Avec son deuxième album, MARTIN CIRCUS affiche une originalité plus que bienvenue et une audace redoutable pour un jeune groupe. En effet, après un premier disque enregistré en live, voici venir deux ans plus tard l'Acte II, un disque double. MARTIN CIRCUS, un groupe qui veut frapper fort ? C'est fort probable, et pas crétin quand on voit le talent de ses membres. Encore que... suite à des différends artistiques, le groupe se délite un peu, ne laissant plus que le bassiste Bob Braun et le souffleur Gérard Pisani. Un gros recrutement est effectué, et c'est un véritable équivalent de groupe entier qui est embauché : arrivent ainsi le batteur René Guérin, le claviériste Sylvain Pauchard et les guitaristes Alain Pewzner et Gérard Blanc.

Ce renouveau n'est clairement pas à regarder d'un mauvais oeil, puisque le désormais sextuor constitue ainsi une formation à l'origine d'un beau coup d'éclat, surtout en France. Acte II est un album de rock progressif qui garde sa patte de terroir tout en arborant des armes lui permettant de 'rivaliser' avec les autres scènes européennes. Tout au long de l'album, MARTIN CIRCUS compose des morceaux dont il n'a pas du tout à rougir. Exemples ? Dans le versant le plus pop de l'oeuvre, impossible de passer à côté de "J'suis une groupie", aussi ridicule que féroce dans les paroles, l’entraînant "Poussières" quasi-parfait de bout en bout (oui) ou encore le final "Ma Guitare", rageur au possible. Quant à une approche moins pop, elle est assurée par des ovnis comme "Poème", ou comment accéder à un certain degré de folie musicale en 8 minutes. "Ouvrez vos Mémoires" possède une intro hallucinée et revendicatrice, pour ensuite enchaîner sur une fin de face B remarquable.

Hélas, les lecteurs/auditeurs attentifs ont remarqué qu'Acte II est double. En particulier, il partage le même défaut que le double blanc des BEATLES, à savoir un éclectisme mal contrôlé. Certes, on n'arrive pas au drame de 1968, mais du dégraissage aurait dû être conseillé. Cela vaut notamment pour "Je m'éclate au Sénégal", devenu le morceau le plus connu de l'album. Ce n'est pas une mauvaise chanson en soi, loin s'en faut, mais elle ne fait guère le poids par rapport aux pistes déjà citées plus haut, à cause d'un développement limité d'idées. En d'autres termes, c'est assurément le point faible de l'album. Autre chose, il n'est pas interdit de rassembler de très bonnes compositions d'un seul coup, encore faut-il avoir la prétention de les avoir faites excellentes pour obtenir un album irréprochable. Ce n'est pas vraiment le cas ici, certains morceaux comme les instrumentaux ("Ti'Bill", "Hyznogod") ou bien "Pourquoi Tous ces Cris" provoquent un engouement plus restreint.

Dans le cas d'Acte II, ce genre de défaut parfois décisif ne fait cependant qu'atténuer un plaisir déjà bien assez élevé pour ne pas être gâché. MARTIN CIRCUS est alors composé de musiciens doués et d'hommes intelligents (ou du moins qui ont oublié d'être bêtes), il était donc impensable qu'ils se foirent. La suite a certainement continué à confirmer la puissance musicale de ce groupe de rock progressif français et...

…comment ça,  non  ?