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NEW WAVE / ROCK US  |  STUDIO

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1978 1 The Cars
1979 1 Candy-O
1980 Panorama
1981 Shake It Up
1984 1 Heartbeat City
1987 Door To Door
2011 Move Like This
 

- Membre : The Modern Lovers

The CARS - Panorama (1980)
Par PSYCHODIVER le 10 Août 2023          Consultée 1003 fois

Casser le moule d'une franchise bien huilée et qui a fait ses preuves relève de l'audace ultime. Entre peaufiner voire complexifier une formule et corrompre l'essence de cette dernière en cherchant à la rendre encore plus gagnante, il n'y a qu'un pas. À titre d'exemple, l'année 1980 a vu trois groupes majeurs du rock américain s'essayer à ce périlleux exercice. Les RAMONES, les TALKING HEADS et les CARS.
Si les faux frères du Queens ont échoué sur toute la ligne avec l'immonde End of the Century (si seulement Johnny avait pu mettre une balle dans la gueule de cette pourriture de Spector!) et la bande à David Byrne et Tina Weymouth livré un Remain In Light mythique, aussi innovant que fédérateur d'un point de vue musical et communautaire dans le paysage US, les pilotes de la Team Ocasek sont confrontés à un improbable équilibre. Proposant un album éreinté par la critique, mais brillant de A à Z, au point qu'il se pourrait fort bien qu'il s'agisse du chef-d'oeuvre de leur courte mais savoureuse discographie. Dans la rubrique consacrée aux disques à réhabiliter d'urgence, retour sur l'affaire Panorame des CARS.

Premier détail qui a dû en décevoir plus d'un à l'époque, la pochette. Aucune sex bomb à signaler. L'artwork est très épuré et les dominantes bleutées froides sont de rigueur. Quant à la musique... La boisson pétillante des deux albums précédents cède à une liqueur plus délicate. La power pop se pare d'un habillage post punk dès l'introductif et déconcertant morceau-titre. Déconcertant car tout sauf immédiat. Composition la plus alambiquée de tout le répertoire des CARS, "Panorame" permet néanmoins au groupe d'affirmer sa légitimité dans le cercle très fermé des grands combos US. Il y a tout ce qui fait le charme du quintette. Riffs qui font mouche. Claviers jamais avares en trouvailles. Une construction solide qui s'achève en donnant carte blanche à la guitare toujours séduisante de Elliot Easton. Le titre fait même l'objet d'un clip, le premier du groupe. Sorte de version US des "Barbouzes" de Lautner et Audiard, réalisée par Gerald Casale de DEVO. Preuve de l'orientation résolument afterpunk du disque.

Seul classique régulièrement joué en concert à avoir été extrait de ce cru 1980, "Touch And Go". Friandise douce amère aux accents rock'n'roll prononcés sur laquelle se greffent de superbes interventions de Elliot et où la voix fragile de Ric fait des ravages. Les singles suivants sont le plus agité mais tout aussi efficace "Gimme Some Slack" et le désabusé "Don't Tell Me No", dont le succès est cependant moindre. Les autres titres ? Tous de grands oubliés des compilations. Une succession de pépites new wave arty oscillant entre le rock pur ("Down Boys"), le post-punk à la limite du space rock ("Getting Through" sur lequel Greg touche sa bille aux synthés et Ric s'égosille comme jamais), la pop sautillante ("Misfit Kid"), la new-wave énergique ("Running To You") voire le hard rock fm (le puissant "Up And Down").

Reste le joyau caché de l'album : "You Wear Those Eyes". Tout en climats vaporeux et oniriques (Greg est au top). Ben au couplets, Ric au refrain. David traite ses fûts électroniques avec une justesse bienvenue. La guitare d'Elliot délivre des accords dont la distorsion, au départ surprenante, vous saisit finalement aux tripes. Une montée en puissance dans la beauté nocturne que David Lynch n'aurait pas reniée pour ses légendaires Blue Velvet et Twin Peaks. Votre idéal féminin se matérialise devant vous et vous invite à danser un slow irréel, l'espace de cinq minutes inoubliables figées dans le temps ... Jusqu'alors peu impliqués dans la production de ballades, les CARS sont ici au paroxysme de leur écriture. Et l'avenir démontrera que la sensibilité à fleur de peau de Ric donne naissance à pléthore de poèmes urbains émotionnellement grandioses.

Comment de si bons morceaux ont-ils pu autant être ignorés par les esthètes comme par la postérité ? L'ambiance générale du disque bien entendu. Moins bubblegum. Plus terre à terre. Les fantaisies des deux premiers opus sont loin. Et pour cause, l'ombre d'un drôle de personnage plane sur Panorame : celle d'Alan Vega. SUICIDE ayant ouvert quelques concerts des CARS à la fin des 70's, une indéfectible amitié s'est nouée entre Ric et le duo Rev/Vega, dont il produira moult 33-tours à venir. Et Mister Ocasek n'a pas manqué de s'inspirer de la musique des New-Yorkais pour cet incompris Panorama, suite logique des deux opus 70's (selon Elliott Easton) et aboutissement des travaux de Ric en matière d'esthétisme rock et d'héritage beatnik où la solitude urbaine, faite de néons et de désillusions, broie les âmes qui s'y égarent. Les grattes papiers qui en avaient perdu leurs glandes salivaires à force de baver devant les sucreries The Cars premier du nom et Candy 0 n'ont jamais pardonné cette rupture de ton et de son. Tant pis pour eux ! En véritables artistes qu'ils sont, les CARS n'ont pas besoin d'eux pour exister. Reste que les concerts majeurs de l'ère Panorama ne se tiennent pas aux États-Unis, mais au Japon. Tout comme leurs compatriotes californiens de TOTO après Turn Back, c'est au pays du soleil levant que Ric, Ben et les mécanos de Boston sauront trouver un public attentif et enthousiaste. À quand une édition restaurée du set d'Osaka en novembre 80 d'ailleurs ? Il y a là de quoi proposer un résumé en béton armé de la première vie du quintette.

Aujourd'hui, nombreux sont les fans des CARS à citer Panorame comme leur opus préféré du combo. C'est également un honneur pour moi que de revendiquer mon attachement à ce génial mal aimé. Parfait compromis entre BLUE ÖYSTER CULT et les STRANGLERS, Gary NUMAN et le meilleur du punk mélodique UK à la DAMNED/UNDERTONES (on ne dira jamais assez ô combien les CARS avaient sur bien des aspects leurs esprits créatifs tournés vers la Grande-Bretagne).

Et son successeur, orienté pop à 100%, sera aussi exquis.

"Just take your time ... It's not too late."

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   PSYCHODIVER

 
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- Ric Ocasek (chant, guitare)
- Elliot Easton (guitare)
- Benjamin Orr (chant, basse)
- Greg Hawkes (claviers)
- David Robinson (batterie)


1. Panorama
2. Touch And Go
3. Gimme Some Slack
4. Don't Tell Me No
5. Getting Through
6. Misfit Kids
7. Down Boy
8. You Wear Those Eyes
9. Running To You
10. Up And Down



             



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