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- Membre : Blur, Monkey, Deltron 3030, Damon Albarn
 

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GORILLAZ - Song Machine, Season One (2020)
Par K-ZEN le 15 Janvier 2021          Consultée 1498 fois

Un nouvel album signé GORILLAZ c’est toujours un petit évènement en soi. Surtout depuis que le virtuel semble avoir définitivement pris le pas sur le réel et ce dès 2014, supplantant ainsi BLUR, groupe originel de Damon ALBARN, dont le dernier album enregistré correspond aux dates de friction entre ce dernier et le graphiste Jamie HEWLETT, responsable du design des personnages virtuels formant le groupe : 2D, Murdoc NICALLS – sur le retour après avoir séché The Now Now –, NOODLE et Russel HOBBS.

La sévérité exercée par certains sites, internautes ou chroniqueurs m’avait frappé vis-à-vis des albums postérieurs à The Fall. Humanz, avec sa pochette hommage aux BEATLES, était bien sûr trop long, mais avait ses moments, surtout à partir de "Charger", le morceau en collaboration avec Grace JONES, premier tube d’une longue série culminant sur "She’s My Collar". The Now Now s’était plus recentré sur lui-même, avec un aspect vaguement rachitique et froid. Ces disques n’ont peut-être pas l’aura d’un Demon Days, mais je leur trouve du charme en même temps que des morceaux tout à fait savoureux lors de leur écoute sans aucun préjugé ni idée préconçue. Peut-être que je suis trop conciliant. Je referme cette brève parenthèse.

Song Machine, avant d’être l’intitulé du nouveau longue-durée de GORILLAZ, était le nom donné au concept du projet, explicité sur BBC Radio 1 par ALBARN et le batteur/producteur Remi KABAKA JR. Il se compose d’arcs narratifs découpés en saisons à la manière d’une série télévisée, "plus proche d'Ozark, que de Designated Survivor", j’avoue n’avoir jamais regardé cette série avec Kiefer Sutherland même si j’adorais 24, Jack Bauer et son portable à clapet.

Ce projet s'inscrit dans la volonté du groupe de ne plus sortir classiquement des singles suivis d’un album, mais plutôt produire des chansons en fonction de leurs rencontres avec d'autres artistes et accompagner chaque titre d’un clip. Dans un communiqué de presse publié en février 2020, le personnage fictif Russel HOBBS déclarait notamment "Song Machine est une nouvelle façon de faire pour nous, nous ne savons même pas qui débarquera au studio la prochaine fois. Song Machine se nourrit de l'imprévisible, et carbure au pur chaos. Alors quoi qu'il arrive, nous sommes prêts à produire comme s'il n'y avait pas de lendemain. Vous savez, juste au cas où...".

Ainsi, le "premier épisode" fut le single "Momentary Bliss", dévoilé le 30 janvier 2020. Un morceau finalement très punk avec ce rap en équilibre signé slowthai et SLAVES, encadré de guitares malades typiquement post-punk, une recette réappliquée d’ailleurs plus loin sur "Simplicity" avec une certaine langueur. Le groupe balancera périodiquement 9 chansons durant 2020, le rituel n’étant interrompu que par la pandémie de Covid-19 en Mars.

Avant d’acquérir l’album en physique, j’étais tombé par curiosité sur le troisième single "Aries". Dès les premières notes, on reconnait le style inimitable de Peter HOOK, bassiste de JOY DIVISION et de son successeur NEW ORDER, dont les gimmicks imprègnent le titre. Il y est accompagné par la batteuse GEORGIA, fille du cofondateur de LEFTFIELD Neil BARNES. C’est un des sommets de l’album, indéniablement, avec un ALBARN qui semble traîner un spleen plutôt tenace, malgré ce refrain quelque peu joyeux. Comment gérer tout cet isolement, ce silence ? Une course improvisée au volant de véhicules hétéroclites sur l’autoroute pourrait-elle faire l’affaire ? Plutôt cette injection, probablement, matérialisée dans le clip : Murdoc inoculant à l’alter-ego virtuel d’ALBARN un substrat inconnu. Et le revoilà "qui replonge, encore", s’envole sur une plage au loin, "un feu rouge" à la main, "attendant qu’il passe au vert", pour tenter de renouer avec les gens, dans un élan d’envie mêlée cependant d’hésitation.

Car oui, les couleurs arborées par la pochette ne doivent pas vous induire en erreur. Les instrumentations non plus. Les thèmes abordés lors de cette première saison ne sont pas si joyeux.

