Il fallait remédier à la petite baisse de vente du deuxième opus de MAROON 5. Mutt Lange est donc appelé derrière la console pour faire preuve de son habituel talent d'arrangeur et de leader. Direction Genève et le studio d'enregistrement du maître pour bosser deux mois sur le bébé. La délivrance nous apporte bien sûr beaucoup de blé à moudre pour les tops du monde entier. La photo racoleuse, les interviews pop stars, les fans hystériques, tout est calibré pour faire de cet opus celui de la consécration.

Il y a quatre singles. La vie au sommet des charts reprend donc à la mi-2010 avec le petit rythme funky trépidant de "Misery", de la bonne humeur et comme dab' une vidéo centrée sur les rapports existentiels d'Adam Levine. Le son produit par le léopard sourd Mut Lange est évidemment à la hauteur. Tout ceci nous donne de la pop du meilleur acabit. On continue dans la funk à tendance pop sur "Give Me A Little More", moins efficace tout en restant sympathique. Un slow ? Bah oui, faut faire rêver les jeunettes de 14 ans. La voix de coq d'Adam le tatoué et sa trombine face à une modèle quelconque pendant la vidéo, super ! Sauf que "Never Gonna Leave This Bed" est sans intérêt.

L'immense succès de ce disque est donc le featuring avec Christina AGUILERA, ce "Move Like Jagger" judicieusement rajouté en reissued quelques temps plus tard sur le disque. L'hypnotique sifflement d'Adam, le sujet reprenant l'ultime frontman qu'est Mick JAGGER, un rythme oscillant entre gratte funky et synthés électro. Bah c'est exactement ce qu'il faut pour déchaîner les passions de la jeunesse et il est indéniable que ce titre a le potentiel d'un grand classique. Et non Adam, malgré ses efforts, ne bouge pas du tout comme Mick, ne possède pas les moves de son idole – mais pourquoi s'obstine-t-il à poser torse poil, dieu du ciel ? - Quand à la Christina, elle est là sur le bridge pour faire... heu... vendre ? Sans doute allez !

Pour le reste, on oscille entre le fade avec le slow "Just A Feeling" et le plus surprenant avec "Out Of Goodbyes", qui nous éloigne enfin un peu de la pop sucrée du groupe avec LADY ANTEBELLUM, et le résultat ne se fait pas attendre, voici qui est un brin plus "risqué". C'est l'immense Dwight YOAKAM qui joue le rôle masculin de la vidéo, normal, on imaginait mal Adam sortir du shopping center et faire le cowboy ! On apprécie la pop mainstream de "Runaway" et sa jolie vidéo de surf glacé et on reste dans le funk à tendance disco sur "Get Back In My Life" avec son chant presque agaçant. J'aime bien. Le refrain et ses "hou hou" se laisse bien apprivoiser.

Avec "I Can't Lie", voici MAROON 5 qui tente d'investir les territoires de la blue-eyed-soul, mais sur ce genre d'ambiance, la voix de Levine est vraiment trop light. Comparez donc un instant avec Robert PALMER. Dur ! Mais le titre reste sympa. La martiale "How" sonne très cool, seul le chant de Levine me paraît trop léger, mais la composition me plaît, on n'est incidemment pas très loin des roots de Bryan ADAMS. Là encore, cela dit, la voix pêche. L'éponyme "Hands All Over" bénéficie enfin d'une gratte et d'un environnement plus méchants. Mais tout est relatif. Enfin un peu d'esprit pop-rock traîne sur "Stutter", très léger mais agréable.

Un troisième album qui s'inscrit finalement dans la continuité. Ne serait-ce que pour les deux singles "Misery" et "Move Like Jagger", je dirais qu'il n'est vraiment pas indispensable. Plusieurs titres ont du potentiel, souvent ruinés par la voix de tête de Levine qui, pourtant, apparaît sans cesse comme porte-étendard des succès du groupe. Cet opus se vend comme leur second, autour des trois millions d'exemplaires. L'alternatif des premiers instants n'est plus qu'un vague souvenir, et nous voici désormais au milieu des dance-floors et des portables de la djeun's génération. Un trois solide grâce aux singles.