Après avoir scindé en deux sa discographie en un versant progressif (HELDON) et un versant électronique, Richard PINHAS en opère la synthèse avec son quatrième album East West (1980), un album-concept, recueil d’impressions musicales de différentes métropoles à travers le monde. Pour l’heure, il ne s’agit pas réellement d’une fusion des deux styles mais d’un télescopage, avec à l’arrivée un album hétéroclite et inégal qui a des chances de rester comme le parent pauvre de la première partie de carrière (?) de Richard PINHAS.

East West voit d’abord une modernisation de l’arsenal électronique de Richard PINHAS, marquant en premier lieu l’arrivée des séquenceurs numériques E-Mu et PPG, permettant la création de motifs limpides et élaborés. Seulement, à part le très beau "Kyoto Number 3", le résultat n’est pas très emballant. "Sense Of Doubt", reprise de David BOWIE (de son album berlinois Heroes, tiens tiens), est loin d’égaler l’original, "Ruitor" et la chanson "West Side" s’écoutent sans changer la face du monde, et "Beautiful May" est une ballade béate, exagérément longue (sept minutes) et véritablement plombante, que l’on s’empresse d’oublier.
Nous leurs préférons, malgré l’absence des programmations musicales sus-mentionnées, "La Ville Sans Nom" d’une touchante mélancolie et aux arrangements de toute beauté signés Georges GRÜNBLATT, ainsi que le planant "The Whale Dance", data d’ailleurs de 1979, d’où des sonorités plus crues pour un contraste réussi.

Pourtant, c’est bel et bien HELDON au grand complet que l’on retrouve sur les deux parties de "Houston 69 : The Crash Landing", accompagné derrière le micro par l’écrivain américain Norman Spinrad, ami de Richard PINHAS. Il s’agit de l’ultime enregistrement du HELDON original, enregistré en juin 1979, juste avant le split du groupe, et complété avec Norman Spinrad en mai 1980. Vous souvenez-vous de "Stand By" sur l’album éponyme? "Houston 69 : The Crash Landing" est de la même trempe, mais encore plus intense et puissant. Ça donne une idée de la chose. La rythmique est impériale, les guitares incandescentes, Norman Spinrad assure au chant vocoderisé, le balafon fait son retour (hélas trop bref) sur la seconde partie. Une grande réussite. East West ne réussit pas vraiment la rencontre des facettes rock et électronique de Richard PINHAS, mais d’un côté comme de l’autre nous offre quelques fort beaux moments.

Avant de conclure, touchons quelques mots des rééditions successices de cet album. Le back-catalogue de Richard PINHAS est sur ce plan assez bordélique, avec moult pistes bonus apparaissant et disparaissant aléatoirement. Nous sommes particulièrement gâtés avec East-West. L’édition de Spalax de 1994 contient cinq extraits d’un concert à la salle Bobino à Paris en 1982, pour la plupart des versions de morceaux de l’album L’Éthique (1982), avec Patrick Gauthier aux synthétiseurs, Bernard Paganotti à la basse et Clément Bailly à la batterie. Un bonus conséquent, valant surtout pour cette longue interprétation de "The Western Wail" (déjà excellent en version studio), ainsi que les inédits "Polywaves Intermed" et "1992, Iceland : The Fall" (qui sera plus tard réenregistré et intégré à l’album DWW en 1992). Dommage cependant que le son soit si médiocre. Ce même bonus figure également sur les éditions Cuneiform Records de l’album Rhizosphère (1977).
Et ce n’est pas tout. La réédition de 2005 par Cuneiform Records contient deux morceaux cumulant un quart d’heure, "La Vérité Est Blanche" et "Ha Haari", non indiqués sur la pochette, et on se demande bien ce qu’ils fichent là puisqu’ils ont été enregistrés bien après, s’agissant vraisemblablement de chutes du projet SCHIZOTROPE (1999-2001) avec Maurice G. Dantec. Un joyeux binz, vous dis-je.