La France est une colonie culturelle américaine.

Cela dure depuis des années, des décennies, pour être plus précis, depuis au moins 1945 et la chute du nazisme et de ses alliés. Le vide béant laissé par les puissances européennes a eu vite fait d’être rempli, la nature ayant horreur du vide. Bien sûr, il y avait deux candidats, et pas des moindres, pour dominer le monde, à savoir les États-Unis et l’URSS. Du point de vue de la France, c’est le pays de l’Oncle Sam qui a imposé petit à petit son monde, son univers, sa domination, notamment durant les Trente Glorieuses. Une preuve au niveau musical ? Le mouvement yéyé, qui n’est rien d’autre que l’un des plus piteux mouvements hexagonaux, où les artistes en vogue imitaient les faiseurs de tubes contemporains, quand ils ne les reprenaient pas avec une 'traduction' foireuse de rigueur. La domination US a duré, de manière plus générale, jusqu’à nos jours. On peut penser à bien des mouvements sociaux et sociétaux, comme la fameuse galaxie 'woke' et tous ses débats qui vont avec, mais dans les années 80, l’autre côté de l’échiquier politique a grandi avec le cinéma reaganien, bien viril et bien anticommuniste ; autrement dit, personne n’est épargné.

Quel rapport avec MARTIN CIRCUS ?

Je ne vais pas m’épancher plus avant sur l’aspect géopolitique de manière globale, n’étant pas assez calé pour ça mais, pour recentrer le propos, le 4ème album du groupe français cristallise bien cette fascination morbide pour l’Outre-Atlantique. Sorti en 1975, il coïncide avec la fin des Trente Glorieuses que l’on ne présente plus et se veut un hommage aux tubes ayant fait danser dans les chaumières lors de la décennie précédente. Pourquoi pas, en soi ? Après tout, quoi qu’on pense de ces derniers, ils font partie de la culture populaire et tous ne sont pas exécrables. Oui, mais l’hommage est déjà plus difficile à avaler quand l’idée est de tout traduire/adapter. Autant se servir d’arrangements modernes pouvait être une bonne idée, autant reprendre les gimmicks des yéyés, bon, comment dire... ah oui, mauvaise idée.

N°1 USA Hits of the 60’s est une véritable souffrance. Nul besoin d’invoquer la relativité restreinte pour se rendre compte que ses 36 minutes semblent durer encore plus longtemps. Si l’on se contente de la musique, le tout semble solide mais pas forcément gouleyant, et témoigne d’une faible ambition musicale. Les paroles, par contre... sont absolument navrantes. Tout est si facile, si peu subtil qu’on ne peut en ressortir qu’effaré. Le pire doit être pour les fans de la première heure du groupe, ayant dû vivre en direct une véritable déchéance artistique, où les ambitions initiales ont laissé place à la paresse incarnée, et dont la direction pointe vers les faiseurs de tubes en puissance, c’est-à-dire les États-Unis - d’où le premier paragraphe.

Pour boucler la boucle, N°1 USA Hits of the 60’s ne fait que confirmer l’idée pas totalement fausse que les Français sont nuls en musique pop, soumis qu’ils sont à un ordre mondial (ce n’est pas complotiste) qu’ils gobent parce qu’on leur a dit que c’était pour leur bien. Allez, pour les fins connaisseurs des sixties, l’album peut servir de blind-test. À la rigueur. Et si l’on veut se mettre au défi plutôt que de chercher les originaux dans la langue de Rockfeller.

Note réelle : 0,5/5

PS : ah, et Bob Brault a quitté le groupe avant la sortie de l’album