Il y a quatre ans déjà, les MAROON 5 nous livraient leur dernier opus, un Red Pills Blues de sinistre mémoire, vide de bout en bout, porté par plusieurs singles d'une indigence rare, malgré plusieurs vidéos révélatrices de moyens budgétaires colossaux. Le groupe souffre forcément d'une trop grande accoutumance aux réseaux sociaux, Levine ne parvient plus à passer sous l'arc de triomphe et le manque d'originalité des compositions proposées par le groupe est patent, malgré les collaborations, malgré les featurings. Bref ! Quatre ans, c'est long et cela devrait permettre de se reconstruire un moral, un mental, mais le groupe est-il prêt à quitter sa zone de confort pour se concentrer sur son art ? Rien n'est moins sûr. Pour débuter, cette couverture florale ne m'emballe pas.

On débute avec la célébrissime "Memories" sortit il y a deux ans déjà ! Alors bien entendu, la mélodie n'échappera à aucun mélomane, il s'agit bien d'une variation sur le mythique canon de Johann PACHELBEL. Difficile de se planter avec pareille référence. Dommage que les djeuns qui la chantent avec ravissement n'aient pas la moindre idée de ce dont il s'agit. Arrête de râler vieux con, pour le moins voilà un titre réussi non ? Ouais, même s'il est pompé ? Bien sûr, ce n'est pas la première fois dans la pop music, on se souvient notamment du "Russians" de STING, avec la célèbre reprise du "Lieutenant Kijé" de PROKOFIEV, mais le niveau n'est pas le même, c'est incomparable. S'ensuit le remix avec NIPSEY HUSSLE et YG, et forcément le flow passe fort bien sur la mélodie.

Mais ne vous inquiétez pas, nous avons trois autres singles ! Nous débutons avec "Nobody's Love" aux intonations très synthétisées, avec beaucoup d'effets sur la voix de Levine, pas mémorable. "Beautiful Mistakes" propose au moins une vidéo aux jolies couleurs, mais la chanson ne présente pas le moindre intérêt. Levine monopolise toujours la caméra, comme si cela avait à voir avec la musique. Il semble clair que le chanteur de MAROON 5 est passé de l'autre côté de la barrière dimensionnelle. Le featuring de Meghan Thee STALLION est là, mais ne parvient pas par son flow à agrémenter la compo' toute plate. Enfin, la très répétitive "Lost" ne présente qu'une mélodie inachevée et une vidéo centrée – encore ! - sur Levine. Le groupe souhaite rattacher cela à du - attention - "Tropical House-Pop"... Ouais, ça n'aide pas.

Ensuite, beaucoup de featurings ! Nous avons H.E.R sur "Convince Me Otherwise", une jolie ligne de basse, et un chant sympa de la nana nous donne un titre coloré et plutôt dynamique, même si le terme Alternatif n'est clairement plus d'actualité. Attention danger ! Ma chère Stevie NICKS est de la partie sur "Remedy". Je tremble ! Sa voix - qui n'a pas besoin du moindre effet - donne au moins à l'ensemble une sonorité pop sympa, mais on ne l'entend pas assez, et là encore, Levine – qui dispose pourtant d'une totale liberté artistique – n'a pas su ou souhaité s'effacer devant l'icône.

Avec la bien nommée "Echo", on rentre de plein-pied dans le champ d'action d'un R'n'B sans couilles, terrible. "Seasons" est du même tonneau. "Can't Leave You Alone" avec JUICE WRLD est transparente. On sera plus sensible à la mignonne "Lovesick" et son joli petit orgue, tout en déplorant trop d'effets sur la voix. Le lick de gratte de "One Light" n'est pas désagréable, mais il manque un peu de variations sur le titre pour en faire une chanson, ce défaut devient la marque de fabrique de MAROON 5 depuis la pilule bleue. "Lifestyle" et l'association avec DERULO sonne telle une baffe dans la tronche, la frontière est franchie, c'est du pur R'n'B, plutôt pas mal.

Me voilà bien embarrassé ! Les groupes phares de la génération 20 n'en sont tout simplement pas. Les IMAGINE DRAGONS ne font que décevoir, et malgré quelques titres prometteurs de-ci de-là, MAROON 5 devient une véritable parodie de sa musique. Envolé l'alternatif rock des débuts au profit d'une pop aux forts accents R'n'B et un culte de l'être suprême pour Mr Adam Levine. Les mecs ont décroché. Toute la question est de savoir si je mets une étoile pour l'ensemble terne et sans saveur de cet opus, ou si je garde les quelques accords lumineux du canon de PACHELBEL sur "Memories" pour atteindre le deux. Non, le culte de la personnalité, c'est trop pour moi, décidément ! Ce sera la note minimale.