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Tracy NELSON - Come See About Me (1980)
Par LE KINGBEE le 21 Février 2022          Consultée 927 fois

Nous sommes maintenant en 1980, cela fait deux ans que Tracy NELSON a quasiment disparu des écrans radars. Depuis "Homemade Songs" la chanteuse semble avoir déserté les studios d’enregistrement. Le dorsal de la pochette nous révèle à travers la photo en haut à droite les raisons de ce retrait : Tracy a mis au monde une magnifique petite fille, une arrivée qui a quelque peu chamboulé sa carrière, la chanteuse privilégiant alors sa vie de famille et l’éducation de son enfant.

On la retrouve en terrain connu : le producteur Travis Rivers veille sur sa chanteuse avec attention, le fidèle Andy McMahon est toujours présent aux claviers, idem pour le bassiste Ted Reynolds (ex John HIATT et membre occasionnel de Dr. Hook) et le batteur Lanny Boles, soit une section rythmique assurant une continuité avec l’opus précédent. Wayne Jackson est toujours actif lui aussi, le saxophoniste ayant amené avec lui le vétéran Andrew Love. Le label Flying Fish, à l’effigie d’un curieux poisson volant, avec lequel Tracy est toujours sous contrat a patiemment attendu que Tracy soit fin prête pour retourner en studio. Cette fois ci les sessions ont lieu au Studio By The Pond, le petit studio de Lee Hazen situé sur les bords du Lac Hickory à Hendersonville, lieu de naissance de Johnny CASH, à trente bornes au nord de Music City (Nashville). L’endroit est propice à la tranquillité, Tracy vient même quelque fois avec son bébé et si Lee Hazen excelle derrière les consoles celui-ci confie le mastering à Jim Loyd, un ingé-son réputé de Nashville.

Tracy Nelson n’a jamais été une grande compositrice, elle préfère bien souvent se concentrer sur un rôle d’interprète qui lui va comme un gant. Elle est de surcroit habile à concocter un répertoire conjuguant anciens hits oubliés, inusités et des chansons qui n’ont pas trouvé preneur.

D’emblée, c’est une plongée dans un univers Soul auquel on se retrouve invité avec "Come See About Me" *, une compo des frangins Holland et Lamont Dozier que les SUPREMES firent grimper sur la plus haute marche des charts en novembre 64. Le titre connaitra quelques bonnes covers (Nella Dodds, Junior Walker sans oublier le rocker gallois Shakin’ Stevens au milieu des eighties) ; les guitares bien saupoudrées de cuivres nous entrainent ici dans un tourbillon entre Country Soul et une Deep Soul tirée du meilleur tonneau. Une version qui dépasse selon nous la future reprise de Martine McBride, nouvelle égérie de la Country FM. Hit mineur des TEMPTATIONS au printemps 65, "It’s Growing" connaitra une seconde vie via la reprise d’Otis REDDING. L’orchestration offre un bon contraste entre un chant proche de certains psaumes et la guitare de Chris Leuzinger, accompagnateur attitré de Crystal Gayle et Garth Brooks. Une version bien plus captivante et groovy que la reprise Americana de James Taylor. "Walk Away" ** n’est autre que l’adaptation de "Warum Nur Warum" un titre de l’autrichien Udo Jürgens interprété lors du concours de l’Eurovision 64 ; si l’original dans la langue de Goethe ne nous touche aucunement, la première adaptation du crooner anglais Matt Monro se révélait un cran au-dessus mais Tracy Nelson transforme complètement cette guimauve pour en faire une petite pépite de Country Soul, la douceur des instruments et la qualité des arrangements sont ici des atouts de première main. La cadence s’accélère avec "See Saw" une compo de la paire Steve Cropper/ Don Covay et petit hit de ce dernier au sein des Goodtimers en 1966. Aretha FRANKLIN popularisera la chanson en l’incluant dans l’album "Aretha Now". La guitare pleine de réverb de Barry Chance *** contribue à déboucher sur une sonorité Southern Rock intéressante. Pour l’anecdote, il est amusant de voir que Wayne Jackson et Andrew Love qui jouaient dans la version de Lady Soul sont encore présents pour le coup, les deux saxophonistes ont probablement suggéré à Tracy de reprendre la chanson. Autre énorme métamorphose avec "Rivers Invitation", un R&B fifties de Percy Mayfield. Si le titre fut lui aussi repris par Aretha, l’orgue d’Andy McMahon et le nappage de cuivres influent au morceau une autre dimension. Tracy nous délivre, à notre humble avis, l’une des meilleures covers avec celles de Bobby RUSH et Kirk FLETCHER. Il est quasi certain que "Hold On I’m Coming", compo du tandem Isaac Hayes/David Porter popularisée par le duo SAM & DAVE, devrait remporter les suffrages des amateurs de dancefloor. La rythmique de métronome place la guitare et l’orgue sur orbite, tandis que Larry Chaney (futur équipier de Peter Wolf et Beth Nielsen Chapman) déverse de subtiles touches avec sa guitare acoustique.

