Iceland est l’exact opposé de Stand By. Après le grand chambardement du dernier (véritable) album de HELDON, voici une musique sinistre, presque à l’agonie. La pochette est une fois de plus fort éloquente.

La première face est sans conteste l’un des moments forts de Richard PINHAS en solo. Les trois accords de "Iceland, Part 1" donnent le ton. Suivent les parties 2 et 3, séparées par "The Last King Of Thule, Part 1". Ces deux mouvements exposent des traitement fort différents d’un même thème. Le titre ne trompe pas : cette mélodie est relativement simple mais prend tout son sens dans la lenteur et la froideur. "Iceland, Part 2" est une longue marche à sept temps dans un paysage sombre et gelé, tout l’inverse de l’intense "Bolero" sur Stand By. Sur "Iceland, Part 3", l’engourdissement nous gagne, l’hypothermie menace. Dans les deux cas, un souffle mécanique d’outre-tombe fait son apparition en cours de route.

Les trois morceaux suivants souffrent de la comparaison avec "Iceland". Si "The Last King Of Thule, Part 1" est suffisamment bref et idéalement placé au milieu de "Iceland", ces rythmiques et guitares finissent par lasser sur les six minutes de la partie 2. Laquelle est encadrée par "Indicatif Radio" et "Short Transition", de courts jeux de séquenceurs pas désagréables mais ne prenant pas vraiment sens dans la structure de l’album. Il manque quelque chose. Cette seconde face serait anecdotique sans "Greenland" qui, contre toute attente, revient vers des terres plus hospitalières avec sa mélodie triste mais curieusement chaleureuse. Ce n’est pas du HELDON, contrairement à "Paul Atreides" (1976) ou "Houston 69 : The Crash Landing" (1980), mais l’intervention de Jean-Philippe GOUDE au synthétiseur solo et de François AUGER aux cymbales et vibraphone sont fort judicieuses.

Le bonus "Wintermusic", enregistré en 1983, s’accorde parfaitement avec l’album original. Près de vingt-cinq minutes d’ambient minéral qui se rattache autant à Brian ENO qu’à Music On A Long Thin Wire (1980) d’Alvin LUCIER. Les pistes bonus sont souvent malvenues car succédant directement au fin mot de l’album original, mais "Wintermusic" ne me donne pas cette impression, sans doute du fait de son caractère ambiant.
Iceland est un des plus déroutants albums de Richard PINHAS, mais, trop déséquilibré, pénalisé par un "Last King Of Thule, Part 2" peu pertinent, certainement pas l’un des meilleurs.

3 ½ sur 5