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GWENNYN - Immram (2021)
Par MARCO STIVELL le 19 Mai 2021          Consultée 1000 fois

Depuis quelques années, GWENNYN donne à ses albums une touche conceptuelle. Immram est le mot breton usuel qui évoque le voyage de Bran/Saint-Brendan à travers l'Atlantique, mais pour l'occasion, l'artiste-chanteuse tient à mettre l'accent sur une partie du récit, celle où il aurait atteint une île peuplée de femmes seulement. Il y aurait passé le restant de sa vie et, s'il n'est revenu à bon port, ce n'aurait été qu'à l'état de fantôme... Les légendes autour du moine marin découvreur continuent de s'enrichir et une musicienne à la voix angélique, ayant déjà fait ses preuves avait tout à fait son mot à dire !

Cependant, Immram n'est pas un album-concept. Les chansons gardent une tonalité classique dans leur textes, GWENNYN préférant aborder les thèmes universels qui sont comme des espaces de choix pour son talent d'interprète, au même titre que la musique. La mer et le voyage sont explicités sur "Présage", "Il est une île". D'autres titres s'orientent vers la nature terrestre, la spiritualité ("Me gav hir an amzer"/"Je trouve le temps long", empruntée à une gwerz traditionnelle) ou vont effleurer des sujets "à chaud" comme la langue bretonne, le consentement des femmes (dès le premier titre, "Me ivez"/"Moi aussi").

Le début de l'album impressionne avec une production moderne conjuguée à des éléments orchestraux que ne saurait renier un certain Laurent VOULZY. C'est que la couleur gris-bleu sied bien à lui (et notamment son chef d'oeuvre sorti il y a trente ans) comme à GWENNYN. Avec autant d'éléments charmeurs : la pop-reggae lente du premier titre avec riffs de guitare doubles (électrique/acoustique) et synthés hérités du rock progressif, ou les programmations électroniques rêveuses du second, portées par une voix aérienne, des mélodies plaintives et simplement belles, des solos de bombarde émouvants...

Les musiciens habituels de GWENNYN, Patrice Marzin, David Pasquet, Kevin Camus etc se réservent de beaux arrangements et il est difficile de trouver un comparatif pour une production aussi hybride, aux dynamiques lourdes et légères, partagée entre sons et ambiances. C'est pourtant toujours cette voix belle et pleine de finesse qui fait l'attrait principal de tels albums ! L'élégance feutrée se trouve mêlée de groove et d'efficacité pop, pop-électro même histoire de garder un pied dans l'actualité, le tout pour une poignée de titres. En dehors des chaloupés et entraînants "Mamm douar"/"Terre Mère", "Bleunioù Pop Up"/"Fleurs Pop Up", "Fille du vent" avec sa guitare à l'antillaise et "War an Hent"/"Sur la route" (le meilleur des quatre, avec sa rupture qui fait intervenir le bagad de Lann-Bihoué !), la part belle est faite aux chansons calmes, dès la moitié du disque.

GWENNYN nous balade en suavité à travers une nouvelle suite de douces et belles idées en semi-acoustique : "Miziou du"/"Mois noirs" (illustration de la déprime... ou du confinement ?), "Deuit 'ta"/"Venez" et sa nostalgie saupoudrée de percussions fines, sachant que les deux chansons contiennent de splendides parties de violon par Ronan Rouxel. "Il est une île" est un appel à l'évasion, arpèges californiens de guitare électrique, solo de uilleann pipes au rendez-vous. Quant à "Présage", je dois dire que mon sang a battu fort en entendant, sur l'ouverture au piano "normal", une doublure au piano électrique CP-70 sur le refrain instrumental : en un mot, magnifique !

Last but not least, la ballade "Kimiad"/"Adieu" immortalisée par Alan STIVELL en 1973 qui a marqué GWENNYN (tout comme Kate BUSH) et que celle-ci a tenu à reprendre fidèlement en compagnie du bagad, changeant juste un peu la structure et ajoutant quelques effets de synthés modernes, une boîte à rythmes. Cette chanson indescriptiblement merveilleuse n'est jamais aussi forte que quand elle est proche de la version STIVELL. Pour cela et pour cette voix de fée, la version GWENNYN restera la meilleure "autre version" en ce qui me concerne, j'en ai eu des frissons !

Pourquoi trois étoiles sur cinq seulement si ce disque semble aussi réussi ? Peut-être parce que certains morceaux, bien qu'agréables, marquent moins que d'autres par le passé ; peut-être que cela concerne l'album lui-même dans son entièreté. Cela étant, comprenons-nous bien : GWENNYN n'a publié que des albums réussis, y compris Immram, et ce qui apparaît une note moyenne ici s'approche vite de la perfection si on observe nombre d'albums pop actuels qui n'ont aucune identité, profondeur, subtilité, musicalité. Et, vocalement parlant, beauté.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gwennyn (chant)
- Patrice Marzin (guitares, claviers, programmations)
- Manu Leroy (basse)
- Yvon Molard (batterie)
- Kevin Camus (uilleann pipes, low whistle)
- Ronan Rouxel (violon, mandoline)
- David Pasquet (bombarde)
- Soïg Sibéril (guitare)
- Philippe Turbin (piano)
- Jean-louis Cortès (claviers additionnels)
- Le Bagad De Lann Bihoué


1. Me Ivez
2. Me Gav Hir An Amzer
3. War An Hent
4. Fille Du Vent
5. Deuit 'ta
6. Présage
7. Mamm Douar
8. Mizioù Du
9. Bleunioù Pop Up
10. Kimiad
11. Il Est Une île



             



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