Au rayon des inusités, elle reprend "Done Got Over", une compo de Bobby Powell enregistrée par Irma THOMAS. On regrettera juste la présence de chœurs qui finissent par devenir répétitifs, mais le titre s’étire avantageusement entre Southern Soul et Pop. Avec "Holiday", une création de Booker T. Jones, on plonge carrément au fond d’une sonorité Soulfull. Autre bonne pioche avec "Tears", œuvre d’Allen Toussaint chantée par Irma THOMAS, grosse influence de Tracy. Avec son intro de percussions tribales, on se croirait tout près de Congo Square. Un titre aux nuances Soul et Voodoo judicieusement exhumé.

Contrairement à l’accoutumée, terminons ces modestes lignes par le titre qui nous laisse l’impression la plus mitigée, d’autant qu’il vient clôturer l’album. "You’re My World", adaptation de "Il Mio Mondo" du chanteur italien Umberto Bindi, connaitra plusieurs relectures via l’anglaise Cilla Black, Tom JONES ou Dionne Warwick jusqu’à Richard Anthony avec "Ce Monde". Mais comme l’annonce l’adage quel que soit ses ingrédients, une guimauve reste une guimauve. Il nous semble que cette petite douceur aurait méritée d’être placée en fin de face A ou pour le moins en milieu d’album, cela aurait permis de distiller une rupture avec le ton général et surtout que le disque ne se termine pas sur un air, certes bien connu, plus orienté vers un auditoire de midinettes et d’amateurs de variétoche sixties.

Hormis la dernière plage, "Come See About Me" constitue l’un des fleurons de la carrière de Tracy Nelson. La qualité des arrangements toujours orientés entre Country Soul et Southern Rock, l’implication des différents accompagnateurs et un choix de titres parfois étonnants et superbement remaniés demeurent aujourd’hui encore des atouts imparables. Sans le titre de fermeture, cet opus aurait pu friser la note maximale. A noter que ce disque et son prédécesseur ont été réédités en 1992 sur un seul CD par Flying Fish.



*Titre homonyme à ceux de Don Covay et de Conway Twitty.
**Titre homonyme à ceux de James Gang et Sisters Of Mercy.
***Barry est le fils de Floyd "Lightning" Chance. Il a officié auprès de Charlie McCoy et Eddy Mitchell.

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- Tracy Nelson (chant)
- Chris Leuzinger (guitare)
- Barry Chance (guitare)
- Larry Chaney (guitare)
- Ted Reynolds (basse)
- Lanny Boles (batterie, percussions)
- Andrew Mcmahon (orgue, piano)
- Wayne Jackson (saxophone)
- Andrew Love (saxophone)
- Donna Mcelroy (chœurs)
- Jamie Brantley (chœurs)
- Yvonne Hodges (chœurs)
- Lisa Silver-reynolds (chœurs)
- Marcha Routh (chœurs)
- Sheri Kramer (chœurs)
- Sherry Grooms (chœurs)
- Peeble Daniel (chœurs)
- Steve Brantley (chœurs)
- Bruce Dees (chœurs)
- Jack Grochmal (chœurs)


1. Come See About Me
2. Done Got Over
3. Holiday
4. It's Growing
5. Walk Away
6. Tears
7. Hold On, I'm Coming
8. See Saw
9. Rivers Invitation
10. You're My World



             



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