Pas de raison de se priver de retenter une expérience qui a bien fonctionné… Si? Allons donc, Geffen sent qu’elle vient d’ouvrir la boite de Pandore avec la dernière livraison de la belle CHER. Alors on remet le couvert et pas de faux semblant ! La brunette joue a fond son rôle de Cougar, voyez donc cette splendide pochette ! Qui pourrait croire que cette dame a déjà 43 printemps … M’étonnerait pas que se soit elle qui ait lancé la mode des MILF d’ailleurs ! Bref, Desmond CHILD et Michael BOLTON sont à nouveau de la partie, tout comme les tourtereaux de BON JOVI, qu’on va retrouver dans les crédits ! A priori, tout doit bien se passer et CHER doit ici conforter son nouveau statut de superstar renaissante. Tout est en place pour réussir ce pari.

Alors il y a pléthore de singles, pas moins de cinq ! C’est "After All" qui ouvre les hostilités, BO du film Le ciel s’est trompé. La chanson est un duo qui l’associe au chanteur de CHICAGO, Peter CETERA, chanson d’amour appréciée - 6eme du billboard - et le seul slow de l’album, ce qui a le mérite de clairement le positionner sur l’échiquier de la musique. Elle ne démérite pas, mais est forcément peu raccord avec le reste de l’album. Joli titre radio friendly au refrain bien addictif, "If I Could Turn Back Time" est le single suivant qui impose définitivement la chanteuse au firmament du soft rock, numéro un en Australie et trois aux US, une belle réussite !

Un début en forme de balade western coutrypolitan, "Just like Jesse James" affiche ensuite un esprit évident de soft rock AOR, nous sommes en plein dans la cible ! C’est bien foutu pas de doutes, et la récompense est là puisque le titre atteint la 8eme place du billboard ! Cette improbable résurrection est vraiment étonnante non ? L’éponyme "Heart Of Stone", reprise des oubliés BUCKS FIZZ penche plus du coté de la pop, et sert fort bien la voix de CHER, alors que les choeurs évoquent fortement ABBA – prémonitoire ? Elle intègre aussi le top 20, belle performance qui achève de nous convaincre que le retour est vraiment à la hauteur de a carrière de CHER. Michael BOLTON est aux manettes sur "You Wouldn’t Know Love",qui déchire remarquablement. De l’AOR de grande tradition et CHER qui assume pleinement son rôle de grande prêtresse. La chanson se retient fort bien et est superbement achalandée, pourrait sortir de l’escarcelle des meilleurs SURVIVOR ou JOURNEY cela ne surprendrait personne, seule surprise : elle n’intègre pas le hot 200.

Et nous passons d’une chanson de Michael à une de Desmond, les transitions se font sans sourciller tant les deux kings de l’AOR pratiquent leur air d’une semblable manière. Les titres ne se ressemblent pas, seul le savoir faire est la constante… Bien sur les "ohohohoh" de "Love On A Rooftop" sonnent très poppy, évoquent DEF LEPPARD époque Hysteria, mais n’est-ce pas une excellent référence ? Et alors qu’on s’attend àun solo pourfendeur de six cordes, on a droit à un solo de sax, les codes ne sont pas ceux du Hard rock définitivement ! Les deux titans sont d’ailleurs à la plume sur "Emotionnal Fire", parangon de l’AOR, on s’en serait douté, on y note un refrain galopant de fort belle allure.

On continue de manière très qualitative avec la rythmée "All Because Of You" qui symbolise à merveille son accession au titre de Queen of rock, puisque contrairement à ses consoeurs – MADONNA ou Cyndi LAUPER -, CHER a carrément orienté sa carrière vers le rock. Vraiment très sympa ! Richie et Jon sont donc à la baguette sur "Does Anybody Really Fall In Love Anymore ?". Arf ! Il faut avouer qu’on reconnaît bien leurs tics sur le refrain ! S’en est presque drôle. C’est Jonathan Cain co-leader clavieriste de JOURNEY, qui lui offre "Starting Over", un des titres les moins remarquables de la livraison, on y note à peine un pseudo harmonica. Bien plus laidback, quasiment variété, "Kiss To Kiss" manque un peu de puissance mais la mélodie rappelle aussi certains thèmes chers à HALL AND OATES, rien d’étonnant vue l’époque. Enfin, "Still In Love With You" est sans doute un brin plus transparente, mais reste de l’ouvrage très classique pour le genre pratiqué.

CHER a écoulé 4 millions de cette galette aux quatre coins du monde, on a peu d’exemple d’une telle réussite après avoir connu plusieurs vies. Sans doute l’artiste doit-elle cela à son entourage professionnel : on retrouve ici tout le gratin des musiciens de studio – kyrielle de producteurs, LUKATHER, SKLAR, WACHTEL -, sa dynamique personnelle et une aptitude toute originale qu’elle a de laisser les années couler comme autant de jours pour le commun des mortels, elle n’a en effet jamais été aussi belle, ce qui est peu dire vue la vision féminine que représente CHER dans l’inconscient collectif. Et voilà, ça devait arriver, le vingtième album de CHER atteint enfin la note de quatre ! Il était temps ! Pour les amateurs de classic, soft rock et d’AOR, ça devrait bien le faire !