A peine cinq mois après la sortie de Honestly, Nevermind, le duo DRAKE/21 SAVAGE qui y figurait sur "Jimmy Cooks" revient à l’automne 2022 avec l’album collaboratif Her Loss qui marquera le chapitre final de cette drôle de trilogie sans queue ni tête que forment Certified Lover Boy, Honestly, Nevermind et Her Loss. L’histoire ? Pas compris, et c’est pas faute d’avoir essayé. La musique ? Pas compris non plus, et c’est pas faute d’avoir écouté. Heureusement, cet opus est peut-être le plus réussi du triptyque musical (il en fallait bien un). Si Certified Lover Boy était vraiment une merde sans nom, Honestly, Nevermind avait au moins le mérite de s’aventurer, sans grand succès, vers une palette musicale différente pour le rappeur. Clairement, la sauce n’a pas pris puisqu’on revient ici à des productions qui ressemblent plus au DRAKE des débuts et qui lui correspondent mieux. Petit tour d’horizon.

C’est un retour au hip-hop qu’on observe tout au long des 16 titres du projet : "Rich Flex" ouvre l’album sur un beat trap poussé par la basse et est suivi de "Major Distribution", plutôt cool et soutenu par une boucle de piano crispée. Dans la même veine, le beat trap hypnotique de "On BS" est assez bon, tout comme "BackOutsideBoyz" sur lequel DRAKE, en solo cette-fois, assure à sa manière (c’est à dire qu’il nous livre ce qu’on connaît de lui).

Après quatre pistes, ça commence sérieusement à se gâter sur le beat franchement pas terrible de "Privileged Rappers" où le duo ne donne pas grand-chose de mémorable. "Spin Bout U est un titre lent aux sonorités rnb dans un style 100% DRAKE mais où l’association des deux rappeurs fonctionne assez bien, alors que "Hours In Silence" n’est rien d’autre qu’une perte de temps. "Treacherous Twins" parle d’amitié, des soucis de loyauté et sera probablement l’une des chansons les plus réussies du projet.

Le single "Circo Loco" sample "One More Time" de Daft PUNK sans réellement l’honorer et sert de diss track (on a bien compris que DRAKE a toujours une dent contre Kanye WEST et puis il fait double utilité du titre en lançant aussi une pique à la rappeuse Megan THEE STALLION). Selon moi, c’est un coup entièrement loupé pour le seul single de l’album alors qu’une autre piste aurait certainement mieux marché. On retrouve le rappeur Travis SCOTT en featuring sur le beat trap de "Pussy & Millions", qui ne présente pas vraiment d’intérêt et qui essouffle le projet. En effet, si vous vous intéressez un peu aux paroles de l’album, vous vous apercevrez vite que DRAKE ne s’intéresse pas à dire grand-chose hormis à se vanter de sa richesse, de ses conquêtes et de son succès sur cette dixième chanson qui démontre vraiment que le Canadien tourne en boucle.

Le beat lourd de "Broke Boys" est assez cool mais trop répétitif. "Middle Of The Ocean" retrouve des influences rnb dans l’instrumentation. DRAKE donne son pire flow sur la très mauvaise "Jumbotron Shit Poppin", bref vous visualisez le tableau : c’est troublant comme c’est nul ! La fin de l’album est presque même abominable puisqu’il n’y a rien à dire de "3AM On Glenwood", de "I Guess It’s Fuck Me" ou encore de "More M’s" sur lequel le duo reste vraiment pas terrible mais dont le beat sinistre apporte une petite pointe d’attrait.

Her Loss donne l’occasion à DRAKE de se retrouver un peu dans le rap game, même s’il faut bien l’avouer, on est (très, très) loin du niveau de ses débuts. Lui apprécié pour ses paroles marquantes est désormais tristement célèbre pour ses diss tracks et son amour des gossip, mais surtout pour être mesquin, sans profondeur et complètement à côté de la plaque avec ses textes (sur "On BS" : I blow a half a million on you hoes, I'm a feminist). La première partie de l’album a beau être un peu sympa, le flow déprimant de DRAKE n’est pas challengé par celui de 21 SAVAGE, le hiphop est assez inégal au fil des chansons et l’ensemble manque d’ambition. Il faut espérer que Her Loss conclue une parenthèse dans la carrière du rappeur parce qu’à ce stade on croirait vraiment qu’il a largué les amarres.