Avant de connaître le succès et de 'prendre le melon', DRAKE était un rappeur presque normal. Né à Toronto, au Canada, Aubrey Drake Graham connaît un début de carrière dans l’acting avec un rôle à 15 ans dans la série pour ados Degrassi : The Next Generation. Cinq ans plus tard, il se tourne vers la musique et commence à sortir trois mixtapes dont deux sur son label indépendant October’s Very Own (OVO). C’est par ces projets que DRAKE débarque dans le viseur de Lil WAYNE qui lui propose de le rejoindre sur une date de sa tournée, époque "Lollipop". Les deux lurons enregistrent des titres ensemble et c’est grâce aux hits de la mixtape So Far Gone sortie en 2009 que DRAKE devient un produit très recherché sur le marché des maisons de disques.

C’est finalement Young Money, le label de Lil WAYNE, qui remporte la mise : un Drizzy dans le sac, un ! Profitant déjà d’une réputation notable grâce aux singles "Over" et "Find Your Love" sortis avant la publication de l’album, le rappeur sort durant l’été 2010 son premier LP, Thank Me Later, de quoi présager dans un futur pas trop lointain qu’il risque bien de ne plus pouvoir passer les portes.

En introduction à l’univers de DRAKE, "Fireworks" en duo avec Alicia KEYS qui s’occupe des refrains illustre parfaitement ses thèmes de prédilection : son accès privilégié au succès en remerciant Lil WAYNE dès le premier couplet (Wayne put me right here, that’s who I get the paper with), mais aussi des histoires d’amour souvent déchues, comme celle qu’il a eue avec RIHANNA (Let’s stay together til we’re ghosts/I want to witness love, I never seen it close/Yeah but I guess I gotta find it first/That’s why I’m really going off, fireworks).

Plus atmosphérique, "Karaoke" dépeint un DRAKE langoureux, le coeur brisé (I know they say the first love is the sweetest, but that first cut is the deepest) sur une production épurée subtilement 80s, alors qu’il s’épanche à propos de son amour des femmes sur "Fancy" ou sur le titre plus pop et ultra mélodique "Find Your Love" (I’m more than just an option/Refuse to be forgotten), produit et écrit par Kanye WEST, trois fois platine, rien que ça. Enfin, il déballe ses meilleurs sentiments pour sa collègue de Young Money, Nicki MINAJ, avec tout le romantisme qu’on commence à lui connaître sur le single "Miss Me" (I love Nicki Minaj, I told her I’d admit it/I hope one day we get married just to say we fuckin’ did it/And girl, I’m fuckin’ serious, I’m with it if you with it/Cause your verses turn me on and your pants are mighty fitted).

Les synthés aériens de "Cece’s Interlude" se parent de guitare électrique et d’effets balourds. Si on en doutait encore, Drizzy n’est pas là pour faire dans le subtil et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer avec la ballade "Shut It Down" : sept minutes où la batterie lourde prend le pas sur le piano. On peut admettre les bons sentiments qu’il évoque dans "Unforgettable" (I’m lookin’ forward to the memories of right now/Never forgettin’ from where I came/And no matter where I’m headed, I promise to stay just the same), même si on conviendra tous que c’est loupé.

En duo avec son crush Nicki MINAJ, elle aussi dans l’écurie de Young Money, sur "Up All Night", les deux rappeurs se la pètent en énumérant leurs accomplissements sur des synthés de l’espace (Fame is like a drug that I’ve taken too much of/But I never ever trip, just peace, happiness and love). La collaboration des deux artistes émergeants sur cette production obscure fera du titre l’un des plus populaires de DRAKE. Il continue de s’en donner à coeur joie et aborde sa célébrité, son succès et son cash au gré des scratches et du piano de "Show Me A Good Time", sur "The Resistance", "Light Up" où Jay-Z le rejoint ou encore sur le tube à la production à l’énergie brute de "Over", une introduction au rappeur sur un ensemble de cuivres et des violons en veux-tu en voilà (I’m living life right now, man/And this what Imma do til it’s over, til it’s over/But it’s far from over). Même s’il a parfois la tête dans les étoiles, on peut dire que DRAKE sait déjà bel et bien où il va.

Finalement, ce premier projet se termine par un DRAKE qui change d’avis sur la production réussie de TIMBALAND "Thank Me Now" (You could thank me now, go ahead/Thank me later, yeah I know what I said/But later doesn’t always come so instead/It’s okay, you could thank me now), on le cherchait, le voilà notre petit Champagne Papi mégalo qui se cachait bien dans le coin !

Toujours aussi emblématique dans la discographie de DRAKE, Thank Me Later marque le tout premier grand succès du rappeur, acclamé pour son talent exceptionnel et soutenu dès ses débuts par Lil WAYNE, JAY-Z et Kanye WEST. Qu’on aime ou qu’on déteste ses punchlines à deux balles, on ne peut nier le fait qu'elles sont incisives, et c’est bien ce qui frappe sur cet album qui mérite presque la note de 3,5 et qui continue de résonner encore aujourd’hui avec le public fidèle du rappeur.