MARTIN CIRCUS, acte 3 - et je ne parle pas de l’album de 1974.

Et oui, encore une fois, la direction artistique du groupe français change. D’un côté, il y a de quoi avoir peur : après des débuts prog fantastiques, la déception cruelle attendait ceux à qui Alain Pewzner, Sylvain Pauchard et autres Gérard Blanc ont offert de la variétoche nulle, minable, insignifiante. Non, vraiment, sur les 4 albums de cette période maudite, ne gaspillez votre énergie que pour Acte III (1974), chers ami(e)s lecteurs et lectrices.

Et puis, en 1978, voilà que MARTIN CIRCUS, ce fameux groupe devenu fumeux, se décide à capter l’air du temps et à se mettre au... disco. Bah oui, vous l’avez venu venir dès le titre et la pochette de l’album, et en soi ce n’est pas forcément surprenant ; je pourrais évoquer le contexte et une certaine forme d’opportunisme, mais il faut aussi noter que, objectivement, le quatuor a depuis le milieu des années 70 gardé un oeil rivé sur l’Amérique, et a pris note de l’émergence puis de l’explosion du disco, genre qui pourtant trouve une bonne partie de ses racines en Europe. Donc, autant se lancer, et saisir une occasion en or.

L’occasion en question, cependant, fait peine à voir : Disco Circus est lié au film Les Bidasses en vadrouille, une comédie française dont on n’évoquera même pas la qualité ; contentons-nous de signaler que les membres du groupe en sont les héros, 6 ans après une apparition dans Les Bidasses en folie, et remplacent ainsi les Charlots. Peu importe, c’est la musique que l’on écoute ici, et... Bon, comment dire. Au vu des précédents opus sortis par MARTIN CIRCUS, on était en droit de s’attendre à quelque chose de douloureusement mauvais. Cependant, Disco Circus est bon. Oui, enfin, le groupe sort enfin quelque chose de bon au bout de 4 ans. D’aucuns diraient que ce n’était pas gagné, mais rappelons encore une fois que MARTIN CIRCUS était en phase avec son époque, et puis, quitte à faire de la musique kitsch, autant y aller à fond et premier degré, le risque de sortir quelque chose d’au moins correct s’en trouvant amplifié.

Disco Circus respecte le cahier des charges minimales du disco : énergie débridée, rythmique pachydermique mais régulière, claviers clinquants et criards, le tout pour un résultat calibré pour la danse. C’est particulièrement vrai pour "Ite Missa Est", quasiment instrumental à deux-trois choeurs vocodés près ; au vu de la relative « pauvreté » de la discographie de Martin Circus, ce morceau n’est pas loin de figurer parmi les meilleurs. Le groupe montre quand même comment concilier disco et variété avec "Pour m’en aller plus loin", qui ne révolutionnera pas la musique mais reste plaisant et donne envie de danser, ce qu’on lui demandait, ni plus ni moins.

Ce qui me chagrine cependant avec Disco Circus, c’est son caractère très répétitif et surtout sa longueur. En effet, l’album entier dure à peine 30 minutes montre en main, avec un morceau-titre de 14 minutes qui au fond n’est qu’une forme de remix de "Pour m’en aller plus loin" - mais devenu culte outre-Atlantique. Si l’on considère Disco Circus comme un EP, pourquoi pas, mais c’est assez frustrant, surtout quand on sort d’une période de vaches maigres - d’où une note sévère. Mais peu importe, tant qu’on a l’ivresse, et surtout, les aventures disco de Martin ne sont pas finies.

Note réelle : 2,5/5