Alors cette cinquième cuvée des 5 Bordeaux, que va-t-elle nous raconter ? Le chiffre est d'importance, évidemment symbolique et doit signifier la domination désormais assise du groupe sur le monde du pop rock en ces années 2010 ou nous assistons aussi au retour de Jesse Carmichael, absent du précédent opus. La première impression n'est pas géniale, ce néon rouge est affreux et pour le coup guère racoleur. Mais on sait aussi que la ronde des singles s'annonce Pantagruélique, et que Levine va se montrer dans tous les médias, tirant la couverture à lui tel un paon de carnaval en permanence, ce qui le rend peu sympathique. Peu importe, écoutons la musique.

Le statut du groupe implique donc qu'il assume de nombreux singles, nous en avons cinq sur cette livraison. "Maps" est le premier, la voix et la mélodie rappellent indéniablement STING. C'est du pop rock sans génie plutôt agréable, au rythme dansant, et une atmosphère estivale festive. Le titre atteint la 6eme place du billboard, c'est honorable et conforte le groupe. "Animals" s'ensuit, avec un Levine en boucher dans la vidéo. Très pop, je trouve cette composition un brin trop mainstream, trop taillée pour les billboards ou elle monte à la 3eme place, mais il est indéniable que le refrain marque au fer rouge.

"Sugar" monte encore un cran plus haut. Cette fois on est dans la dance pop la plus évidente, le chant de Levine est si black qu'il en peut plus. Le titre reste le classique de cette livraison, et rentre avec facilité dans le cortex et c'est bien ce qu'on lui demande. Cette incursion vers une nouvelle forme musicale se poursuit en outre dans le disque avec "Feelings" qui nous renvoie vers une sauce funky très sympa. Le refrain est électro à fond et se signale par une vraie bonne humeur. Il y a aussi "Sex And Candy", un essai soul, ou les gimmicks rappellent les ténors du début des seventies, léger pompage de Marvin GAYE par instant peut-être aussi.

Certains titres sont en deçà : les synthés bien datés sur "This Summer's Gonna Hurt Like A Mother Fucker" avec une batterie en carton, tiens tiens. L'ambiance est donc presque eighties, mais c'est de la grosse bonne daubasse, on n'est pas si loin que ça de David GUETTA. J'ai ensuite bien du mal avec la voix de Levine sur "New Love"... "In Your Pocket" est de la quasi variété... Avec "Coming Back For You", on sent une trajectoire qui tend vers des effets new wave, mais le titre est vraiment trop light à mon sens. Puis c'est "My Heart Is Open" avec en featuring Gwen STEFANI. Alors bien sur, la présence de la donzelle donne une vibe R'n'B au morceau, malgré un piano persistant, médiocre.

Mais il y a aussi de quoi se sustenter : je suis ainsi très fan de "Unkiss Me", très électro. Une jolie ambiance romantique qui a le mérite de sonner "true", et même le chant du tatoué me semble cohérent sur ce titre, en effet sa voix est plus posée, moins criarde qu'à l'accoutumée. Sans doute le morceau de l'album, avec un très joli refrain. La petite course qu'est "Shoot Me" propose un joli beat de batterie très original pour le groupe ! Le refrain est agréable sous des synthés ardents. Enfin, on sonne terriblement mainstream sur l'intro de "It Was Always You", on note quelques réminiscences de SEAL sur la mélodie, ce qui n'est pas pour me déplaire, mais l'ensemble sonne vraiment très dance.

On ne peut nier que le groupe conforte avec cet album sa place au sommet du show biz en ces années 2010. Plusieurs singles cartonnent, certains sont même des classiques de l'année. Il y a bien sur un peu de remplissage, mais l'album est long et trouve aussi le moyen de nous alpaguer quelques instants. Je garde le funk de "Feelings" et le chouette "Unkiss me" resté discret malgré d'évidentes qualités. Il semble que Levine et sa bande soient désormais sur le toit du monde de la musique populaire... ce qui montre aussi l'extrême faiblesse dans laquelle évolue l'art d'aujourd'hui, car MAROON V ne propose pas la moindre évolution ou originalité. On stagne et ce n'est pas un gage de bonne santé. Un trois stable néanmoins.