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Emmylou HARRIS - White Shoes (1983)
Par LE KINGBEE le 27 Septembre 2022          Consultée 712 fois

Nous sommes en 1983, le monde est envahi par une multitude de hits à gogo. Les radios nous repassent jusqu’à plus soif "Sweet Dreams" (EURYTHMICS), "Let’s Dance" (BOWIE), "Last Night A DJ Saved My Life" (Indeep) tandis que Michael JACKSON grimpe sur le toit du monde avec "Beat It" et "Billie Jean" *.

Ces quelques exemples témoignent d’un changement de modes et de tendances, la Country n’a plus la cote et ne subsiste essentiellement qu’en Amérique et au Canada. Si Dolly PARTON, Ricky SKAGGS, Kenny Rogers, Crystal Gayle, Reba McEntire entretiennent l’espoir et maintiennent l’illusion dans les charts Country, aucun n’est parvenu à mettre son nom dans les classements Pop. Seule Emmylou HARRIS semble faire de la résistance.

Assise sur un banc, les deux pieds posés sur son coffre de guitare, Emmylou semble méditer. L’album doit son titre non pas aux deux bottines de la chanteuse mais à une compo du californien Jack Tempchin enregistrée par Randy Meisner, ancien membre de POCO et des EAGLES. Niveau texte, on frise le ridicule avec cette obsession affective pour une paire de pompes. Mais après tout, soyons open, Carl PERKINS avait bien composé un classique du Rock'N'Roll avec "Blue Suede Shoes". Mais là, les fameuses pompes blanches auraient tendance à piétiner entre un répertoire Pop et de la Country californienne somme toute agréable. Rien d’inquiétant, même si on ne comprend pas trop pourquoi l’album porte le nom de cette chanson. Ne voulant pas nous faire botter le cul, nous n’insisterons pas.

En fait, ce 11ème album studio d’Emmylou est le dernier qu’elle fera en compagnie de Brian Ahern, son producteur et époux en passe de devenir un ex.

Dès l’entame, on a l’impression qu’HARRIS cherche à s’émanciper du domaine Country comme en atteste la reprise de "Drivin’ Wheel", un Rockabilly rustique de T. Bone Burnett. Si Burnett et Robert Gordon délivraient des versions brutes de décoffrage à la sonorité plus rurale, là l’accent est mis sur un accompagnement Country Rock bien enlevé. Cette orientation vers un répertoire plus commercial se confirme avec la reprise de "Pledging My Love", un classique de Don ROBEY et Fats Washington accommodé à toutes les sauces (Johnny Ace, Vince TAYLOR, Percy Sledge, ELVIS). Si cette onctueuse guimauve a fait le bonheur de nombreux chanteurs de Soul, elle est également tombée dans la besace de la Country. La sobre pedal steel d’Hank DeVito impulse une ambiance Country tout en évitant de tomber dans les abysses d’un Hillbilly béni oui oui et trop sirupeux à l’instar de Kitty Wells ou Wanda JACKSON.

Le domaine de la balade est exploré à plusieurs reprises : Emmylou emprunte à la canadienne Shirley Eikhard "Good News" **. Les paroles pleines de spleen n’engagent pas à se lever de sa chaise pour aller danser une gigue. C’est aussi le cas DE "Like An Old Fashioned Waltz", reprise de l’anglaise Sandy Denny (ex-FAIRPORT CONVENTION), entre balade Folk et valse lente aux fragrances irlandaises mais terriblement mélancoliques.

