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NON - Easy Listening For Iron Youth (1989)
Par NOSFERATU le 14 Août 2021          Consultée 912 fois

NDLR: Boyd Rice soutient des thèses inspirées du darwinisme social et du fascisme, qui en font un artiste controversé, voire persona non grata, dont nous préférons vous informer ici. L'équipe s'est trouvée bien divisée sur le sujet. Provocation ou véritable activisme politique, l'ambigüité fait partie intégrante de son oeuvre. Ce n'est que par intérêt encyclopédique que l'artiste a donc fait l'objet de cette chronique, non pour essayer de trancher sur la question.

Et une compil 'indus' si on peut dire, une. Littéralement 'de l’écoute facile pour une jeunesse de fer', oups...
Une collection de morceaux avant-gardistes emmenés par ce grand cramé du bulbe qu’est BOYD RICE. Rattaché à la mouvance dark folk mais aussi industrielle, dont les frontières entre ces deux sous-genres ultra underground sentant souvent le souffre sont souvent mal limitées.

BOYD RICE est un sulfureux personnage originaire de cette Californie en proie à toutes les audaces musicales, comme il en existe dans la longue histoire damnée du rock obscur made in USA. Depuis les années 70, cet activiste musical et politique à la fois touche à tout ce qui est interdit : les théories politiques déviantes (il fut un adepte du ' darwinisme social'), l'ésotérisme luciférien (il a côtoyé de près Anton La Vey, le dirigeant de l’Eglise de Satan, et s’est toujours intéressé au roi des serial killers qu’est Charles Manson), mais aussi l'occultisme gnostique, mérovingien (une fixette sur le site de Rennes le château), le fétichisme des uniformes nationaux-socialistes. On est donc en terrain ultra-provocateur. A l’opposé de la gentille 'doxa' hippie des seventies, allant plus loin que la rébellion gentiment punk apparaissant au même moment que les premières exactions bruitistes de BOYD RICE, dépassant aussi le grand guignol rigolo d’un BLACK SABBATH qui bat alors son plein. Mais on parlera surtout d’ un pur produit du spectacle nihiliste qu’offrait alors l’underground contre-culturel américain dans sa facette hyper sombre, pourrait-on dire.
Musicalement, la psyché de l’étrange bonhomme a été surtout perturbée par les shows glam punk d’ALICE COOPER et des NEW YORK DOLLS. Sur le net, on peut le voir d’ailleurs poser fier comme Artaban avec le chanteur de ces derniers, David Johansen.
Depuis The Black Album (tout un programme) sorti durant l’année de la haine punk, ce véritable 'man in black' crée des disques sous son nom ou celui de NON qui, d’après son géniteur, implique tout et rien. Déjà , dès l’âge de 18 ans en '75, il réalisait des enregistrements expérimentaux sur bande. En cela, il est donc considéré par les historiens du bruitisme comme un véritable précurseur de la noise music, prolongeant la leçon inaugurée par le classique Metal Music Machine de LOU REED, ce dernier étant déjà bien obsédé par le bruit depuis ses travaux au sein du VELVET UNDERGROUND (disque que je possède évidemment et que j’avoue avoir écouté deux fois en entier).
Sur scène, ce provocateur né apparaissait souvent en tenue de Waffen ss, inspirant par la suite tous les DEATH IN JUNE et autres CURRENT 93 en devenir. L’ambiance se veut martiale, les spectateurs masochistes subissant d’oppressants murs du son, faisant passer les concerts de SUICIDE pour le 'Muppet Show'.
J’avais une cassette enregistrée de cette compilation prêtée par un goth local de la mort, je crois. Je me souviens de l’avoir mise durant une soirée privée chez moi quand j’habitais un studio pourri à Aix en Provence durant mes années estudiantines. A l’écoute de "Carnis Vale", un pote roulant un joint s’est levé et a gerbé, affolé par la stridence abrasive du titre.
Cette compilation sortie en 89, suivant une discographie déjà bien conséquente, regroupe ainsi des 'chansons' réalisées depuis les origines de 'l’homme en noir' sous son nom, celui de NON ou en collaboration avec d’autres huluberlus comme FRANK TOVEY, le cinglé 'synth-rock' de FAD GADGET.
Avec NON, deux faces plus ou moins distinctes, l’une particulièrement effrayante, l’autre foncièrement bruyante. Avec peut-être une autre intermédiaire.

