en moins kitsch avec acteurs et plus de gros effets d'ordinateurs, a tiré sa révérence depuis deux ans au bout de treize épisodes. Il y a au moins un lien avec The Rock, l'album d'ENTWISTLE paru en 96, dans le sens où celui-ci veut opérer en groupe restreint, mais pour du gros son. Il s'agit du même quatuor ou presque qui opérait sur la tournée ayant donné lieu au CD Left for Live en 99, à savoir ENTWISTLE dit 'the Ox', son vieux compère Steve Luongo en batteur-chanteur et le guitariste Godfrey Townsend, avec pour seule modification le claviériste qui change de Gordon Cotten à Alan St. Jon.

Face à nos quatre jeunes héros (une fille et trois garçons), qui peuvent se changer en monstres humanoïdes pour défendre le monde, les Van-Pires sont des créatures informes et envahisseuses qui puisent leur force en ingérant des quantités d'essence sans limite. Voilà pour le pitch de chaque épisode, et cela donne un générique appelé "Horror Rock", marche sombre et claviers massifs, basse Ox avec phaser, thème sensible et héroïque sur fond cosmique avec une guitare d'opéra. En matière de kitsch, certains diront qu'on est servis, mais attendez donc la suite ! Avec un début similaire, "Darker Side of the Night", générique final des épisodes, débarque ensuite avec un emballage typiquement 70's, la panoplie de claviers vintage et les harmonies autour du chant de John ENTWISTLE. On dirait du doom léger ou bien du power-metal des origines et sans excès.
De toute manière, notre artiste puise dans le passé autant qu'il le peut avec, surprise de taille, une démo sortie du grenier d'un titre enregistré avec Keith Moon encore bien vivant à la batterie ! "Bogey Man", le croquemitaine, auparavant introduction des concerts Left for Live, est un fond de tiroir datant des sessions pour Who Are You (1978), titre laissé de côté par le reste du groupe qui le trouvait trop déconneur. Il est vrai que le solo de trompette bidouillée est le plus dérangé qu'ENTWISTLE ait sorti, mais le reste, à peine plus léger que les chansons des WHO, n'aurait pas dépareillé. John offre un chant psychédélique, Moon une batterie plus carrée qu'à l'ordinaire sauf à la fin, pour une sympathique pop-rock aérienne bizarroïde. Une belle façon pour les deux anciens amis d'être réunis 'in real life' une dernière fois !
Et du côté des curiosités de taille, c'est de façon inattendue que Leslie West, le pilier de MOUNTAIN, débarque du milieu de nulle part et d'on ne sait quand, avec sa guitare fine toute en glissandos, et son chant criard-cynique sur "Don't Be a Sucker", heavy-blues AOR maléfique, très efficace. Voilà voilà !

Mine de rien, sous des dehors très connotés et ne pouvant plaire à tout le monde, Music From Van-Pires est une belle leçon de rock décomplexé, en rapport direct avec une oeuvre visuelle et tout à fait dans le ton de son créateur. Ne sous-estimons pas l'apport de Steve Luongo, batteur et chanteur à la forte identité, proche de The Ox dans le timbre mais en plus droit et moins étonnant. Il co-écrit la plupart des titres et en chante fièrement le quart, comme "Sometimes", trucker-rock efficace, "Good and Evil", une des quelques compositions de tout le groupe en ternaire tribal et gothique (avec 'grosse voix' qui n'est pas celle d'ENTWISTLE mais de Mark Varley tandis que sa femme Jade se démultiplie en chorale), ou encore "I'll Try Again Today", rhythm'n'blues réjouissant avec un solo double ainsi qu'un final trop drôle, fait de guitare flamenco et cuivres mariachi ! Luongo compose aussi seul "When You See the Light", instrumental tirant vers le progressif avec rythmes impairs et mélodie en lydien, autrement dit 'diabolus in musica' comme disaient les religieux au Moyen-Âge.
Retour à John avec "Left for Dead" (duo des chanteurs), ballade sensible façon Motown passée à la distorsion, dont le bridge évoque les grondements de "My Wife". Autour, on a le très lennonien "Back on the Road", à la fois sucré et de caractère, ainsi que "When the Sun Comes Up", autre complainte splendide qui fait très chanson de fin, avec un moment slow 70's troublant à la The WHO le plus faussement tendre. Le refrain de "Endless Vacation" aurait d'ailleurs pu être chanté avec Roger Daltrey & co, tandis que le reste sonne KINKS "You Really Got Me" avec des breaks de Keith Moon, sans compter la heavy basse de l'espace. "Rebel Without a Car" évoque plutôt KISS avec un rock qui envoie bien. Enfin, "Face the Fear" doit être un clin d'oeil à un titre de Pete Townshend solo en 1985, que les WHO avaient repris quatre ans plus tard sur scène, aussi parce qu'il sonne très boogie-woogie. Pas de cuivres toutefois, mais des claviers et guitares harmonisées, des cassures progressives encore et des métriques démoniaques échevelées. John ENTWISTLE, dont c'est le dernier témoignage créatif, fait sourire et un peu peur en se contentant d'un jeu en walk mais rassurez-vous, Thunderfingers mitraille comme il faut à la fin. La fin... Tu fais chier, Rigor Mortis. Not happy ending but quand même, qui rocks ! Une dernière oeuvre iconoclaste, comme lui. À avoir dans sa discographie.

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   MARCO STIVELL

 
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- John Entwistle (chant, basse, cuivres, arrangements)
- Steve Luongo (batterie, percussions, chant, arrangements)
- Alan St. Jon (orgue, claviers, synthétiseurs, choeurs, arrang)
- Godfrey Townsend (guitares, choeurs)
- Keith Moon (batterie)
- Leslie West (chant, guitare)
- Mark Et Jade Varley (dialogues)


1. Horror Rock
2. Darker Side Of The Night
3. Sometimes
4. Bogey Man
5. Good And Evil
6. When You See The Light
7. Back On The Road
8. Left For Dead
9. When The Sun Comes Up
10. Rebel Without A Car
11. Don't Be A Sucker
12. Endless Vacation
13. I'll Try Again Today
14. Face The Fear



             



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