On pourrait penser que le départ subit de Lindsey BUCKINGHAM, fâché avec les autres membres de FLEETWOOD MAC (et l'autobiographie du roi-batteur ne va guère arranger cela) en 1987 va donner naissance à plein d'albums solo libérant sa créativité légendaire, tous aussi déroutants les uns que les autres, mais au moins tout à l'honneur de ce musicien prolifique.

En réalité, Out of the Cradle qui met cinq années à sortir demeure tout seul pendant une période de vingt-deux ans, entre 1984 pour le précédent, et 2006 pour le suivant !

L'album, bien reçu par la critique, est un échec relatif, surtout en regard de ce que FLEETWOOD MAC accomplit encore. Pourtant, les deux restent très mêlés puisque dès "Wrong", BUCKINGHAM répond 'intelligemment' à ce que Fleetwood dit de lui dans son autobiographie, avant de se concentrer sur ce que les quinze dernières années ont longtemps enfoui en ce qui concerne sa relation finie 'mais tout de même professionnelle' avec son ex-femme Stevie NICKS.

Comme d'habitude avec Lindsey quand il est seul, des mélodies fines sont à prévoir, mais aussi une bon paquet d'idées en roue libre, les deux parfois au sein de la même chanson : rien que "Soul Drifter", valse cristalline au départ, qui vire rapidement en pop-funk west-coast, il faut arriver à la comprendre.

Le guitariste se plaît ici à nous régaler de longues introductions avec sa guitare de luthier dans ses parties acoustiques les plus proches d'un baroque ou d'un romantisme andalou, très anglaise dans le cas de "Don't Look Down" qui, ensuite, développe une pop sixties californienne très consensuelle, kitschement mignonne. Il en va de même pour "This Is the Time", plutôt blues avec des parties électriques acérées ainsi qu'une fin étirée, ou encore "Surrender the Rain", ballade sucrée débutée par de très beaux arpèges à la mexicaine. Le meilleur reste "This Nearly Was Mine", noté comme instrumental à part entière, mais introduction malgré tout.

Parmi les chansons placées entre, il y a à boire et à manger. "Doing What I Can" est une resucée de "Big Love" (Tango in the Night par FLEETWOOD MAC, 1987), sans trop de complexe ni de qualités. On préfère le rhythm'n'blues à la BUCKINGHAM, à savoir "Wrong", où il dévoile tout son talent de guitariste comme de chanteur, en ayant certes un peu 'trafiqué'.

Si "All My Sorrows" tourne un brin en rond (malgré une beauté marine notable), "Countdown" et son riff léché ne ternissent point l'ensemble, grâce à une basse soignée (Larry Klein, 'requin' de studio présent pour quelques titres), un solo à la "Gypsy" (le MAC, toujours) et des choeurs façon BEACH BOYS.

Parmi les meilleures chansons offerts par Lindsey dans cette fournée 92, justifiant à elles seules l'écoute tout comme les moments guitare acoustique, "Street of Dreams" se démarque par son ambiance blues sombre, mélancolique et réverbérée, fort élégante et ambiancée. Quant à "Turn It On" et "You Do or You Don't", on les aime pour leur esprit pop californienne tubesque, avec beaucoup de coloration tour à tour aérienne, country, épique, exotique.

Out of the Cradle n'est pas le chef-d'oeuvre oublié des années 90, mais sans doute le plus réussi des albums solo de Lindsey BUCKINGHAM jusqu'alors. Tout sonne parfois trop programmé encore (les batteries), mais la création est bien honorable. En tournée avec son propre groupe, il fait le choix d'engager sept guitaristes en plus de lui-même pour jouer tout cela.

Note réelle : 3,5