Recherche avancée       Liste groupes



      
MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1977 Rhizosphère
1978 Chronolyse
1979 Iceland
1980 East West
1982 L’Éthique
1992 Dww

COMPILATIONS

1983 Perspective
 

- Membre : Pascal Comelade
- Style + Membre : Heldon, Video Liszt

Richard PINHAS - Dww (1992)
Par NANAR le 30 Avril 2024          Consultée 336 fois

Derrière cette splendide pochette signée Philippe Druillet, se cache l’album du come-back de Richard PINHAS. Come-back… ou presque : encouragé par le succès des rééditions par Spalax et Cuneiform de ses anciens albums, Richard PINHAS se décide à publier cette collection de morceaux enregistrés en dilettante entre 1983 et 1991, alors qu’il avait cessé toute activité discographique pour se recentrer sur l’approfondissement de ses études philosophiques (il suivit les cours de Gilles Deleuze de 1980 à 1987) et se consacrer aux sports d’hiver.

Dès 1982, à la suite de L’Éthique, Richard PINHAS annonça en interview s’atteler à un projet de sixième album solo dont le titre provisoire était Sein Und Zeit : The Rise And Fall Of Joe Chip. Quelques morceaux furent ébauchés, dont "Ballade Pour Frédéric Magnus" et "Joe Chip Meets K.B." publié sur l’album collectif Paris - Tokyo de 1983, mais Richard PINHAS, se sentant à court d’inspiration, décida d’arrêter les frais. Pour les autres morceaux, nous ne pouvons que conjecturer sur les dates d’enregistrement. Si "Ubik" et "A Piece Called Lulu (The Loo)" ressemblent assez au son de L’Éthique, ça ne me semble pas être le cas de "1992, Iceland: The Fall", avec ces émulations de cordes et timbales, et autres effets sonores plus modernes.

Quoi qu’il en soit, DWW se place dans la continuité du précédent album, tant sur la forme (thèmes récurrents, line-up) que sur le fond. "Ubik", co-écrit par Jean-Philippe GOUDE, succède directement à "L’Éthique" et "The Western Wall" de par son leitmotiv aux arrangements évolutifs. On y retrouve les rythmiques robotiques du premier et le caractère lancinant du second, pour un résultat plutôt satisfaisant quoiqu’un peu trop monolithique. "A Piece For Lulu (The Loo)", intitulé en hommage à l’actrice américaine Louise Brooks et au film Loulou (1929) de Georg Wilhelm Pabst où elle tient le rôle-titre, est nettement plus détonant; il s’agit d’une synth-pop enlevée aux faux airs radiophoniques. Patrick GAUTHIER s’en donne à cœur joie au Mini-Moog.
"Ballade Pour Frédéric Magnus" est une composition de Patrick GAUTHIER qui fait suite à son premier album solo Bébé Godzilla (1981). Bien que d’un caractère très romantique, ce morceau évite la redondance de "Beautiful May" (1980), et se montre riche d’idées mélodiques et instrumentales, à tel point qu’il semble trop compacté, à l’inverse de "Ubik". Il n’est dès lors guère étonnant que Patrick GAUTHIER ait remanié cette composition sous le titre "Sur Les Flots Verticaux" pour l’album éponyme (1993).

Cependant, l’électro-rock mélodique est ici juxtaposé, certes de manière un peu abrupte, à un registre tout à fait nouveau chez Richard PINHAS, et restant inédit encore. Ainsi "The Joe Chip Song" est-il arrangé par Jean-Philippe GOUDE pour un quatuor à cordes, celui-ci s’étant, après ses albums progressifs des années 1970/80, dirigé vers la musique classique, avec en premier lieu De Anima publié en 1992. Si l’ascendance minimaliste américaine de la musique de Richard PINHAS était évidente dès Chronolyse (1976/1978), sur "The Joe Chip Song" elle prend une autre dimension, mélancolique, où Philip GLASS prend le pas sur Steve REICH et David BORDEN.
Sur quatre mouvements d’une durée croissante, Richard PINHAS développe une simple mais belle mélodie, en mode majeur mais fort triste. Les deux premiers mouvements font figure d’exposition initiales, le deuxième étant d’ailleurs une version de "Joe Chip Meets K.B." où le piano est remplacé par de discrètes nappes électroniques − il est alors probable que les pistes acoustiques aient été enregistrées en 1982/83 pour le projet de sixième album, avant d’être ultérieurement complétées aux synthétiseurs. Le troisième mouvement fait varier la nomenclature, et le quatrième introduit une superbe variation mélodique et des évolutions instrumentales bienvenues, dosant par paliers le ratio entre les synthétiseurs et le quatuor. Cette composition est à double tranchant : soit on s’y plonge véritablement, soit on reste ennuyé, sur le carreau. Il faudra certainement s’y prendre à plusieurs fois avant d’en prendre la pleine mesure.

"1992, Iceland : The Fall" enfin, joué en concert en 1982, est la séquelle de la suite "Iceland" (1979) et le morceau-phare du présent album. On y entend le retour des samples de Gilles Deleuze après "L’Éthique" (1982). Si "1992, Iceland : The Fall" développe le thème de "Iceland" de manière moins sinistre, les arrangements orchestraux ne sont pas moins froids et insufflent à l’ensemble un certain fatalisme. La rythmique de "Iceland, Part 2" est revisitée en ternaire et l’orchestration progresse en crescendo jusqu’à un impressionnant climax.

DWW est autant un recueil d’archives qu’un moyen pour Richard PINHAS de repartir d’un bon pied. C’est un album curieusement laissé de côté lors des récentes vagues de rééditions (SouffleContinu Records, Bureau B et j’en passe) alors qu’il contient une poignée de sacrées perles.
C’est aussi le début d’un fructueux partenariat de près de vingt ans avec Cuneiform Records, bien que Richard PINHAS publiera également sur d’autres labels. Son album suivant, Cyborg Sally, amorce une nouvelle phase créative, basée sur le traitement informatique des guitares.

3 ½ sur 5 poussé à 4 pour mettre en valeur cet album particulièrement sous-estimé.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par NANAR :


Richard PINHAS
Chronolyse (1978)
Voyage entre deux mondes




ROCKETS
Plasteroïd (1979)
Croisière à bord des glaçons intergalactiques


Marquez et partagez





 
   NANAR

 
  N/A



- Richard Pinhas (synthétiseurs et séquenceurs, guitare sur 2 et 6)
- Patrick Gauthier (synthétiseurs sur 4, 6, 8, piano et batterie sur 6)
- Alain Bellaïche (synthé guitare sur 6)
- Bernard Paganotti (basse sur 6)
- Jean-philippe Goude (programmat° sur 2, rythmique sur 2 et 4, orchestra)
- The Paris Opera String Quartet (cordes sur 3, 5, 7, 9)
- Jean-louis Rizet (ingénieur du son sur 1, 8, 10)


1. 1992, Iceland: The Fall (intro)
2. Ubik
3. The Joe Chip Song, Part 1
4. A Piece Called Lulu (the Loo)
5. The Joe Chip Song, Part 2
6. Ballade Pour Frederic Magnus
7. The Joe Chip Song, Part 3
8. 1992, Iceland: The Fall
9. The Joe Chip Song, Part 4
10. 1992, Iceland: The Fall (outro)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod