Des années de silence, et puis un retour supposément lucratif de FLEETWOOD MAC en 2003 avec l'album Say You Will ont permis à Lindsey Buckingham de revenir sur le devant de la scène. Le succès n'est plus autant au rendez-vous, mais tout de même, le projet qui s'est bien fait remarquer a obtenu un bon soutien, pour la dernière fois en dehors des tournées. De quoi 'sauver' quelque peu la carrière de Lindsey dont c'est l'un des rares hauts faits d'armes en ces années-là (au même moment, il joue aussi en 'guest' sur le tube "White Houses" de la jeune Vanessa CARLTON).

Entre 2006 et 2008, il tient à rattraper son retard, avec d'abord l'acoustique Under the Skin qui nous intéresse ici, puis Gift of Screws qu'il aurait dû sortir depuis plusieurs années, projet contrarié (on y reviendra). Sur les deux albums, néanmoins, on trouve des collaborations avec Mick Fleetwood et John McVie pour une poignée de titres, parmi les derniers proposés sur Under the Skin.

Ceux qui, comme les grands pontes de Warner Bros au moment de la présentation du projet final, veulent écouter l'album dans cette attente en feront les frais. La première partie de l'album acoustique du duc Buckingham est aride, difficile d'accès. Le musicien se rapproche davantage de son instrument de prédilection , mais rien que sur "Not Too Late" (joué en sextolets rapides comme il aime), en passant du chant murmuré à l'aigre puis à l'infantilisé, il rend l'écoute exigeante.

En termes d'efforts pop californienne dans une version très intimiste et personnelle, au touffu "Show You How", à la voix trop distante, on préfèrera "Under the Skin", sensuelle, de même que "Cast Away Dreams", d'une belle chaleur, ou encore la folk buckinghamesque de "Shut Us Down". Si l'empreinte du guitariste se fait ressentir sur "To Try for the Sun", hommage à l'artiste écossais-icône DONOVAN, c'est encore meilleur sur "I Am Waiting" avec son arpège picking country, clin d'oeil aux ROLLING STONES cette fois et plus beau bijou de l'opus.

La rêveuse et exotique (type biguine) "Flying Down Juniper" termine l'album avec complication face aux deux morceaux qui la précèdent, ceux en compagnie de l'une des meilleures sections rythmiques du monde, rare intervention extérieure. Encore, pour la basse de McVie et l'entrain de Fleetwood, c'est surtout "Down on Rodeo", tube potentiel et serein, qui tranche avec l'esprit dépouillé du reste de l'opus. "Someone's Gotta Change You Mind", enregistré live avec un Fleetwood plus discret, contient un arrangement de cuivres inédit, différent de celui d'un "Tusk" par sa solennité. Une ballade sombre et épique quelque peu déroutante, pas le genre de ce que BUCKINGHAM fait de mieux, pas de cette façon en tout cas.

Pour ne pas qu'elle se sente trop seule, on a adjoint à la version iTunes d'Under the Skin une version live de "Go Your Own Way", tube parmi les tubes, plus ralentie et adaptée à l'âge du guitariste (57 ans alors), mais très chouette. Juste un petit coup de pouce à un album que la maison de disques a refusé de défendre, et pour cause. D'un autre côté, malgré le génie de BUCKINGHAM, l'envie d'offrir une oeuvre décalée et viscérale, il n'y a point trop ici de quoi inciter à revenir.