L’autre moment fort est cet incroyable "The Lost Chord", seconde partie du diptyque solaire, tout droit hérité de la plage de plastique. Dans un clin d’œil, le clip met d’ailleurs en scène le manoir futuriste de la bande, que l’on peut retrouver en première page de Plastic Beach. La bâtisse est détruite dans un fracas emprunté à Antonioni et son Zabriskie Point par un monstre marin incarné par Leee JOHN, dont la voix soul haut perchée brille de mille feux sur ce refrain inoubliable. Quel est-il cet « accord manquant » ? Plus que la personne ou la relation perdue, peut-être une référence à une substance, encore… Un vers du refrain suggère « un jardin », comme un havre de paix, une échappatoire à cette addiction le retenant "enchaîné" et dont il veut s’acquitter (le Godzilla a d’ailleurs des chaînes aux doigts…). Ou bien une dimension parallèle dans laquelle s’engouffrent finalement nos héros, pour éviter la montée des eaux, la dimension écologique endossant tout son sens. La mer reprend ses droits, punissant les hommes, leur orgueil et leurs constructions bien éphémères.

"The Pink Phantom" est tout aussi fatigué, illustrant une relation amicale ou amoureuse se terminant mal, se réincarnant parfois en "fantôme rose". Une présence insuffisante. Assailli de souvenirs et de regrets omniprésents, le narrateur préfère "attendre de l’autre côté". La collaboration est encore prestigieuse, Sir Elton JOHN himself derrière le piano et 6lack au rap. C’est d’ailleurs un des points à remarquer concernant cet enregistrement, chaque titre possède un featuring et en cela, le cahier des charges a été respecté au poil. On note en outre qu’ALBARN se fait plus discret au chant, constat qui culmine sur le disque bonus de l’édition Deluxe que l’on privilégiera, sur un aspect plus mercantile, pour l’achat, permettant de profiter des sept minutes en ouverture de la pépite "Opium", titre à la qualité certaine entre ambient, dub, noise et jazz.

Les autres morceaux ne parviennent toutefois pas à maintenir l’excellence entraperçue. Même si certains s’avèrent tout de même assez intéressants, par leur contenu ou aspect stylistique.

"Strange Timez" invite assez logiquement Robert SMITH, qui a chanté avec les CURE "A Strange Day", pour un titre froid et mystérieux évoquant la situation politique et économique de 2020. Bien entendu, le z final est aussi présent. Sur "Désolé", ALBARN convie à nouveau la chanteuse malienne Fatoumata DIAWARA pour un titre soul plutôt ensoleillé, agrémenté d’une fanfare de vents et de passages en français. Le hip-hop est bien entendu aussi de la partie, parfois mêlé avec succès avec rock ou pop. Ce sont – outre le sus-cité "Momentary Bliss" – le syncopé "Friday 13th" au feeling très CLASH, "Dead Butterflies" et son ambiance de bar déserté ou l’incisif "How Far ?" mettant en scène le légendaire et regretté batteur Tony ALLEN, ayant joué avec Fela KUTI. D’autres tentatives sont plus infructueuses : un "Pac-Man" loin d’être inoubliable croqué par ScHoolboy Q, un moyen "MLS" avec notamment JPEGMafia.

Un disque qui reste cependant de bonne facture et hautement recommandable. On ne peut momentanément (?) plus aller en boîte mais on peut toujours danser avec BECK dans notre salon sur "The Valley Of The Pagans" en attendant. C’est déjà ça, comme dirait un certain Alain.

3.5/5

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   K-ZEN

 
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- 2d (chant, claviers)
- Murdoc Niccals (guitare, basse)
- Russel Hobbs (batterie, percussions)
- Noodle (guitare, claviers, chant)


1. Strange Timez (feat. Robert Smith)
2. The Valley Of The Pagans (feat. Beck)
3. The Lost Chord (feat. Leee John)
4. Pac-man (feat. Schoolboy Q)
5. Chalk Tablet Towers (feat. St. Vincent)
6. The Pink Phantom (feat. Elton John & 6lack)
7. Aries (feat. Peter Hook & Georgia)
8. Friday 13th (feat. Octavian)
9. Dead Butterflies (feat. Kano & Roxani Arias)
10. Désolé (feat. Fatoumata Diawara)
11. Momentary Bliss (feat. Slowthai & Slaves)

- Disque Bonus De L'édition Deluxe
1. Opium (feat. Earthgang)
2. Simplicity (feat. Joan As Police Woman)
3. Severed Head (feat. Goldlink & Unknown Mortal Orch
4. With Love To An Ex (feat. Moonchild Sanelly)
5. Mls (feat. Jpegmafia & Chai)
6. How Far ? (feat. Tony Allen & Skepta)



             



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