Retour aux affaires en 2011 pour Lindsey BUCKINGHAM avec l'album Seeds We Sow. Le guitariste a dépassé la soixantaine, mais il semble rester éternellement jeune. En tout cas, niveau fertilité de création, rien à redire, l'amateur lambda – bien que ne comptant certes point par millions – ne sera pas dépaysé avec cette oeuvre que le guitariste a choisi d'autoproduire, pour la première fois. En revanche, il y a de quoi être surpris parce qu'au beau milieu de nulle part, il apporte au guitariste-chanteur une entrée quasi fracassante dans le top 50 des classements américains, au point de devenir son deuxième plus gros succès solo.

Encore une fois, ce n'était pas gagné concernant un album enregistré majoritairement seul ("That's the Way Love Goes" réunit ses musiciens de tournée, mais c'est tout), avec des boîtes à rythmes et pas mal d'éléments de compositions une nouvelle fois difficiles. Au début, surtout : "Seeds We Sow" sous forme de complainte folk a beau être très élégant, le travail de production en 'méandres' (dynamiques souvent faibles puis remontées subites) n'est pas fait pour rentre l'écoute simple. Sans parler des mélodies tarabiscotées et pourtant profondes comme "One Take", "In Our Own Time"...

Les sons de guitare sont moins variés que sur les précédents albums, et Lindsey BUCKINGHAM en profite sans doute pour nous offrir davantage d'arpèges de l'espace au rythme du Silver Surfer mais en acoustique. "Stars Are Crazy", seul titre co-écrit avec l'artiste pop-indé Lisa DEWEY de San Francisco, aurait pu figurer sur Say You Will (2003), dernier opus de FLEETWOOD MAC en date. Quelle ambiance, à partir d'une humble guitare cavalière, quelle progression ! Mais tout le monde n'y trouvera pas son compte, guère plus que dans le son artisanal du plus discutable "Illumination".

"That's the Way Love Goes" offre le premier virage pop entier et représente un single de choix, porteur, avec cette touche épique qui n'a jamais totalement quitté BUCKINGHAM, très efficace jusque dans le solo très simple néanmoins. Puis arrive "When She Comes Down" et là c'est l'extase, avec cette rêverie des grands espaces ou marine réverbérée et toute en douceur, d'une forte distinction. Aussitôt après, "Rock Away Blind" propose un arpège sautillant avec de la podorythmie, très entraînant en dépit de son mixage minimaliste. "One Take" vient tout corser grâce un riff très inhabituel pour notre guitariste, des couplets lents et des refrains boogie sortis d'on ne sait où, sans parler du verbiage de notre principal intéressé.

Retour sur le rivage de l'océan Pacifique avec "Gone Too Far" et ses belles résonances, guitare du refrain comprise alors que l'eau où l'on se baigne semble avoir remplacé le sable par le sucre. Plus sûrement, "End of Time" est un véritable petit chef d'oeuvre de pop californienne, à la mélodie chargée en choeurs, y compris féminins, d'une belle splendeur. L'album se termine avec une nouvelle reprise des ROLLING STONES au bout de cinq ans (même si elle a en réalité précédé tout le reste dans l'enregistrement), "She Smiled Sweetly" (album Between the Buttons{fi], 1967) est à ne surtout pas manquer, pour un des plus beaux exemples existants de Lindsey en isolement avec sa guitare. Quelle classe, quelle sensualité ! Et ces tons crépusculaires pointant vers Los Angeles, hmmm ! Si tout l'album ne se vaut pas, il reste comme d'autres ponctué de fort belles choses.

Note réelle : 3,5