KARPATT est né à l’initiative de Frédéric Rollat, qui était jusqu’alors le guitariste du groupe culte YAN ET LES ABEILLES. Suite au décès de Jacky Vitet (Le YAN de YAN ET LES ABEILLES), il s’investit pleinement dans KARPATT, un groupe qu'il avait fondé avec son frère, Olivier Rollat. Ils sont bientôt rejoints par Gaetan Lerat (guitare) et Hervé Jégousso (basse et contrebasse), qui vont constituer, avec lui, l'épine dorsale du groupe.

En 2002, KARPATT décide de sortir son premier album constitué d'enregistrements à l'origine davantage destinés à lui servir de carte de visite pour décrocher des dates de concert. Une carte de visite plutôt massive, l’album contenant pas moins de seize compositions qui évoluent à la périphérie de plusieurs styles.
Le ton général plutôt calme, désormais on dirait 'Chill' à l’image de "Lord", "Dites-moi tu" ou de "Le loup dans la lingerie", pioche dans le Rock, la World Music et la Chanson française. La musique est essentiellement portée par des guitares (principalement acoustiques) et des percussions assez suaves. Sur ce lit musical, se pose un chant tout en retenue et douceur.
Ca et là, des mélodies et des ambiances sud-américaines apportent une saveur où se mélangent Bossa, Salsa et Reggae ("Big Bossa", "Que Loco"...).
Les paroles s'avèrent variées et empreintes d’humour et de dérision. Le groupe s’essayant parfois à des paroles en espagnol, ce qui souligne les influences sud-américaines.
Pétri de qualités et de compositions matures, cet album souffre cependant un peu de la quantité de morceaux proposés. Il n’est en effet pas aisé d’ingérer autant de titres qui, au surplus, évoluent majoritairement dans le même style assez calme et dénué de grosses variations. Cela fait parfois penser à la musique d’ambiance que l’on peut écouter dans les bars de certains grands restaurants : c’est envoûtant, enveloppant, mais cela peine à pénétrer et asservir notre conscience. Cela est particulièrement sensible avec "Double jeu" et "Dis-moi".
Par chance, la présence de quelques morceaux un peu plus pêchus, comme le sont "Ce sera pas long" et l’orientalisant "Ménilmontant", apportent une fraîcheur et une diversité salvatrices qui rendent l’ensemble bien plus digeste. On sent déjà poindre le côté festif et partageur que le groupe possède sur scène.
De même, "Ma cabane de branches", avec son intro à la STRAY CATS et son rythme lent et chaloupé, et le plus typé 'chanson française' "Mademoiselle" contribuent également à élargir la palette artistique de KARPATT.
A ce titre, la chanson "Chaque mot" préfigure déjà ce que le groupe proposera bien plus tard, notamment sur l’excellent Valparaiso. A savoir des morceaux plongeant leurs rythmes dans des racines latinos envoûtantes.
L’album s’achève sur une reprise très sobre de "L'Estaca" de Lluis LLACH, une chanson catalane composée durant la dictature de Franco en Espagne et devenue un chant traditionnel de lutte.

Malgré quelques maladresse, notamment liées à sa longueur, A l’ombre du ficus laisse déjà entrevoir les énormes qualités d’un groupe talentueux et généreux, mais qui cherche encore un peu sa voie.