Cher DRAKE,

Déjà que Scorpion était un projet inconsistant en 2018, était-il vraiment nécessaire de revenir trois ans plus tard avec un sixième album, qui plus est au nom prétentieux de Certified Lover Boy et à la pochette ridicule ?

Oui, parce que c’est un thème chez toi donc Certified Fuck Boy aurait été plus juste… Tout au long de ces 21 chansons (presque une heure et demie, pas sûr que tu tiennes Drizzy), qui sont déjà presque toutes de trop dans cet opus sans queue ni tête, tu rates le coche en étant absolument incapable de mettre de la substance dans tes chansons et dans ton écriture. Ton statut de super rappeur t’as clairement monté à la tête puisque tu continues de croire, à tort, que tes lignes sans saveur sur "Champagne Poetry" font chavirer le coeur des filles (Champagne poetry, these are the effortless flows/Supposedly something else is controlling me/Under a picture lives some of the greatest quotes from me/Under me, I see all the people that claim they over me/And above me, I see nobody)… ça va le melon ? Ca ne s’arrange pas sur le duo avec FUTURE "N 2 Deep" où tu retombes direct dans tes grivoisetés de fuckboy dont personne ne veut (Baby, that pussy was so worth the wait/I wasn’t in love with none of them anyway), ou sur les pathétiques "TSU", "F*****g Fans" et "In The Bible".

En plus de dix ans, ton style musical n’évolue pas donc tu fais dans le recyclage, que ce soit sur tes productions médiocres ou par tes thèmes fatigués, avec des pistes comme le rnb de "Race My Mind", "The Remorse", "Pipe Down" ou encore "No Friends In The Industry". Il faut le dire si tu te sens en manque d’inspiration… Même les collaborations avec tes copains rappeurs n’apportent rien à ce projet dont on a déjà marre : "You Only Live Twice" où tu es accompagné de Rick ROSS et de Lil WAYNE, le duo avec Kid CUDI "IMY2", "Knife Talk" aux côtés de 21 SAVAGE et Project PAT est uniquement sauvé par un piano mélodieux, l’association de Ty DOLLA $IGN sur "Get Along Better" où vous tentez d’être convaincant en lover boys ne fonctionne pas (Trust me, this ain’t ‘bout revenge/But now I get along better with your friend) ou encore avec JAY-Z sur "Love All", une chanson où même son flow est nul et où tu abordes sans assumer ta dispute de gamin avec Kanye WEST. Heureusement, le duo avec Travis SCOTT "Fair Trade" a le mérite d’apporter enfin un peu d’énergie à cet album ennuyeux. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose…

Bon, Drizzy, le seul truc que tu peux vraiment revendiquer, c’est d’être vraiment la figure de proue des mecs sans classe, comme sur "Papi’s Home" où tu t’adresses à ceux qui sont presque sur la couverture de ton album (I was a child trying to be a man, to all my sons worldwide/I walked out on my only son, all my juniors/I left you in your mother’s hands, I apologize for my absence/I know I left you without a name to drop). Un conseil ? Essaie de calmer ton complexe de Dieu car c’est franchement mortifiant. Pareil sur la diss track destinée à Kanye WEST (encore, on a compris !) "7am On Bridle Path" ou sur le banger embarrassant à grosse basse "Way 2 Sexy". D’ailleurs est-ce une surprise si les deux chansons les plus intéressantes sont menées par des nanas qui remontent le niveau à ta place, comme l’artiste YEBBA sur "Yebba’s Heartbreak" ou la chanteuse nigérienne TEMS sur la piste "Fountains", enfin un peu gaité dans ton univers monotone.

Malheureusement, tout ça n’est pas suffisant (et même excessivement long) pour rattraper le coup fatal de gênance ultime donné par le single "Girls Want Girls" carrément dérangeant où tu t’affiches comme l’ado prépubère que tu es… Bravo, on peut dire qu’au moins tu sais faire du DRAKE version classique. Enfin, entre ta frivolité, tes productions qui négligent l’expérimentation et la variété, ton manque de profondeur alors que tu traînes en longueur des paroles individualistes et clairement amères, le plus gros problème, Drizzy, c’est que tu ne comprends pas le concept de qualité plutôt que quantité et tu ne fais rien pour garder ton auditeur intéressé, même constat pour ton lineup de collaborations qui manquent de sens. En bref, peu ou pas de moments mémorables, aucune évolution créative et zéro prise de risque, pour un album décevant qui mérite à peine une étoile.