Après avoir évoqué Brian Ahern (le futur ex), il est temps de parler de son remplaçant en la personne de Paul Kennerley qui lui apporte "In My Dreams" ***, un sympathique mélange de Country Rock et de Pop qui occasionne un peu de légèreté. Soucieuse d’emmener ses auditeurs sous d’autres cieux, Emmylou muscle le tempo avec "It’s Only Rock And Roll" ●, une offrande de Rodney Crowell agrémentée d’un bon passage d’harmonica ; une version bien plus enlevée que celle de son créateur et qui relègue bien loin celle de l’outlaw Waylon Jennings. Second emprunt à l’ami Crowell avec "Baby, Better Start Turnin' 'Em Down", une bonne mixture entre Rock et Country Rock dans lequel la voix prend de l’ampleur. Une cover qui nous semble bien plus dynamique et enjouée que celles de Lacy Dalton ou Rosanne Cash.
Popularisée par la comédie "Gentlemen Prefer Blondes" puis par Marilyn Monroe dans le film du même nom, "Diamonds Are A Girl's Best Friend" s’inspire hautement de la version de T Bone Burnett. L’intro de guitare rappellera quelques souvenirs aux fans de Lou REED. Un morceau bien plus entraÎnant que les essais d’Olivia RUIZ ou de BEYONCE dans une pub pour un célèbre couturier parfumeur.

Il nous paraissait malaisé de ne pas terminer avec "On The Radio", hit de Dona SUMMER et du producteur Giorgio MORODER. Si le titre figurait également au générique du film "Foxes" avec Jodie Foster et Cherie Currie (ex-RUNAWAYS), elle demeure le parfait prototype de la chanson sentimentale de type Disco, registre bien éloigné de la Country. Avec cette controverse clairement affichée, HARRIS s’oriente vers une nouvelle voie, celle d’une Country plus moderne, plus novatrice n’hésitant pas à se diversifier pour aller à la rencontre d’un nouvel auditoire. Certaines jeunes chanteuses ayant postérieurement repris la chanson sont loin du niveau affiché par Summer et de notre countrywoman. Plus de quarante après sa création, les paroles de cette incontournable chanson sentimentale n’ont rien à envier aux textes contemporains : "Someone found a letter you wrote me, on the radio - And they told the world just how you felt - It must have fallen out of a hole in your old brown overcoat … … On the radio Waouh, oh, oh".

Hormis "Good News", idéal pour vous foutre du vague à l’âme, "Pledging My Love" qui sent le réchauffé et la dernière piste qu’il aurait été préférable d’intercaler au milieu de l’album, il n’y a intrinsèquement pas grand-chose à reprocher à cet album. Ajoutons que l’accompagnement bénéficie d’une cohorte de musiciens aussi fidèles que réputés.


*Il s’agit des premiers titres qui me sont venus à l’esprit. Je suis persuadé qu’on doit trouver des chansons aussi représentatives de l’époque.
**Titre homonyme à ceux des Pilgrim Travelers, The 5th Dimension, Melissa Manchester.
***Titre homonyme à ceux de Gene Vincent, Crosby, Still & Nash, Asleep As The Wheel.
●Titre homonyme à celui des Stones.

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- Emmylou Harris (chant)
- Brian Ahern (guitare, basse, tambourin, chœurs)
- Rodney Crowell (guitare, chœurs)
- T. Bone Burnett (guitare, percussions)
- Steve Fishell (guitare, dobro)
- Wayne Goodwin (guitare, mandoline, fiddle, saxophone)
- John Mcfee (guitare, chœurs)
- Frank Reckard (guitare)
- Barry Tashian (guitare, chœurs)
- Michael Bowden (basse)
- Hank Devito (pedal steel)
- Don Heffington (batterie)
- Keith Knudsen (batterie, chœurs)
- John Ware (batterie)
- Tony Brown (piano, claviers)
- Glen D. Hardin (piano, claviers)
- Donald Johnson (claviers, chœurs)
- Bill Payne (synthétiseur, orgue, choeurs)
- Jim Horn (cor)
- Mickey Raphael (harmonica, chœurs)
- Barbara Bennett (chœurs)
- Bonnie Bramlett (chœurs)
- Shirley Eikhard (chœurs)
- Holly Tashian (chœurs)


1. Drivin' Wheel
2. Pledging My Love
3. In My Dreams
4. White Shoes
5. On The Radio
6. It's Only Rock 'n Roll
7. Diamonds Are A Girl's Best Friend
8. Good News
9. Baby, Better Start Turnin' 'em Down
10. Like An Old Fashioned Waltz



             



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