Dans le registre 'je vais faire plus peur que les autres', on note "Conflagaration", une sorte de dark ambient avant l’heure avec quelques stridences bruitistes. Ce côté dark ambient se retrouve aussi dans "Cruenta Voluptas" d’inspiration wagnérienne. Un véritable prélude à une attaque massive de stukas sur la Pologne. Ou la boucle répétitive à l’atmosphère sinistre de "Father’s Day". Les chœurs inquiétants du début de "Scorched Earth" sont précipitamment anéantis par du bruit sidérurgique. L’atmosphère de "Predator/Prey", co-réalisée avec les païens de COIL, effraie puis à trente secondes la montée grandissante d’une résonnnance vous paralyse totalement avec au loin des tambours martiaux qui préfigurent la "Blikzkrieg" d’un GENOCIDE ORGAN (le nom le plus fou de l’histoire du rock ) qui fera d'ailleurs passer les shows des suiveurs de RAMMSTEIN pour un spectacle de Guignol.
La facette qui fracasse les oreilles se retrouve dans le "Iron Destiny", du STEVE REICH obsédant dont le rythme ralentit progressivement. TIN TIN TIN …TIN TIN TIN … "Rise" est un pur titre véritablement industriel pas loin des 'comptines' terrifiantes des copains de THROBBING GRISTLE. "Carnis Vale" évoqué plus haut, avec ses hurlements dont un dominant tous les autres à deux minutes, doublé d’une nappe sonore délicieusement atroce, sorte d’ 'horror noise', inspirera par la suite tous les malades de la 'japanoise' qui ne va pas tarder à émerger (MERZBOW et compagnie). On a la sensation bizarre que le bruyant "Tourist Trap" n’arrive pas à se former complètement.
Le pur 'indus oise' de "Fire In the Organism" s’accélère dangereusement avec cette sorte d’hélice d’avion décapitant tout sur son passage, qui se mue à partir d’une minute en un véritable magma retentissant, anéantissant tout sur son passage. De la guerre-éclair en action, en gros … "Sunset" est un bruit non identifié, ça rappelle le Metal Music Machine de l’autre binoclard, mais en version nettement plus brune.
Et puis au milieu de ces affolants titres, la ritournelle synthétique composée avec le poppy Daniel Miller "Cleamliness and Order", marquée par une voix féminine, ressemble un peu aux 'spoken words" de LYDIA LUNCH.
En résumé, une expérience auditive à l’opposé de la 'cancel culture' actuelle.

Quand cette compil sort, un jeune homme perturbé cotoie de près BOYD RICE en véritable disciple. Il s’appelle Brian Warner et présente son groupe à son gourou. Ce dernier voit en concert le groupe, lui rappelant ses amours de jeunesse, et s’exclame : On dirait du glam rock à un congrès de Nuremberg. Le combo en question s’appelle MARILYN MANSON.

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- Boyd Rice
- Coil
- Frank Tovey
- Daniel Miller (boucles)


1. Iron Destinity
2. Conflagration
3. Rise
4. Carnis Vale
5. Cruenta Voluptas
6. Tourist Trap
7. Fire In The Organism
8. Father's Day
9. Scorched Earth
10. Predator/prey
11. There Was Never A Moment When Evil Was Real
12. Eternal Ice
13. Sunset
14. Cleanliness And Order
15. Defenestration
16. Embers



             



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