Ah cette tof des fans, la tronche écrasée sur les vitres des limos de nos rock star, voilà qui ne manque pas de rappeler à chacun la vie trépidante des groupes dans les seventies, entre montagnes de coke et les tonnes de groupies ! Le titre de l'album se réfère surtout à un dicton courant à l'époque sur le fait que les grattes pouvaient de ne pas être parfaitement accordées, peu importe au final, seule compte l'énergie. Je suis assez d'accord avec cette maxime. Le guitariste Manny Charlton est à nouveau derrière la console. Nous en sommes déjà au septième opus de NAZARETH.

"Telegram" va d'emblée devenir un incontournable des set live de NAZARETH, cette rythmique hachée se prête fort bien à la mise en bouche ! La mise en place n'est pas sans annoncer l'arrivée de IRON MAIDEN dans la musique populaire. Ecoutez donc, ça ne vous rappelle rien ? Sérieusement ? Nous sommes donc à la lisière du Metal et du hard rock traditionnel. Un petit morceau conceptuel de huit minutes qui, quelques instants, inclut la reprise du classique des BYRDS, "So You Wanna Be A Rock'n'roll Star", pour repartir dans les contrées pop, le groupe aimant toujours autant brouiller les pistes.

On repart pour un boogie à la QUO sur "Vancouver Shakedown", ça swingue sympa. Nous avons du hard-rock bluesy de facture classique avec "Loretta" puis "Lift The Lid" nous replonge dans le giron de DEEP PURPLE avec son Hammond si Lordien, influence majeure et constante que le groupe ne peut dénier. Mais Manny n'est pas Richie Blackmore ! D'ailleurs, "You’re The Violin" reste dans cette même continuité, dans un thème plus rock que réellement hard, mais Dan sonne presque comme GILLAN sur ce titre aux relents très BLACKFOOTien, alors que les pieds noirs viennent à peine d'intégrer la partie.

Comme à l'accoutumée, le groupe nous gratifie d'une bonne palanquée de titres 'hors-sujet' : "Homesick Again" nous éloigne carrément des considérations métalliques pour réinvestir une forme de folk rock dont le groupe a toujours revendiqué la filiation. "Born Under The Wrong Sign" est un funk rock surprenant, mais nous n'en sommes pas à ça près avec nos Ecossais. "Carry Out Feelings" est un rocksteady. Comment ? Mais oui, habituez-vous, voici qui est la marque de fabrique du groupe. Cela les rend attachants mais il est possible que là réside l'explication du fait que NAZARETH ne soit jamais devenu un incontournable de la scène Hard. "Vicky" est une petite piste à la guitare acoustique. Toute mignonne, presque incongrue après la débauche du premier titre.

A l'heure de la conclusion, les calculs sont simples à faire : l'album n'a rien d'une référence et ne présente pas d'autre réel intérêt que la découverte de "Telegram" devenu un des classiques du groupe. Toutes les digressions musicales auxquelles le groupe se livre ne peuvent permettre aux fans de se fixer avec constance sur leurs compositions, même si nombreux sont déjà les classiques. Mais dans les seventies, le showbiz est un milieu impitoyable et pour être le nouveau DEEP PURPLE ou LED ZEPPELIN, il faut choisir son camp ! Je reste sur un trois un brin fragile.