Vous avez bien lu la date, mesdames et messieurs : BOSTON a mis 8 longues années pour sortir un successeur à Don’t Come Back. Des embrouilles dans tous les sens, mais l’explication est claire : Tom Scholz n’est pas un mec comme les autres. Bien, nous savons déjà qu’il est brillant, alors évidemment le gars réalise vite que manager, maisons de production, tout dans le showbiz n’obéit et ne recherche qu’une seule chose, les billets verts. Alors, Tom s’occupe de tout, change de maison, propose aux autres musiciens de faire un truc de leur côté, monte sa boîte de création musicale – son fameux Rockman, vénéré par tant de guitaristes, sort en 82 - et ne laisse personne prendre la moindre décision à sa place. Ca fait beaucoup et, croyez-moi, les bizness men du coin n’ont pas l’habitude de ce genre d’oiseau ! Brad Delp et Tom parviennent toutefois à mettre sur pied le troisième opus du groupe. En tout cas, la belle pochette montre le vaisseau guitare Boston s’amarrer à un immense vaisseau orgue, prometteur !

Alors, nous avons cinq singles ! "Amanda" est le plus grand succès de BOSTON, caracolant deux semaines au sommet du hot 100, rien que ça ! Composé en 80, le titre n’a d’ailleurs nul besoin de marketing pour réussir, pas de vidéo, c’est ainsi ! Guitare folk de rigueur, chant doucereux taillé pour les charts et les moments de drague. Mais si, écoutez-le, ce refrain ne vous est pas inconnu ! "Cool The Engines" - 4ème du mainstream - qui s’ensuit est un rock bien dynamique, avec quelques inflexions QUEENiennes fort bienvenues. Le single suivant est plus proche des thèmes AOR classiques, ses riff et choeurs aériens lui assurant une honorable 9ème place des charts. Le titre s’écoute mais n’a rien d’exceptionnel, "We’re Read" date de 81. La légende assure que Tom a employé son Rockman pour trouver le son de violon du single "Can’tcha Say", au terrible refrain AOR dont l’efficacité ne fait aucun doute, avec une 20ème place. "Hollyann" et ses belles guitares acoustiques, le chant velouté de Brad, très bien fichu aucun doute, Tom Scholz sait ce qu’il fait et maîtrise son sujet.

Tom aime les ambiances et, comme pour le précédent opus, il livre ici deux instrumentaux : "The Launch" met en scène l’image de couverture avec pas mal d’emphase, on se croirait presque dans 2011 l'odyssée de l’espace. Le son assez tonitruant de cet album me conforte dans l’idée que Tom et son homologue anglais Brian MAY de QUEEN partagent beaucoup de points communs, aussi bien l’approche de leur instrument que les passions ou personnalité. Le court "A New World" si plein de gratte est l’oeuvre du batteur Jim Masdea. "To Be A Man" enfonce le clou pour les similarités avec QUEEN, même si le titre manque un peu d’énergie à mon sens. L’orchestration en est fort bien réalisée. "I Think I Like It" nous replonge dans le Hard‘n’roll cher à Tom, j’en aime bien la rythmique en palm mute assez rare chez BOSTON. Enfin, malgré sa longue intro à l’orgue, "My Destination" peine à s’envoler.

Bref, nous sommes dans la droite lignée des deux albums précédents, l’effet de surprise en moins et, il faut l’admettre, une qualité moindre. L’opus est très agréable de bout en bout, mais nulle part ne surgit l’étincelle de génie qui irradie des deux premiers opus. Tom Scholz a dû gérer beaucoup de choses depuis toutes ces années. Si son talent de guitariste est totalement intact, ses capacités de compositeur ont un peu souffert de ce long hiatus. Cela dit, l’album reste de belle tenue et ne déçoit qu’en de rares occasions. Il mérite donc un trois seulement moyen pour le groupe de Nouvelle-Angleterre.